« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose. »
Ainsi commence la Table d’Émeraude, fragment de sagesse hermétique, transmis de l’Antique au Moderne, de l’alchimiste au Maçon. Ce texte bref, mais infini dans ses strates, est le sceau d’une vérité universelle : l’unité de l’être, du monde et du divin.

« Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable : ce qui est en bas est comme ce qui est en haut… »
Avant que les temples ne soient bâtis de main d’homme, avant même que la lumière ne se sépare des ténèbres, il y eut un Verbe. Ce Verbe, gravé dans l’émeraude, repose comme un joyau au cœur de la Tradition Primordiale. La Table d’Émeraude, héritée des Sages d’Hermès, n’est ni un texte, ni un secret : elle est la Loi de l’Unité, codée dans le silence des symboles.
À chaque ouverture de nos Travaux, à chaque pas entre les colonnes, à chaque battement du maillet sur la pierre, nous marchons vers ce mystère. Car ce qui est en bas – notre monde, notre chair, nos doutes – reflète ce qui est en haut – l’Idéal, l’Esprit, la Lumière. L’Œuvre alchimique du Maçon ne consiste pas à fuir la matière, mais à l’ennoblir, à y faire naître l’étincelle divine.
La Table d’Émeraude ne parle pas au profane. Elle murmure à l’initié, celui qui a franchi le seuil du Temple intérieur. Elle enseigne sans mot, par analogie, par correspondance. Le plomb de nos passions, nos ignorances et nos peurs, n’est que la gangue de l’or philosophique. Il ne s’agit pas de transformer le monde, mais de nous transformer, et par là, réaccorder l’univers.
Lorsque le Maçon dresse son Temple, il suit le plan du Grand Architecte. Son compas n’est pas outil : il est principe. Son équerre n’est pas mesure : elle est justice. Il trace en silence la croix hermétique, union de l’horizontal et du vertical. Il devient le trait d’union entre l’homme et Dieu.
La Table d’Émeraude nous rappelle que tout est Un. Que la Lumière est cachée dans l’ombre, que l’Esprit habite la matière, que le chaos est le creuset du cosmos. Elle est le miroir de notre quête. Non pas une vérité à croire, mais une vérité à vivre.
Et lorsque le Maçon, à la fin de ses Travaux, referme son compas et éteint les Lumières, il sait que ce n’est pas la fin : c’est la descente dans le four alchimique de son être. Car l’Œuvre est sans fin, et la Table n’est jamais refermée.
C.M.L.