Chevalerie de la Treille, Ordre de Méduse, Ordre de la Grappe, Ordre de la Boisson, Ordre de la Félicité, Ordre de Noé, Ordre du Moment, Sublime Société des Biftecks, Société des Agathopèdes ou Bons Enfants… Autant de sociétés badines, épicuriennes, nées en même temps que la franc-maçonnerie. Quelques-unes la préfiguraient, certaines la parodiaient, d’autres la complétaient : toutes comportaient une initiation, un rituel, et pouvaient sous des dehors bouffons constituer des cercles de sociabilité au sein desquels la parole était libre et l’égalité de règle.
Sociétés secrètes & gastronomie – À la découvertes des chevaliers de l’estomac
de Bruno FULIGNI – DERVY Editions – Janvier 2025
Simples confréries gastronomiques ou vraies sociétés initiatiques ? Leurs constitutions visaient à cultiver le plaisir, sous ses formes les plus variées, dans l’ambition de ne pas séparer le matériel du spirituel. Ces compagnonnages hédonistes ont forgé une chaîne invisible qui se prolonge aujourd’hui à travers les très fermés Club des Cent, Club des Cinquante et Club des Vingt.
Sur trois siècles et demi, Bruno Fuligni a mené l’enquête en humaniste, sur les traces des truculents » chevaliers de l’estomac « .
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Bruno Fuligni nous convie à un festin littéraire savoureux. Ce voyage à travers les siècles, au cœur de sociétés badines et épicuriennes, révèle un univers où plaisirs de la table et initiation symbolique se mêlent subtilement. Ces fraternités – Chevalerie de la Treille, Ordre de Noé, Société des Agathopèdes – apparaissent comme des microcosmes initiatiques, où rituel et joie de vivre coexistent. L’auteur montre comment ces cercles égalitaires, libres de parole, éclairent une quête maçonnique liant spirituel et terrestre.
Fuligni excelle à retracer leur évolution, des confréries du XVIe siècle aux clubs modernes comme le Club des Cent, enrichissant son récit de documents rares : statuts, rituels, et paroles symboliques (« Vive Bacchus et ses enfants ! »). Il explore aussi les variantes nationales, révélant avec humour la créativité de ces sociétés, avec leur appellation telle la « Ménagerie » et ses « Cages ». Cette analyse cosmopolite expose leurs interactions avec la franc-maçonnerie – influences, parodies et critiques.
Un regret : l’absence de menus rares illustrant ces banquets, pourtant compensée par une brillante analyse de leur symbolisme. Le tableau Le Déjeuner d’huîtres de Jean-François de Troy en couverture illustre magnifiquement cet art de la table.
Essayiste et haut fonctionnaire, Bruno Fuligni, diplômé de Sciences Po, mène une réflexion sur les marges de la société… Les banquets devennant des espaces de partage et de transformation. Une lecture rare pour amateurs de gastronomie et curieux d’humanité. Comme les chevaliers de la Treille le disent si bien : « Le savoir et le vin sont faits pour être partagés ! »