La Franc-Maçonnerie se définit comme une communauté d’hommes libres et de bonnes mœurs. Cette formule, répétée depuis des siècles, semble aller de soi — mais que signifie réellement être libre ? Et surtout, comment cette liberté se manifeste-t-elle dans l’un des moments les plus symboliques de la vie maçonnique : l’Enquête ?
LA LIBERTÉ, PLUS QU’UNE CONDITION : UNE CONQUÊTE
Être libre n’est pas une situation, c’est un état d’esprit.
On peut être enfermé entre quatre murs et demeurer libre de pensée ; on peut, à l’inverse, disposer de tous les droits et se sentir prisonnier de soi-même.
La liberté n’est pas extérieure, elle est intérieure : elle naît de la capacité à embrasser la complexité du monde sans la réduire à une seule couleur.
Être libre, c’est voir l’Univers tout entier d’un seul regard, percevoir à la fois le rouge et le vert, le feu et l’eau, le Soleil et la Lune, l’ombre et la lumière.
C’est reconnaître en l’autre non pas une différence menaçante, mais une part de l’Unité à laquelle nous appartenons.
La liberté maçonnique, ainsi comprise, n’est pas un droit acquis : c’est un travail permanent de dépassement, une lutte contre les préjugés, les appartenances étroites et les frontières mentales.
L’ENQUÊTE : UN MIROIR DE NOTRE PROPRE LIBERTÉ
L’Enquête n’est pas un examen administratif, ni une vérification d’identité morale.
C’est un acte initiatique : celui par lequel le Maçon évalue si l’homme profane possède en lui la graine de la liberté — ou, du moins, la capacité de la faire croître.

Être libre ne signifie pas être parfait, ni instruit, ni semblable à nous.
C’est pouvoir penser sans chaînes, sentir sans préjugés, parler sans haine.
L’enquête maçonnique ne cherche donc pas un candidat conforme, mais un être ouvert à l’universel, apte à embrasser le monde d’un seul regard.
Qu’importe qu’il soit boiteux, riche ou pauvre, croyant ou non, qu’il vote bleu, rouge ou orange — ce qui compte, c’est qu’il soit capable de reconnaître en chaque couleur la lumière d’une même flamme.
LA FRANC-MAÇONNERIE, UN UNIVERS SANS FRONTIÈRES
La Maçonnerie ne connaît ni murs, ni partis, ni clubs, ni frontières.
Elle est, par essence, un espace de libération.
Le Maçon y apprend à se défaire des catégories qui séparent, pour contempler l’Unité qui relie.
Et cette liberté n’a de sens que si elle se vit pleinement : dans le Temple comme dans la vie, dans la parole comme dans l’action.
Être libre, c’est s’obliger à regarder l’Univers sans le réduire.
C’est choisir la fraternité universelle plutôt que les appartenances exclusives.
C’est refuser les murs que l’on dresse dans son esprit, et travailler à les abattre un à un.
L’Enquête, dans sa simplicité apparente, interroge moins le profane que le Maçon lui-même : suis-je libre au point de reconnaître la liberté en autrui ?
Suis-je capable d’inviter dans ma Loge quelqu’un qui ne me ressemble pas ?
La véritable enquête est intérieure — elle précède toute admission, tout rituel, tout serment.
Être Maçon, c’est être libre. Et si l’on refuse d’accueillir un homme simplement parce qu’il diffère, alors il faut peut-être, avant tout, s’interroger sur sa propre liberté.
Texte inspiré de « Enquête, défi de la liberté », publié le 3 mai 2018 sur le site R∴L∴M∴ Affonso Domingues.




