Discours au Banquet des Maires par Nicolas PENIN, Grand Maître du Grand Orient de France (GODF) :
Dans sa lettre du 19 novembre 2024, le Grand Maître du Grand Orient de France, Nicolas PENIN, reprenait selon les mots forts du Convent, l’invitation à travailler pour « Réparer la République ».
Pour apporter notre pierre à l’édifice, le Grand maître annonçait inscrire l’action du Conseil de l’Ordre dans un esprit de rencontres républicaines avec des élus de villes françaises,
Des rencontres avec des maires agissant avec force et conviction, portant haut les valeurs de la République, des acteurs indispensables, acteurs œuvrant au plus près des citoyens.
Car, en tant que pilier de la démocratie locale, tout maire contribue à sa vitalité et son équilibre au sein de sa commune et au service de l’intérêt général.
Voilà pourquoi le Grand Orient de France, fort de son attachement historique aux valeurs et principes de la République, a souhaité donner corps et visibilité à cette « République des Maires » pour agir concrètement au service de notre contrat social.
C’est dans ce cadre que plusieurs dizaines de maires ont été conviés, dans la tradition républicaine, à un banquet le mardi 22 avril à la Mairie du 9e arrondissement de Paris .
Un banquet chaleureux et fraternel qui fut l’occasion d’exprimer l’attachement de notre Obédience à cette haute fonction de maire.
Paris, le 22 avril 2025
Mesdames et Messieurs les maires, ou leurs représentants,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations des maires,
Mes Très Chers Frères et Très Chères Sœurs, Grands Maîtres adjoints, Mes Très Chers Frères et Très Chères Sœurs Conseillers de l’Ordre.
Permettez tout d’abord que je remercie la municipalité du IXe arrondissement et tout particulièrement Madame le Maire qui nous accueillent ce soir. Ce sont des liens historiques entre notre Obédience et son arrondissement siège. Nous y sommes bien et nous vous en remercions Madame.
Le Banquet c’est la Fraternité et c’est ce que nous avons à protéger aujourd’hui. Si le Grand Orient de France a souhaité ce soir procéder à ces retrouvailles républicaines entre l’Obédience et des élus de la République c’est parce que l’heure est, plus que jamais, à la Fraternité.
La Fraternité du combat, des convictions, des principes et des valeurs, une Fraternité laïque, humaniste, universaliste et assise sur la longue tradition d’émancipation des consciences, des corps et des esprits.
C’est ainsi que la République renaissait, le lendemain d’un 22 février, en 1848, lorsque les banquets se succédaient et que celui du 22 se trouva interdit. La monarchie de Juillet voyait sa fin arriver et la République reprenait flamme. La République n’a-t-elle pas à reprendre flamme en 2025 ?
C’est justement parce que nous avons toujours été au rendez-vous de nos idéaux, que nous nous inscrivons dans la lignée de ces Crémieux, Cavaignac, Arago, Ledru-Rollin, Schoelcher, Baudin, Marrast, Blanc ou Garnier-Pagès. Ici, vous êtes, avec nous, les gardiens de cette flamme républicaine face à ce monde trouble et incertain, face à ces anti-lumières, ces fascismes modernes qui gangrènent nos cités, face à ces citoyens qui cherchent le sens de la République et qui sont parfois instrumentalisés par les porte-voix de la haine.
Le Grand Orient de France est un ordre initiatique, c’est sa singularité. Il propose aux hommes et aux femmes d’entrer sur un chemin à travers des symboles, des outils, des rites et une tradition maçonnique. Il propose à ces femmes et ces hommes de marcher vers la lumière, et d’être ainsi des citoyens éclairés. C’est donc bien au nom de cet engagement initiatique, que les Francs-Maçons du Grand Orient de France ont pour vocation à s’engager dans la cité. Alors pourquoi vous inviter ce soir, pourquoi les maires ?
Devant notre dernière assemblée générale, que nous appelons Convent, et qui s’est déroulé en août 2024, j’ai porté la volonté de proximité auprès de nos 1400 Loges, qu’elles soient urbaines ou rurales, avec un effectif élevé ou plus modeste, et j’ai désigné cette « éthique de la proximité » comme l’un des leviers de la démocratie. Les territoires seront ce nouvel avenir républicain, notamment dans une nouvelle interrogation, sans hypocrisie, des relations entre les territoires et l’Etat. Il ne s’agit pas de transférer des compétences sans les moyens d’y subvenir mais de relancer une nouvelle réflexion avec les territoires dans leur construction.
Dès lors, j’ai pu, également, rencontrer de nombreux maires, qui sont cette proximité républicaine, telle la Loge qui est notre proximité obédientielle. Si nos Loges sont l’Obédience, vous êtes la République, et vous pouvez compter sur nous pour appuyer les républicains.
Notre combat est bien celui de la Fraternité, c’est-à-dire celui de la relation à l’autre, l’altérité est l’utopie du futur.
Nous dépassons ici les partis, tout en restant dans l’arc républicain, nous rassemblons ce qui est épars, nous mettons en œuvre notre méthode maçonnique qui fait que ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous sépare. A l’heure où notre quête fraternelle commune est attaquée, nous avons à réagir et à répondre à l’appel de notre devoir.
La démocratie traverse une période de crise sans précédent. La montée de l’extrême droite, la désinformation organisée et appuyée par des puissances financières, la perte de confiance dans les institutions, mettent en péril les fondements mêmes de notre République. En tant que maires, vous êtes les sentinelles de ces valeurs démocratiques et il est de votre devoir de les défendre avec vigueur. Vous pouvez compter sur nous.
Le Grand Orient de France vous invite à continuer à porter avec exemplarité, le dialogue et la proximité. Ensemble, nous devons lutter contre toutes formes de haine, et jamais, d’où qu’ils viennent, le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme n’appartiendront à notre maison obédientielle.
Et si certains, à Gauche aussi, s’égarent en tentant de manipuler des communautarismes qu’ils souhaitent construire, en s’adonnant jusqu’au racisme ou l’antisémitisme, nous les condamnons fermement, et ils n’auront jamais leur place au sein du Grand Orient de France. Mais ne tombons pas dans ce piège que de croire que l’extrême-droite ne serait plus un danger. Elle porte au plus profond d’elle-même tous les éléments antagonistes à la Fraternité et aux idéaux républicains.
Oui, il s’agit bien d’un combat. Celui d’un régime politique dans lequel nous voulons vivre. C’est pourquoi nous défendrons les amis de la République, et vous en êtes.
Dans ce cadre, la culture et l’éducation sont les piliers d’avenir, la sécurité et la justice sociale sont les bornes qui délimitent le champ du contrat social, et je finirai par célébrer celle qui peut vous faire dire que vous êtes bien au Grand Orient de France : la laïcité !
Depuis le 9 décembre dernier, nous avons lancé un bel anniversaire, celui des 120 ans de la loi de 1905, dite de séparation des églises et de l’Etat. Mesdames, Messieurs, nous sommes à votre disposition pour, avec vous, fêter dans vos communes ouvertement ou plus discrètement cette loi cardinale.
Nous avons lancé depuis quelques jours une initiative nouvelle ambitieuse, celle de réclamer la constitutionnalisation des articles 1 et 2 de la loi de 1905. Comme j’ai déjà pu le dire, ce monde vacille, de la rue nous pouvons voir ces piliers trembler. A nous, dès lors, de sécuriser nos principes les plus fondamentaux. Pour preuve, le droit à l’IVG a été constitutionnalisé, ce qui prouve qu’il est bien nécessaire de protéger les droits fondamentaux. Et la liberté de conscience, qui fonde la laïcité, principe organisationnel qui sépare les églises et l’Etat, sont les murs de cette maison républicaine qui doivent être intouchables. Avec nous, et plus de 10 000 signataires à cette heure, rejoignez et faites rejoindre cet appel. Il sera trop tard le jour où d’autres et leurs manipulations réglementaires, régressions jurisprudentielles, viendront mettre à bas ce qui est le fondement de notre République.
Ainsi, Mesdames et Messieurs, avec vous, nous portons l’ambition républicaine, celle de l’optimisme, de la réunion des consciences au service de l’intérêt général.
Nous travaillerons sans relâche à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité, car tel est notre engagement.
Aujourd’hui, devant vous, nous réitérons cet engagement envers la République, celle des maires, des territoires, des hommes et des femmes libres.
J’ai dit
Nicolas PENIN
Grand Maître du Grand Orient de France