Washington, D.C., octobre 2025 — Après plusieurs années d’absence, la statue en bronze d’Albert Pike, figure majeure du Rite Écossais Ancien et Accepté, est de nouveau visible sur Judiciary Square. Renversée et incendiée en juin 2020 lors des manifestations liées à la mort de George Floyd, elle a été restaurée par le National Park Service (NPS) et remise en place dans le cadre d’un programme fédéral de réhabilitation du patrimoine monumental de la capitale.

Dans un communiqué officiel, le NPS précise que cette action s’inscrit dans les obligations de préservation historique et dans les directives présidentielles visant à « restaurer les statues préexistantes et embellir la capitale nationale ».
Une statue liée à l’histoire du Rite Écossais
Installée en 1901, la statue d’Albert Pike se trouve en face du siège du Conseil Suprême du REAA – Juridiction Sud, le bâtiment où Pike vécut et travailla pendant de nombreuses années. Elle fut érigée en hommage à :
- son érudition,
- sa direction du Rite Écossais,
- son rôle dans la construction intellectuelle et symbolique de la franc-maçonnerie nord-américaine.
La sculpture le représente debout, tenant son ouvrage majeur Morales et Dogmes, véritable traité philosophique et initiatique.
Une statue longtemps au cœur de polémiques
La figure de Pike a souvent été utilisée dans les débats sur l’héritage de la guerre de Sécession. Son court passage comme général confédéré a nourri des discours simplificateurs ou militants.
Pourtant :
- Il y fut contraint plutôt que volontaire,
- Il démissionna lorsqu’il condamna les violences perpétrées par des troupes indiennes sous ses ordres,
- Son œuvre maçonnique, littéraire et philosophique demeure l’élément central de son héritage.
Quant aux accusations l’associant à la création du Ku Klux Klan, elles n’ont jamais été prouvées. Les rituels du KKK ne présentent aucune parenté avec ceux du Rite Écossais qu’il codifia.
« Un vainqueur des rivalités pacifiques »
Déjà en 1901, lors de l’inauguration, H. B. F. McFarland, président de la Commission fédérale du District de Columbia, insistait :
« Bien qu’Albert Pike ait été soldat pendant la guerre de Sécession, cette statue le commémorera comme un vainqueur des honorables rivalités de la paix. »
Une lecture qui redevient essentielle dans le contexte actuel.
Une restauration qui invite à réfléchir
La remise en place de la statue ne ferme pas le débat :
elle rappelle simplement qu’un homme n’est jamais réductible à un seul chapitre de sa vie.
Elle ouvre la voie :
- à une mémoire nuancée,
- à une histoire assumée,
- et à une lecture plus humaine, donc plus juste.
Le retour de la statue d’Albert Pike à Washington n’est pas l’expression d’un retour en arrière, mais la reconnaissance d’une figure intellectuelle majeure de la franc-maçonnerie.
Le symbole est clair : l’œuvre survit aux controverses, et l’homme se juge dans sa globalité.



