
Une tribune de Daniel Menschaert, Grand Maître national de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit Humain – Fédération belge
En 1938, des membres de mon obédience maçonnique écrivaient « Partons au combat. N’est-ce pas un crime de se taire ? » C’est d’une incroyable actualité. Le basculement actuel dans l’ère de la post-vérité est terrifiant. La culture invite à la compréhension d’autrui, favorise la tolérance, questionne la société et émancipe chaque être humain. Il faut la sauver !
- Source : Site La Libre.be – « Le Franc-maçon que je suis ne peut se taire aujourd’hui : il faut sauver la culture«
En 1931, la présidente de la Loge Égalité du Droit Humain belge déposait un rapport intitulé « Au secours de l’humanité, tout de suite et comment ». Elle y soulignait les signes avant-coureurs de menaces graves pour la paix et l’harmonie sociale : la crise économique, les malaises politiques, l’apparition des dictatures, la chute du sens moral et le mépris des intellectuels. En 1938, des membres de mon obédience maçonnique Le Droit Humain publièrent un périodique destiné au public. On y lisait : « Partons au combat. N’est-ce pas un crime de se taire ? » C’est d’une incroyable actualité. Incroyable parce que nous pensions que cela ne se reproduirait plus. Et pourtant !
Le Franc-maçon que je suis peut-il aujourd’hui se taire ? Je pense que non et c’est la raison de cette carte blanche personnelle. Et je rejoins, je le sais, bien d’autres démocrates de philosophies différentes de la mienne. Nous quittons chaque jour davantage un monde dont les règles presque communément acceptées nous promettaient toujours plus d’égalité, de sécurité, de dignité, de paix. Et cela, parce que nous disposions de cadres conventionnels, réglementaires, juridiques qui protégeaient le respect de valeurs reposant sur une vision Humaniste de la civilisation. Rien n’était simple mais le soutien à de multiples associations de la société civile et l’outil d’émancipation des hommes et des femmes que sont les politiques culturelles et d’éducation nous aidait à progresser.
Ring de boxe
Mais, voilà que tout semble s’écrouler. Oh, les causes sont nombreuses et les responsabilités largement partagées mais le constat est là et on ne peut rester muets. Nous en sommes arrivés au point où le mot « guerre » n’est plus réservé au domaine militaire mais qu’il trouve une place là où on ne l’attendait pas, à propos de la Culture. Nous croyions qu’il s’agissait d’un bien commun et bien non, certains nous martèlent aujourd’hui qu’il y a une culture de gauche et donc une culture de droite, soit, mais surtout que leurs valeurs civilisationnelles sont à ce point différentes qu’elles s’opposent, qu’elles n’ont rien en commun. Elles sont ennemies, et il ne s’agit plus de rassembler mais de s’affronter, de vaincre, d’éradiquer celles de l’ennemi. Naïvement, je pensais que notre société était arrivée à un état de maturité démocratique où, non seulement les différences de point de vue pouvaient coexister mais surtout où un grand nombre de valeurs étaient communes.
dommage de ne pas avoir accès à la totalité de l’intervention