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« Nulle part ailleurs » par l’illustrissime blogueur Jacques Fontaine

Jacques Fontaine poursuit sa contribution sur la transmission avec son 2° billet « Nulle part ailleurs » sur la transmission dans notre nouvelle rubrique Les illustrissimes blogueurs : « Les empêcheurs de maçonner en rond », .

NULLE PART AILLEURS 2

Je vais, dans ce billet, te transmettre une innovation dans la cérémonie d’initiation. Je l’ai vue et vécue, dans une Loge du Droit Humain, il y a une dizaine d’années. Je me la rappelle tou-jours aujourd’hui tellement elle m’avait plu.

La voici, en quelques lignes.

Nous sommes au Rite Ecossais Ancien et Accepté m ais c’est secondaire : cette idée est applicable dans tous les rites. Nous en sommes vers la fin de la première partie, voyages, purifications et épreuves sont passées. Arrive dans un instant, la tombée du bandeau et la découverte de la Grande (j’aime bien ce qualificatif qui marque la solennité, le sacré ) Lumière. Alors, le Grand Expert prend par l’épaule la profane et la dirige vers les Frères et les Sœurs qui se sont déplacé(e)s et mis en demi-cercle, comme pour une chaîne d’union mais ouverte. (La chaîne d’union fermée, traditionnelle, aura lieu à la fin de la tenue, comme il se doit.). Le Grand Expert fait tendre doucement les bras et les mains de la profane en avant, comme pour saisir quelques chose. En fait ses mains vont être saisies par chaque Frère et Sœur, successivement , qui va les étreindre chaleureusement. Ou du moins avec une pression légère ou accentuée en fonction de son état d’esprit et du message émotionnelle qu’il (elle) veut communiquer à la profane.

J’ai demandé, après la tenue, à la nouvelle Sœur ce qu’elle avait éprouvé à ce moment là. Elle m’a répondu : « Vraiment j’ai été très touchée ! ». A entendre au sens figuré et au sens propre. En effet ce passage des mains introduit le sens du toucher juste avant les sens de la vue avec la Grande Lumière et de l’ouïe, au même moment, par les mots, les coups de maillet et ,éventuellement, la musique.

Les formateurs professionnels savent que plus on introduit de sens dans un apprentissage, plus celui-ci a des chances d’être efficace. Point n’est besoin de passer par l’intellect, la raison.

Outre la beauté du geste que chaque Sœur, chaque Frère perçoit avec un joie silencieuse, le passage des mains est riche d’au moins deux symboles que le néophyte inscrit au plus profond de son esprit :

                                   – Le toucher procure une sensation de proximité corporelle grâce aux mains qui s’étreignent. Celles du futur initié(e), réceptives et celles du Frère, de la Sœur qui les enserre. C’est vraiment intéressant dans cette cérémonie car plus il y a de sens activés, plus prégnante sera la mémorisation. Or le rite maçonnique, lors de l’initiation, n’est pas si riche que cela , eu égard à la force des émotions déclenchées par l’activation des sens, qui reste modérée. Peu de choses à voir avec d’autres rites de passage comme celui des Dogons, des Aborigènes, du Vaudou…Même si notre rite est un des plus complets en nombre de séquences, surtout si on ajoute à l’initiation, l’élévation à la maîtrise. Là, dans le mythe d’Hiram, l’engagement physique est bien plus perceptible puisqu’il s’agit d’une mise à mort brutale.

                                   – Les mains du néophyte ne sont pas étreintes qu’une seule fois. Non ! Ce sont tous les Frères, toutes les Sœurs qui effectuent ce geste. J’ai ressent quand je l’ai vu pratiqué, une impression de très grand respect, presque un soupçon de sacré. Chacun(e) se sent ainsi, par le truchement du contact physique qui ne s’embarrasse pas de mots, partie prenante active à la renaissance du futur franc-maçon.

Enfin je te laisse aller sur d’autres pistes, si le cœur t’en dit. Par exemple le symbole de la main, le moment, juste avant la Grande Lumière ou bien encore le silence qui entoure cette pratique.

Avec le passage des mains, nous avons de quoi descendre en nous-mêmes et découvrir, qui sait ? la pierre cachée. Je te le souhaite vivement.

Jacques Fontaine


  • Jacques Fontaine

Jacques Fontaine est né au Grand Orient de France en 1969.Il se consacre à diffuser, par ses conférences, par un séminaire, l’Atelier des Trois Maillets et par une trentaine d’ouvrages, une Franc-maçonnerie de style français qui devient de plus en plus, chaque jour, « une spiritualité pour agir ». Il s’appuie sur les récentes découvertes en psychologie pour caractériser la voie maçonnique et pour proposer  les moyens concrets de sa mise en œuvre.

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