Ce temps qui ne s’écoule pas – il s’élève.
En Franc-Maçonnerie, le temps n’est jamais une simple succession de secondes déposées sur le cadran du monde.
Il est matière, il est espace, il est outil.
Il ne passe pas : il se construit.
Dans le Temple, nous ne vivons pas dans le temps — nous entrons dans un autre temps.
Un temps détaché de l’horloge profane, détaché de l’urgence, de la productivité, de l’envie de finir.
Car au sein de la Loge, le temps ne sert pas à faire : il sert à devenir.

Le temps profane, linéaire et pressant
Dans la vie courante, le temps ressemble à une flèche.
Il part, il file, il s’échappe.
On y court souvent derrière comme un retardataire éternel.
On lui demande d’être efficace.
On le découpe en tranches, en budgets, en échéances.
Il devient quantité : heures, jours, années.
Le profane mesure le temps parce qu’il a peur qu’il manque.
Le temps maçonnique, circulaire et initiatique
Dans le Temple, le temps cesse de s’user : il se régénère.
Il ne se découpe plus — il se vit.
Le rituel ne s’inscrit pas dans le temps, c’est le temps qui s’inscrit dans le rituel.
Chaque Tenue répète l’ancienne et prépare la suivante.
Chaque degré recommence au moment même où il se termine.
Le temps maçonnique est cercle, cycle, spirale.
Comme la pierre brute qui se polit séance après séance.
Comme l’homme qui revient toujours à lui-même — mais un peu plus haut, un peu plus clair, un peu plus vrai.
Le temps comme outil de transformation
Le maçon apprend à patienter, non par passivité, mais par maturation.
Car dans l’Art Royal, le temps n’est pas un obstacle — il est le maître.
Ce que l’on ne comprend pas aujourd’hui,
le temps l’enseigne.
Ce que l’on ne peut tailler maintenant,
le temps l’adoucira.
L’Apprenti est placé dans le silence non pour attendre, mais pour décanter.
Le Compagnon voyage pour éprouver la durée.
Le Maître renoue avec l’éternité pour transcender la mort.
Le temps maçonnique est donc un temps qui polit l’esprit comme le maillet polit la pierre.
Le temps retrouvé
Si l’humanité craint le temps qui s’écoule, la Maçonnerie révèle le temps qui éclaire.
Dans le bruit du monde il file comme du sable ;
dans la Loge il devient or, lentement, patiemment.
Le temps maçonnique n’est pas celui que l’on consomme,
mais celui que l’on habite.
Car le véritable progrès ne s’obtient pas en courant,
mais en avançant à l’allure de l’âme.




