Passage à l’Orient Eternel de notre Très Respectable Frère Jean-Pierre THOMAS.
Il est des Frères dont la présence marque sans bruit, mais durablement. Des hommes pour qui l’initiation n’est pas seulement un chemin personnel, mais une offrande continue aux autres. Jean-Pierre Thomas fut de ceux-là. Il a rejoint l’Orient Éternel, laissant derrière lui une œuvre immuable, une parole juste et une mémoire fraternelle dont l’éclat demeure.
Un Frère discret, constant et profondément engagé
Initié au début des années 1980 dans la Respectable Loge La Justice n°133, à l’Orient de Paris, Jean-Pierre Thomas incarna dès ses premiers pas cette alliance particulière entre la rigueur du travail intérieur et l’ouverture généreuse à l’autre. Devenu Maître, il poursuivit sa route dans diverses Loges, notamment Albert Lantoine n°1582, dont il fut l’un des membres fondateurs, fidèle à l’idéal d’une Maçonnerie de pensée, de transmission et de cœur.
Plus tard, il rejoignit également la Loge de Recherche Jean Scot Érigène n°1000, où il continua à mettre en lumière les sources, les archives, les filiations souvent méconnues mais essentielles à l’histoire du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Un historien passionné et un passeur de mémoire
Professionnellement, Jean-Pierre Thomas servit longtemps au Sénat, où il développa un regard aiguisé sur l’histoire politique et institutionnelle. Cette même exigence intellectuelle, il la mit au service de la franc-maçonnerie. Il fut l’un de ses historiens les plus attentifs, les plus exigeants, mais aussi les plus vivants.
Son nom restera associé à plusieurs travaux majeurs :
- Deux siècles en Grande Loge de France (1822-2022)
Une fresque claire et structurée retraçant la continuité des loges écossistes entre les Lumières et le monde contemporain. - Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont
Portrait d’un prince anticonformiste, défenseur d’une maçonnerie de liberté et d’émancipation. - Le Suprême Conseil de France (1804-2025) – Un essai biographique
Dernier ouvrage publié avant son départ, véritable somme historique sur les hauts grades écossais en France, préfacé par le Souverain Grand Commandeur Jacques Rozen.
Ces livres ne sont pas seulement documentés : ils sont habités. On y sent la fidélité au Rite, l’amour du détail juste, la volonté de transmettre sans dogmatiser.
Une voix qui portait plus qu’un savoir
Ceux qui ont eu le bonheur de l’entendre se souviennent d’une voix douce, maîtrisée, chaleureuse. Dans des conférences, sur France Culture, lors de cérémonies blanches ouvertes, ou simplement en loge, il savait faire revivre les époques, les hommes, les combats, les espoirs.
Il ne racontait pas l’histoire : il la reliait.
Il savait qu’une date n’a de sens que si elle éclaire le présent.
Qu’un nom n’existe que si l’on en comprend la trajectoire.
Qu’un rite ne se transmet que s’il reste vivant.
Un Frère fraternel, lumineux et loyal
Nombreux sont ceux qui, comme Jean-Laurent Turbet, témoignent de sa chaleur bienveillante, de son humour discret, de son écoute sincère. Jusqu’à ses derniers instants, Jean-Pierre Thomas demeura en activité maçonnique : présent en loge, en tenue, en conférence, animé par la même joie simple — être avec ses Frères.
Son départ fut soudain. Mais son œuvre, elle, demeure.
Ses livres, ses conférences, ses articles, et surtout son exemple continuent de nous inviter à préserver la transmission, à cultiver la vérité historique, à faire de la tradition non pas un musée, mais un mouvement.
À l’Orient Éternel, mais toujours parmi nous
Il ne cherchait ni les honneurs ni la reconnaissance.
Il avait la certitude que la lumière se donne, mais ne s’impose pas.
Aujourd’hui, ce qu’il nous laisse n’est pas seulement une bibliographie.
Il nous laisse un chemin.
Un chemin de fidélité au Rite.
Un chemin d’exigence intellectuelle.
Un chemin de fraternité vivante.
Que son souvenir continue d’inspirer ceux qui bâtissent, pierre après pierre, ce Temple qui ne se voit pas mais que l’on ressent, dès que la parole est juste et le cœur sincère.
Adieu, et au revoir, Très Cher et Très Respectable Frère Jean-Pierre.
Tu marches désormais dans la Lumière que tu as si longtemps servie.




