Dans nos Temples, le mot Tolérance résonne comme une évidence. Il est gravé sur les colonnes invisibles de nos Loges, enseigné dès les premiers pas de l’Apprenti, cité dans nos catéchismes et dans nos rituels.
Mais à force de la vénérer, peut-être avons-nous cessé de penser la tolérance — comme une vertu vivante, exigeante, et parfois douloureuse.
LE POIDS DE LA VERTU
Le verbe latin tolerare ne signifie pas « accepter », mais supporter, porter un fardeau.
Tolérer, c’est accepter une tension intérieure : celle entre ce que je crois juste et ce que je dois admettre pour vivre en paix avec autrui.
Ainsi, la tolérance n’est pas une passivité, mais une discipline de l’esprit et du cœur.
Elle ne consiste pas à se taire, mais à parler autrement.
Elle ne cherche pas à fuir le conflit, mais à l’élever sur le plan de la conscience.
Dans cette perspective, le Maçon ne tolère pas pour se résigner, mais pour comprendre.
Il fait de la tolérance un outil de transmutation morale, une façon d’harmoniser la dissonance du monde plutôt que de la nier.

LA TOLÉRANCE ET SES FRONTIÈRES
Toute vertu porte son excès, et la tolérance ne fait pas exception.
Lorsqu’elle devient indifférence, elle perd sa noblesse.
Lorsqu’elle se mue en permissivité, elle perd son sens.
Et lorsqu’elle prétend être inconditionnelle, elle risque de nier la justice elle-même.
Le Maçon éclairé sait que la vraie tolérance s’arrête là où commence la violation des principes.
Elle ne saurait être le paravent de la lâcheté ni le refuge du silence.
Tolérer n’est pas tout admettre : c’est accepter la différence sans renoncer à la rectitude.
Ainsi, la tolérance n’est pas le contraire de la rigueur : elle en est la forme éclairée.
UNE ÉPREUVE INITIATIQUE
Dans la vie profane, la tolérance est souvent un mot de convenance.
Dans la vie maçonnique, elle est une épreuve.
Elle demande d’affronter en soi la peur, le jugement, la blessure d’ego.
C’est dans le choc des différences, dans le frottement des pierres, que naît la lumière commune.
La tolérance est cette capacité à laisser vivre l’autre sans cesser d’exister soi-même — un équilibre que seule l’initiation enseigne.
Elle n’est donc pas une simple vertu morale : elle est une méthode de perfectionnement intérieur, un travail patient sur la dualité humaine.
VERS UNE TOLÉRANCE LUCIDE
Dans un monde où l’opinion remplace la pensée, où la colère supplante le dialogue, la tolérance devient un acte de résistance spirituelle.
Être tolérant, aujourd’hui, c’est refuser la facilité du jugement immédiat.
C’est réapprendre à écouter avant de condamner, comprendre avant de répondre, éclairer avant d’imposer.
Mais cette tolérance doit rester lucide : fraternelle, mais non naïve ; ouverte, mais non démissionnaire.
Elle doit s’enraciner dans la justice, car sans elle, la tolérance devient faiblesse et la fraternité, simple illusion.
EN GUISE DE CONCLUSION
La tolérance maçonnique est un art du discernement.
Elle ne nous demande pas d’aimer tout, ni d’approuver tout, mais d’aimer malgré tout.
Elle ne prétend pas abolir les différences, mais les unir sans les confondre.
C’est un chemin, non une posture. Une lumière, non un refuge.
Et peut-être la plus difficile des vertus : celle qui nous oblige à être pleinement humains avant de vouloir être sages.





Merci d’avoir éclairé et défini cette vertu et ses limites.
Un FM tolérant n’accepte pas la violation des autres vertus maçonniques.
Laisser dire, c’est laisser faire et nous savons où cela peut mener…
J’ai dit.