L’ego du maçon, une entrave à l’idéal maçonnique est le fruit d’un travail en commun de la Loge Apollonius de Tyane (Grand Orient de Suisse) que je tenais à partager avec vous car trop souvent on constate tant dans le temple qu’à l’extérieur ce sont les égos qui s’affrontent…
L’idéal maçonnique c’est altruisme et non l’égo !
« Ce thème énonce un propos et sa résolution dans son énonciation. Doit-on simplement confirmer cette affirmation ou au contraire la contredire?
Le terme Ego est un substantif tiré du pronom personnel latin ego («moi»). Il désigne généralement la représentation ou l’idée qu’on se fait de soi et la conscience que l’on a de soi-même. Les particularités du Moi peuvent être classifiées en deux catégories:
Un « MOI FAIBLE » qui reste craintif devant les pulsions inconscientes. Il cherche sans cesse à se protéger contre elles, en les refoulant.
Un « MOI FORT » qui s’adapte facilement aux diverses circonstances de la vie, il dispose de multiples possibilités de résonance. Il n’est pas figé, il n’est pas stéréotypé, il n’est pas corrodé par les refoulements, les complexes, les inhibitions, les angoisses, les culpabilités.
L’homme sous l’emprise de l’ego ne pense qu’à lui, mais veut aussi que tout le monde pense à lui. Il a tendance à faire de lui, le centre de l’univers, les autres n’existant que pour servir ses intérêts.
On peut se demander si la formule «L’ego du maçon, une entrave à l’idéal maçonnique» ne renvoie pas à l’interprétation spirituelle de l’ego. De même que les expériences spirituelles ou spiritualistes libèrent de l’ego qui entrave le développement de la personnalité, la FM en tant que mouvement spirituel serait le moyen de libérer le maçon de son ego pour lui permettre d’accéder à une vraie connaissance de lui.
Pour surpasser notre ego, il est important d’écarter toute velléité de prétention et de vanité. Il importe de vaincre le superficiel et le paraître en se penchant plus à fonds sur ce que nous sommes réellement, assimiler le « connais-toi toi-même ». Mais en tant que groupe humain, il nous faut savoir exploiter et polir le génie résidant dans les variantes et riches archétypes des caractères des uns et des autres car sans un minimum d’ego, on risque de perdre l’imagination créatrice, critère indispensable pour la réalisation de tout projet, de tout rêve et de toute ambition, fusse-t-elle collective. De plus, il est à craindre que si l’on pouvait bannir l’ego, plusieurs nobles causes n’auraient bientôt plus de serviteurs, ou, à tout le moins, ils seraient bien peu nombreux à les défendre.
On peut constater que l’ego est une entrave à beaucoup de causes, de l’humanitaire aux pacifistes sans oublier les thèses écologistes très à la mode, mais à voir les défenseurs de ses nobles causes, on perçoit souvent derrière ces étendards d’idéaux les plus divers, des monceaux, pour ne pas dire parfois, des monstres d’égoïsme.
Dès lors, la thématique pourrait se déplacer vers celle-ci: comment servir un idéal, une noble cause sans ego, sans faire preuve d’égoïsme?
Nous Considérons que ce qui constitue une entrave au développement de la personnalité, et par extension, ce qui constitue une entrave à l’idéal maçonnique ce n’est pas l’ego en tant que tel, la personnalité de chacun, mais plutôt le faux self, l’ego dévoyé, cet ego souvent surdimensionné mais parfois aussi sous-dimensionné. Les fausses perceptions que nous avons de nous-mêmes, l’image disproportionnée de nous-mêmes, de nos capacités, la représentation surdimensionnée de notre personne sont autant de facteurs de dévoiement.
C’est de cela qu’il faut se débarrasser. La FM peut nous y aider pour les différents moyens qu’elle offre. Le travail maçonnique ne consiste pas à renoncer à ce que nous sommes, mais plutôt à travailler sur nos défauts afin qu’ils ne deviennent pas une entrave à l’idéal maçonnique.
Malheureusement, très souvent, par manque de réflexion et d’introspection honnêtes , et peut-être par défaut de courage, on a tendance à imposer son égo à sa pensée, et, à tenter de concilier la pensée maçonnique et son ego, faussant ainsi le processus maçonnique.
Afin que l’idéal maçonnique ne soit pas entravé, le Maçon devrait impérativement abandonner son ego , partie intégrante de ses métaux, à la porte du temple et penser davantage aux autres , ce en privilégiant l’intérêt collectif en faisant fusionner les énergies individuelles. Comme le disaient certains Frères lors d’une réflexion sur l’égrégore, les objectifs communs sont des éléments qui doivent permettre de sortir de soi pour aller vers les autres et que « seul, on ne peut rien, ensemble on peut tout».
Toutefois, si l’ego est une entrave à l’idéal maçonnique, il ne présenterait pas trop d’entraves à l’action maçonnique, tout au plus un peu d’ombre. Toute association de personnes doit compter avec quelques maillons faibles, sans pour autant que les valeurs fondamentales et les idéaux disparaissent. Construire son être intérieur accorde peu de place à l’ego, à l’égoïsme, car on ne se construit réellement qu’avec ses frères et c’est à travers eux que nous puisons nos aspirations et la force qui nous permettent d’avancer, à la fois seul et ensemble, vers notre idéal. Nul se proclame F M , les FF vous reconnaissent pour tel!
La FM, la pensée symbolique servent à la recherche du moi véritable à travers la réflexion, la méditation, l’introspection. De par cette recherche on essaye de rapprocher le plus possible son ego de son moi véritable. Moi véritable que sa vie durant le franc-maçon essaye d’approcher dans sa quête initiatique.
La franc-maçonnerie n’est pas une religion ou se retrouvent de dociles moutons de panurge, construisant ou rêvant à une destinée commune. Elle se veut le creuset d’un choc d’idées, d’un combat permanent entre la lumière et les ténèbres, un lieu de débat et de conciliation des contraires, une école d’ouverture d’esprit, d’humilité et de persévérance vers le mieux ETRE et le mieux SAVOIR. Ainsi, si les joutes oratoires peuvent favoriser la connaissance et l’émulation entre les frères, tous en seront bénéficiaires, mais si elles franchissent le cap de la quérulence, les FF\ se trouvent confrontés à une exhibition d’ego querelleurs. Dans ces cas là, il semble préférable de se fondre dans le silence de l’apprenti plutôt que de vouloir exprimer son point de vue, que les autres frères n’écouteront pas, car lorsque la passion fonde le dialogue, la raison en est absente.
Et c’est sans doute un des buts de cette épreuve du silence qui est une des épreuves primordiales de l’initiation. Une faculté de se libérer des scories de l’ego afin de paraître alors en loge en être véritablement équilibré et libre et d’agir alors au mieux de l’intérêt de l’atelier, non par fatuité mais par amour fraternel.
L’assiduité, le travail régulier, organisé, méthodique, s’appuyant sur les outils maçonniques et respectueux du rituel, sont les moyens par lequel le franc-maçon peut se libérer de ces entraves et faire des progrès en Maçonnerie en se construisant lui-même et en vivant de manière constructive, responsable et harmonieuse avec ses semblables. Car vivre en harmonie en soi et autour de soi c’est aussi tendre vers l’idéal maçonnique.
Cependant, la soumission volontaire à un idéal provoque l’écartèlement entre responsabilité individuelle et conscience collective ou holistique. L’homme et le frère à fortiori, est toujours partagé entre ces deux pôles opposés depuis l’apparition et surtout l’affirmation de la conscience individuelle. Annihiler cette dernière au prétexte de lutter contre l’ego serait un grand pas en arrière pour l’humanité et un pas fatal pour la Franc-maçonnerie libérale. Seul, le choix de la conscience peut conduire à l’adoption d’un idéal, mais pas à une soumission aveugle à celui-ci.
En conclusion, les comportements égotistes, issus d’un ego démesuré, supports de l’égoïsme primaire de l’homme renfermé sur lui même et sur ses convictions et peu soucieux de l’amour de son prochain et de l’autre sont un frein, un obstacle au progrès de l’humanité et constituent pour les frères d’Apollonius de Tyane une entrave réelle à l’ idéal maçonnique.
Mais la méthode maçonnique, bien comprise , permet de ne pas éteindre la flamme de l’espérance , et encourage le maçon assidu et laborieux à toujours aller plus loin en s’efforçant avec tolérance de répandre toujours plus de lumière dans sa quête de perfection. »
La grande connaissance se fait dans la grande humilité.
FRATERNITE