Le grade de Maître : sommet symbolique ou responsabilité oubliée ?
Le tablier de Maître Maçon – notamment au Rite Écossais Ancien et Accepté – représente pour beaucoup le sommet du parcours initiatique. Pourtant, une question essentielle demeure : tous les Maîtres Maçons sont-ils réellement préparés à l’engagement profond que ce grade implique ?
Dans la tradition maçonnique, le mot « maître » vient du latin magister, celui qui enseigne, qui transmet, qui élève. Être Maître n’est donc pas un titre honorifique, encore moins un statut protocolaire : c’est une mission, un engagement spirituel, moral et humain.
Être Maître Maçon : un exemple vivant
Le véritable Maître incarne ce que chaque Apprenti espère devenir.
Son attitude doit irradier :
- dévouement, éthique et altruisme,
- respect et humilité, patience et justice,
- amour fraternel, dignité et exemplarité.
Il transmet, souvent sans bruit, non seulement un savoir rituel ou symbolique, mais aussi une manière d’être, une cohérence intérieure, un amour sincère de l’Ordre.

Tous les Maîtres ne se valent pas
José Pellegrino Neto dans une de ces planche (voir ICI) dresse un constat lucide : dans nos loges, cohabitent plusieurs types de Maîtres :
- ceux qui parlent beaucoup mais n’enseignent rien,
- ceux dont les discours sont longs mais creux,
- ceux qui, par dureté, blessent sans jamais aider,
- ceux qui croient détenir seuls la vérité rituelle,
- ceux qui recherchent titres, décorations et préséances.
Ces Maîtres « protocolaires » fréquentent les loges sans en saisir la portée initiatique.
Beaucoup accèdent même au maillet par vanité ou manœuvres, plongeant parfois leur atelier dans le désordre.
L’exemple donné : première école du néophyte
Un Apprenti ou un Compagnon apprend d’abord par l’observation.
Comment garder discipline, silence, ordre et respect lorsqu’il voit :
- un Maître assis nonchalamment, col ouvert, jambes étendues,
- un autre somnoler ou bâiller en pleine tenue,
- des Maîtres Installés discuter, plaisanter ou regarder leur téléphone pendant le rituel ?
Le mauvais exemple crée de mauvais Maçons. Apprendre de travers est pire que ne rien apprendre.
Pour une Maîtrise engagée et cohérente
Les loges ne peuvent progresser que par un programme solide d’amélioration rituelle, liturgique et comportementale.
La Maîtrise ne doit pas être un refuge pour l’ego, mais une étape de dépassement personnel au service de l’Ordre.
Être Maître, ce n’est pas être « le plus expérimenté », mais être celui qui :
- s’engage, se dépasse, sert l’atelier, reste cohérent, incarne la sincérité maçonnique.
Un Maître rigide, bourré de préjugés ou enfermé dans l’illusion de son propre savoir ne peut mener personne vers la Lumière.
Le rôle essentiel des Maîtres vertueux
Heureusement, dans nos loges, il existe aussi des Maîtres rares et précieux : ceux qui éclairent, inspirent, élèvent.
Leur simple présence apporte :
- joie, paix, confiance, stabilité, profondeur spirituelle.
Ce sont eux qui portent réellement la franc-maçonnerie. Ce sont eux qui permettent aux loges de se développer.
Sans eux, il n’y aurait pas d’initiation au sens noble du terme.
L’engagement, cœur de la Maîtrise
La Maîtrise n’est pas un grade à conquérir mais une posture intérieure.
Elle demande constance, discipline, amour et humilité.
Comme le rappelle José Pellegrino Neto, c’est par l’exemple des Maîtres engagés que l’Ordre progresse et que les néophytes s’élèvent.
Sans cet engagement, la franc-maçonnerie deviendrait un simple protocole ; avec lui, elle retrouve sa vocation : transformer l’homme pour transformer le monde.




