Voici la question 115 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.
Miscellanea Macionica : La Société Olympique : Loge maçonnique ou Société de concert ?
Il s’agit d’un opuscule de quatre-vingt pages, trouvé à la Bibliothèque Nationale de France, datant de 1786 et portant pour simple titre : Société Olympique. Y figurent les noms et adresses des membres, abonnés et musiciens de cette société de concert, liée en son temps à la Loge L’Olympique de la Parfaite Estime – fondée en 1779 par la Mère Loge Écossaise du Contrat Social.
L’origine et la nature essentielle de la Loge et Société Olympique, apprend-on par la lecture de ses premières pages, est absolument maçonnique. Son titre lui a été accordé par le Grand Orient de France.
[…] Son objet principal et intéressant pour le plus grand nombre des Maçons qui se sont réunis pour la former, et de ceux qui s’y sont associés depuis, est l’établissement, à Paris, d’un Concert qui puisse à quelques égards remplacer la perte du Concert des Amateurs [société de concert disparue en 1781).
Mais comme la jouissance de ce Concert est exclusivement réservée aux Membres de la Société, précise le texte, pour pouvoir la faire partager aux Femmes, il a fallu joindre à la première Loge, une Loge d’Adoption.
Pour réunir à la fois dans cette Société les avantages de tous genres dont elle peut être susceptible, les sept premiers Fondateurs à qui l’Administration entière en avait été confiée, ont cru devoir s’associer un plus grand nombre de Coopérateurs, et d’accord avec eux, se soumettant à une avance de cinq années de cotisation, et se rendant solidairement responsables des dépense , ils ont établi, pour la Loge Olympique seulement, un local commun et une réunion sociale qui présente à ses Membres tous les avantages et les agréments des autres Sociétés.
On ne peut être Membre de la Société sans être ou devenir Maçon. On ne peut jouir d’aucun des avantages, ni du Concert, ni de la Société, ni de la Loge d’Adoption sans être Membre de la Loge Olympique ; mais une fois admis, ses Membres ont la liberté de suivre ou de négliger la suite des Travaux maçonniques au-delà du premier Grade ou d’Apprenti.
Dès sa création, la Société Olympique s’honore de compter quelque 362 membres. En font partie le duc et le marquis d’Aumont, le marquis et le comte de Beauharnais, le prince de Broglie, le comte de Ferssen, le maréchal de Noailles, le duc d’Orléans, le marquis de Pompignan, le bailli de Suffren. Les roturiers et les ecclésiastiques étant au nombre de 109. Le marquis de Corberon, Grand Maître de la Société, a pour surveillants le marquis de Javon et le frère de Barckhaus. La direction des concerts est attribuée au frère de La Haye.
L’orchestre compte soixante-cinq instrumentistes, dont un certain Charles, marquis de Savalette de Langes (amateur), au pupitre des basses.
151 sœurs siègent alors sur les colonnes de la Loge d’adoption, que dirige la comtesse Dauvet, assistée par la duchesse de Villeroy et la marquise de Pardieu. Y figurent deux princesses (de Lamballe et de Broglie), six duchesses (dont la duchesse d’Orléans), vingt-six marquises, trente-sept comtesses, des vicomtesses, des baronnes et autres présidentes… Un chapitre des Amazones réunit onze sœurs.
Si l’on en croit l’Almanach du Palais Royal pour l’année 1786, la Société Olympique est l’une des plus brillantes sociétés de Paris. « Ses assemblées frappent par leur éclat et leur brillant, et sont remarquables surtout par le ton de grandeur, de décence et de politesse qui y règnent. Outre celles qui se tiennent au Palais Royal, cette société donne des fêtes extraordinaires. »
Il en coûte 120 livres aux membres de la Société Olympique pour assister aux douze concerts prévus chaque année ; concerts qui se déroulent souvent en présence du roi et de la reine. Ses activités musicales et culturelles se poursuivront avec succès jusqu’aux premiers jours de juillet 1789, ses membres et ses musiciens se trouvant alors désorientés, avant que d’être divisés, par les événements politiques du royaume.
• Voir : La Société Olympique (opuscule anonyme, 1786). L’orchestre de la Société Olympique (Jean-Luc Quoy-Bodin, Revue de Musicologie, 1984).
© Guy Chassagnard – 2016





