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ENTRETIEN AVEC PERRY WILEY, GRAND MAÎTRE HONORIS CAUSA DE LA GLDF


Mardi 30 avril, la Grande loge de France organise une conférence publique à l’Ancien collège. Perry Wiley, grand maître Honoris Causa, explique comment la franc-maçonnerie s’ouvre à l’extérieur extérieur et attire de plus en plus de 25-35 ans « en quête de sens dans un monde compliqué ».

La franc-maçonnerie fascine autant qu’elle rebute. Depuis des années, les différentes obédiences démultiplient les actions d’ouverture au monde pour lever un voile encore opaque pour beaucoup. Ainsi, ce mardi 30 avril, à 19 heures, la Grande loge de France organise une conférence publique à l’Ancien collège*. Intitulée « Pourquoi devenir franc-maçon en Grande loge de France au XXIe siècle ? », elle sera dirigée par Perry Wiley, grand maître Honoris Causa qui anime l’émission « Divers aspects de la pensée contemporaine », sur France Culture.

Comment démystifier la franc-maçonnerie ?

J’emploierai plutôt le terme de démythifier car bien souvent, ceux qui en parlent ne sont pas francs-maçons et relaient des préconçus. On organise beaucoup de conférences et colloques partout en France et même, à l’étranger. J’ai l’honneur d’animer une émission sur Radio France et on ouvre toutes nos loges pour les Journées du patrimoine, ce qui attire toujours un public nombreux. Autant que possible, on essaie de dire ce que l’on est.

À savoir ?

Une loge est un endroit pour mieux se connaître. On y retrouve toutes les classes sociales, tous les corps de métiers, des demandeurs d’emploi et peu importe les croyances ou non. À la Grande loge de France (GLDF), qui rassemble 935 loges pour 31 000 membres, nos deux piliers sont la spiritualité et l’humanisme. Ce n’est pas un syndicat, une ONG ou un parti politique. Ce n’est pas non plus un lieu pour faire des affaires, j’insiste. C’est plutôt une école à penser, sans aucun dogme. On se pose beaucoup de questions sur l’Homme, sur ce que nous sommes. Le but, c’est d’améliorer l’humanité.

Pour quelles actions concrètes ?

Nos textes disent bien que « nous avons à poursuivre au-dehors l’œuvre commencée dans le temple ». En ce moment, sur la base de la question posée chaque année par le Grand maître, on travaille sur l’intelligence artificielle. Comme l’an dernier sur la question de la fin de vie, on transmettra ensuite notre synthèse sous forme de livre blanc à l’ensemble du gouvernement, des députés et sénateurs. Nous avons aussi envoyé de l’aide aux sinistrés des tremblements de terre au Maroc, en Turquie, Syrie, du matériel médical en Ukraine, de l’aide à des chercheurs sur le VIH. Je pense aussi à Pierre Simon, professeur en gynécologie et ancien Grand maître, qui fut l’artisan de la loi IVG aux côtés de Simone Weil.

Pourquoi les rites et le fameux secret maçonnique sont-ils importants ?

Il n’y a pas de secret, rien n’est caché. Le rite et les rituels qui rythment et ordonnent nos réunions, que nous appelons tenues, nous permettent d’établir cette méthode de travail qui nous différencie d’un club philosophique ou autre. En apprenant à mieux se connaître, en écoutant tous les autres, le frère de la GLDF peut alors agir dans la cité avec plus de pertinence.

La Grande loge n’est pas mixte, cela ne fait pas très moderne et XXIe siècle…

On peut le changer par le biais de notre pouvoir législatif et des assemblées générales. Cela fait 40 ans que je suis à la GLDF et le sujet n’a jamais été sollicité. Est-ce que les frères sont passéistes ? Le problème peut aussi être retourné : à la Grande loge féminine de France, il n’y a que des femmes… Et on organise régulièrement des rencontres et des colloques tous ensemble.

Comment être franc-maçon dans la région ?

On peut se faire parrainer mais pas seulement. Il est possible de candidater spontanément par le biais de notre site Internet. Il faudra alors expliciter ses motivations, c’est très facile. Il faut aussi être dans une commune qui dispose d’un temple et ils sont nombreux dans le Sud-Ouest. Il y en a notamment à Moissac et Montauban où se trouvent les loges organisatrices de la conférence de mardi. La Grande loge féminine de France est aussi à Montauban. Désormais, de plus en plus de jeunes âgés de 25 à 35 ans nous rejoignent car ils sont en quête de sens, de dialogue et de valeurs. Mais ce n’est pas toujours simple non plus, l’antimaçonnisme étant encore fort. D’ailleurs, les extrêmes dont on voit poindre le bout du nez à chaque élection ne sont pas tendres avec nous. Mais le franc-maçon reste un optimiste. Lucide mais pas béat.

*Maison de la culture, 25 allées de l’Empereur à Montauban. Inscriptions : www.gldf.org

Source : Journal La Dépêche

A.S.: