Une nouvelle polémique secoue la police britannique et la franc-maçonnerie : la Police métropolitaine de Londres (Metropolitan Police, « MET ») souhaite imposer à ses agents l’obligation de déclarer toute appartenance maçonnique, passée ou présente. L’annonce, portée publiquement par Sir Mark Rowley, commissaire de la MET, a immédiatement provoqué une réaction coordonnée de plusieurs obédiences – dont deux grandes loges féminines d’Angleterre – qui dénoncent des affirmations jugées inexactes, trompeuses et stigmatisantes.
L’affaire a pris de l’ampleur après une intervention de Sir Mark Rowley sur LBC Radio, le vendredi 12 décembre 2025, au cours de l’émission de Nick Ferrari. Dans la foulée, l’Ordre des Femmes Franc-Maçonnes et l’Honorable Fraternité des Anciens Francs-Maçons ont rendu publique leur réponse, transmise par la Grande Loge Unie d’Angleterre (UGLE) en leur nom.
UNE OBLIGATION DE DÉCLARATION QUI RELANCE UNE VIEILLE MÉFIANCE
Pour la MET, cette obligation de déclaration s’inscrirait dans une logique de transparence et de prévention des conflits d’intérêts. Mais, côté maçonnique, la mesure est perçue comme un nouvel épisode d’une suspicion institutionnelle persistante, entretenue par des décennies de rumeurs et de campagnes médiatiques.
Les obédiences concernées ne contestent pas le principe de l’éthique dans la fonction policière ; elles contestent la méthode, les justifications avancées, et surtout le sous-entendu : l’idée qu’une appartenance maçonnique constituerait, en soi, un marqueur de risque.
LE POINT DE RUPTURE : UN SONDAGE INTERNE JUGÉ « EXAGÉRÉ »
Dans leur déclaration, les obédiences expliquent se sentir obligées de « répondre et rectifier plusieurs affirmations inexactes et trompeuses » sur la consultation interne menée au sein de la MET.
L’un des nœuds du conflit concerne une phrase attribuée au commissaire :
« les deux niveaux de nos agents pensent que cela devrait être déclarable ».
Or, les obédiences relèvent que la MET elle-même évoquait 2 000 réponses à un sondage interne, à comparer à un effectif annoncé d’environ 46 000 agents et employés. Elles en concluent que le sondage n’aurait été rempli que par moins de 5 % des effectifs, rendant contestable toute généralisation.

« NOUS EXIGEONS LA PUBLICATION DES RENSEIGNEMENTS »
Autre grief majeur : Sir Mark Rowley aurait déclaré avoir « examiné les renseignements » et être convaincu de la nécessité de la mesure « compte tenu de plusieurs facteurs ». Problème : selon les obédiences, ces éléments n’auraient jamais été communiqués.
Elles demandent donc explicitement au cabinet du commissaire de publier ces renseignements afin que leur crédibilité puisse être évaluée « par nous, ainsi que par le public ». Autrement dit : si la MET affirme disposer d’éléments justifiant une politique intrusive, alors ces éléments doivent être rendus vérifiables.
LA PHRASE QUI INDIGNE : « UN MILIEU MASCULIN » ET DES FEMMES « SOULAGÉES »
Le passage le plus vivement dénoncé concerne une déclaration attribuée au commissaire en fin d’entretien :
« De nombreuses femmes policières, en particulier, sont extrêmement soulagées par cette décision, car elles se sentent désavantagées par ce qui, malheureusement, est un milieu masculin. »
Les deux grandes loges féminines se disent « particulièrement choquées » par une formulation jugée « trompeuse et inexacte ». Elles rappellent un fait historique central : les femmes sont francs-maçonnes depuis plus d’un siècle, et revendiquent une tradition, une histoire et un héritage qui contredisent l’idée d’un simple « milieu masculin » où elles seraient reléguées.
VERS UNE ACTION EN JUSTICE ?
La déclaration se conclut par l’annonce de discussions en cours sur « les prochaines étapes ». Selon une communication antérieure évoquée dans votre texte, l’UGLE et les grandes loges féminines envisageraient une action en justice contre la MET au sujet de cette politique.
Derrière la dimension juridique, l’enjeu est aussi symbolique : les obédiences estiment que la défiance envers la franc-maçonnerie devient une prophétie autoréalisatrice – plus on la traite comme suspecte, plus on fabrique un climat où elle le devient aux yeux du public, notamment sous l’effet d’une presse sensationnaliste.
UNE ACCUSATION RÉCURRENTE : « 40 ANS DE PARANOÏA » SANS PREUVE
Enfin, l’argument de fond avancé par Christopher Hodapp (dans le texte que vous fournissez) est direct : malgré « plus de 40 ans de paranoïa anti-maçonnique » autour de la police britannique, aucune preuve d’agissements répréhensibles de policiers francs-maçons n’aurait été apportée. Les récits médiatiques seraient alimentés par des rumeurs, des accusations invérifiables, des théories du complot et des témoignages d’agents mécontents — au détriment d’une démonstration factuelle.
CE QUE CETTE AFFAIRE RÉVÈLE
Au-delà de la mesure administrative, l’épisode met en lumière un conflit plus profond : où s’arrête la transparence légitime de l’État, et où commence la stigmatisation d’une appartenance associative ? Les obédiences féminines, en particulier, contestent une narration qui les instrumentalise (des policières « soulagées ») tout en ignorant leur histoire réelle.
L’affaire est donc moins un simple débat interne à la MET qu’un marqueur de tensions durables entre institutions, médias et société civile — et pourrait, si elle se judiciarise, fixer un précédent sur la manière dont la police britannique traite l’appartenance à des organisations fraternelles.
Source : Christopher Hodapp – Freemasons For Dummies




