Ce livre retrace l’épopée intellectuelle de la Loge des Neuf Sœurs, creuset maçonnique du XVIIIᵉ siècle où savants, philosophes et artistes – de Franklin à Lavoisier – unirent leurs talents pour façonner l’esprit des Lumières.
Une plongée dans le XVIII e siècle où la franc-maçonnerie, portée par des esprits visionnaires comme Helvétius, tisse un lien inédit entre science, philosophie et quête du bonheur universel.
Grâce aux efforts déployés par Montesquieu à partir de 1730, la franc-maçonnerie a cessé d’être en France une activité essentiellement inspirée par les catholiques jacobites pour devenir une pratique dédiée aux savants et aux intellectuels.
SAVOIRS ET FRANC-MACONNERIE AU SIECLE DES LUMIERES
de Florence Mothe (Auteur) – Editions Dervy – Août 2025 – pages
Cette métamorphose a été rendue possible par un fermier général philosophe et protestant, Claude-Adrien Helvétius, qui eut l’idée de fonder un atelier exceptionnel auquel pouvaient s’inscrire tous les plus grands penseurs du temps. La mort ne lui a pas laissé le temps de mener à bien ce projet qui fut repris par sa veuve, cousine de Marie-Antoinette, l’astronome Lalande, et Benjamin Franklin, ami de Mme Helvétius.
La Loge des Neuf Sœurs constitua un vivier unique qui préfigure nos technopoles modernes en ce sens que tous les savants et écrivains qui la composèrent purent confronter leurs modes de recherche, échanger sur leurs découvertes respectives, pratiquer des enseignements théoriques et techniques croisés qui aboutirent à des avancées spectaculaires. Le salon de Mme Helvétius constitua une sorte de cayenne permanente où toutes les idées pouvaient s’exprimer, même au temps où la Révolution avait suspendu les travaux partout en France.
Loin de rester un exemple unique, cet atelier donna naissance dans de nombreuses villes à des Académies des sciences, belles-lettres et arts, calquées sur le même schéma et dont certaines existent toujours. C’est sur ce terreau productif qui incluait également le souci des applications économiques de chaque découverte que purent se développer les grandes idées qui permirent la mise en œuvre pratique du siècle des Lumières.
Cet ouvrage trace le portrait de chacun de ces découvreurs : Jussieu, Condorcet, Lavoisier, Buffon, Lalande, Bailly, Franklin, Berthollet, Lacépède, Bordeu, Vicq d’Azyr, de leurs amis peintres, musiciens, graveurs et sculpteurs et des philosophes, écrivains et journalistes qui, participant à leurs travaux, s’en inspirèrent et mirent tout en œuvre pour les faire connaître.
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Florence Mothe, journaliste, historienne et musicologue bordelaise, lauréate du Prix de l’Institut Maçonnique de France en 2013 (catégorie « Histoire »), signe avec Savoirs et franc-maçonnerie au siècle des Lumières une œuvre où l’érudition s’unit à l’expérience vivante d’une passeuse de mémoire. Gardienne du château de Mongenan (Gironde), monument historique qu’elle a ouvert au public en y recréant un musée du XVIIIe siècle et un temple maçonnique, elle fait dialoguer les figures et les idées qui ont façonné ce siècle incandescent. Claude-Adrien Helvétius, philosophe et initié, en est la figure tutélaire : son projet d’une loge idéale se concrétisa dans la Loge des Neuf Sœurs, animée par Lalande, Franklin et Mme Helvétius, où sciences, lettres et arts se mêlèrent dans une fraternité universelle. Autour d’eux, Lavoisier, Buffon, Condorcet, Voltaire, Jussieu ou Bailly composent une constellation où la franc-maçonnerie devient le laboratoire de l’esprit des Lumières. L’auteure restitue la ferveur d’une époque persuadée que le savoir pouvait abolir l’ignorance et instaurer le bonheur commun, tout en rappelant les résistances, les censures et la désillusion de la Terreur. À travers cette fresque, Florence Mothe montre que la quête maçonnique et la quête scientifique ne faisaient qu’une. Elles étaient, et demeurent, un même appel à la lumière.