MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
Chronique 429
1879 – La Grande Loge Symbolique

Depuis la fin de l’Empire et l’avènement de la IIIe République, en 1870, un vent de fronde prévaut au sein des loges symboliques administrées par le Suprême Conseil de France.
Celui-ci atteint son point culminant au lendemain du Convent de Lausanne (1875), redéfinissant les bases et réorganisant la pratique du Rite écossais ancien et accepté. Nombreux sont alors les maçons écossais à se plaindre de l’intransigeance de la juridiction et de l’obligation d’avoir à maçonner à la gloire d’un Grand Architecte de l’Univers contraire aux progrès scientifiques.
En août 1879 est créé un Comité d’initiative regroupant les dignitaires de vingt-deux loges hostiles à l’oligarchie.
Trois mois plus tard, celui-ci laisse la place à une nouvelle obédience, fondée sous le nom de Grande Loge Symbolique Écossaise (GLSE) ; qui reçoit en février 1880 l’autorisation de s’installer du ministre de l’Intérieur et des Cultes.
À sa création, la GLSE fédère une douzaine de loges, dont la moitié siégeant à l’orient de Paris.
Trois ans plus tard, elle en gère une quarantaine, rassemblant quelque 1450 membres, tandis que les effectifs du Grand Orient de France sont de 13 000 frères, et ceux du Suprême Conseil de France de l’ordre de 3 500.
À relever, dans la constitution de la nouvelle obédience écossaise, cette déclaration de principes :
« La Franc-Maçonnerie a pour base la solidarité humaine.
« En toute circonstance, les maçons se doivent aide, protection et assistance même au péril de leur vie.
« Le franc-maçon doit toujours se souvenir que tout homme, même non maçon, est son frère.
« La Franc-Maçonnerie a pour but le perfectionnement moral de l’humanité, pour moyens l’amélioration constante de sa situation matérielle et intellectuelle. »
La Grande Loge Symbolique Écossaise fusionnera en août 1896 avec la Grande Loge de France, formée par les loges symboliques autonomes issues de la juridiction du Suprême Conseil ; mais il subsistera, jusqu’au début du XXe siècle, une GLSE « maintenue » attachée aux principes de l’indépendance symbolique et de la mixité.
Un atelier de la Grande Loge Symbolique marquera à ce propos, plus que tout autre, la courte existence de l’obédience.
Nous voulons parler ici de la loge Les Libres Penseurs, à l’orient du Pecq – proche de Saint-Germain-en-Laye.
Connue pour ses actions et ses conférences en faveur de « l’amélioration du sort de la femme», Maria Deraismes y présentera, en effet, sa candidature à l’initiation, en novembre 1881 – après avoir été refusée au Grand Orient de France.
La GLSE se montrant hostile à toute initiation féminine, la loge du Pecq décidera de se retirer temporairement de l’obédience à seule fin de réaliser une initiation féminine.
En 1896 donc, la majeure partie des loges de la GLSE s’unit aux loges de la Grande Loge de France.
En 1898, la GLSE maintenue, qui ne compte plus alors que quatre loges, décide de recevoir les femmes à ses travaux.
Mais en 1911, le dernier atelier de l’obédience encore en activité, la Loge Diderot, se séparera de ses sœurs pour rejoindre les rangs de la Grande Loge de France.
Ont été présidents de la GLSE, les frères Georges Martin (fondateur du DH) et Gustave Mesureur (futur grand maître de la GLDF).
Ont été initiées par la GLSE maintenue, les sœurs Madeleine Pelletier et Louise Michel. Ont encore été membres de l’obédience Oswald Wirth (écrivain), et Camille Savoire (rénovateur du Rite écossais rectifié).
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En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
© Guy Chassagnard – Auteur de :
- Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016),
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- La Chronologie de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019),
- Les Annales de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019)
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