La vie n’a de sens que parce qu’elle a une fin
« Sans fin, la vie perdrait son sens. »
Par cette phrase à la fois sobre et vertigineuse, KM, auteur d’un texte paru dans la Revue des francs-maçons suisses (novembre 2003), nous invite à un voyage philosophique et initiatique vers l’origine et la finalité de toute chose.
L’interrogation n’est pas nouvelle : d’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ? Mais ici, elle s’articule autour d’un triple regard — scientifique, métaphysique et maçonnique — qui tente de concilier l’ordre du cosmos et celui de l’esprit humain.
Du Big Bang à l’Ordre absolu
L’auteur débute par une audacieuse synthèse entre science et spiritualité : le Big Bang, loin d’être une simple explosion physique, serait la manifestation première de l’Architecte de tous les mondes — l’instant où l’énergie absolue et l’ordre absolu se révèlent.
Là où la physique moderne cherche « l’équation mère » à travers les supercordes ou la théorie quantique, la pensée initiatique voit une volonté créatrice, un principe d’unité que le langage maçonnique nomme Grand Architecte de l’Univers.
Ainsi, l’ordre cosmique et la spiritualité convergent vers une même réalité : l’univers n’est pas un accident, mais une intention.

L’humanité comme acte de création
Du jaillissement des galaxies à l’apparition de la vie, puis de la conscience, se déroule une évolution émerveillante, marquée par des bonds qualitatifs que la raison seule ne suffit pas à expliquer.
Darwin a décrit la continuité biologique, mais KM rappelle que l’humanité se distingue par la liberté, la conscience morale et la responsabilité.
L’homme ne se contente pas de réagir au monde : il le transforme.
Cette liberté, conquise sur la matière et sur l’instinct, devient fardeau et vocation.
Car « être libre » implique de choisir, d’assumer, de répondre — non seulement devant les hommes, mais devant l’Ordre supérieur dont nous sommes issus.
C’est pourquoi, écrit-il, nul ne devient pleinement humain dans l’isolement : c’est par la rencontre, la fraternité et l’effort collectif que nous nous élevons.
Ainsi, le franc-maçon est appelé à « servir, aider et pardonner », non pour se soumettre, mais pour façonner l’harmonie sociale qui reflète l’ordre du cosmos.
Le temps, la mort et la porte d’argent
L’auteur médite ensuite sur le mystère du temps et de la mort.
Le temps, insaisissable et ironique, nous enferme dans sa spirale.
Chaque être porte, dans ses gènes, « la date d’expiration » inscrite dès sa naissance. Mais, paradoxalement, c’est cette finitude qui donne sens à l’existence.
« Ce qui n’a pas à mourir peut-il vraiment vivre ? »
La mort, loin d’être une absurdité, devient une clé initiatique : elle nous rappelle que l’essentiel n’est pas de durer, mais de se transformer.
Lorsque notre corps se dissout, seule l’âme, étincelle de l’énergie absolue, retrouve le chemin de l’Ordre dont elle provient — « la grande porte ronde d’argent par laquelle nous sommes entrés jadis ».
Le sens de la vie et la quête du Maçon
Chercher le sens de la vie, c’est comprendre qu’il ne réside pas dans la vie elle-même, mais dans ce qui la transcende : l’esprit, la conscience, la part immatérielle que nous nommons âme.
Pour KM, le sens ultime réside dans la reconnaissance du Grand Architecte, source et fin de toute énergie.
Ainsi, la mission du franc-maçon est claire :
- Approcher la vérité absolue,
- Se perfectionner par le travail intérieur,
- Rendre à l’Architecte son âme « sans l’avoir altérée ».
Cette démarche, à la fois spirituelle et éthique, confère à l’existence un but : participer à l’ordre divin par la pratique du bien.
La voix des Maîtres
L’article se conclut par une exhortation à la vigilance morale :
« Les voix des esprits, les voix des maîtres crient : n’oubliez pas d’exercer les forces du bien. »
Être franc-maçon, c’est écouter ces voix.
C’est agir dans le monde en gardant les yeux fixés sur la lumière, en sachant que notre passage sur terre est une étape du retour vers l’Ordre absolu.
En guise de pierre finale
La réflexion de KM nous rappelle que la science et la foi, le fini et l’infini, la vie et la mort ne sont pas des opposés, mais les deux faces d’un même dessein cosmique.
Pour le franc-maçon, comprendre cela, c’est déjà se situer dans l’œuvre de l’Architecte, en cherchant humblement à restituer à l’univers ce qu’il lui a confié : la lumière.




