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Maçonnerie et politique en Picardie ?

Le blog L’Aisne avec DSK tenu par Emmanuel Mousset anime publie un article en date du  20 février 2010, intitulé  « Maçonnerie et politique »,

Cet article tente de faire la « lumière » sur  l’influence politique de la franc-maçonnerie en Picardie » et qui selon l’auteur serait quasi-inexistante. Ce dernier argumente ses propos par trois « vénérables qualités maçonniques » pouvant se retourner en travers politiques : discrétion, fraternité et dialogue.

Propos d’un profane ou « d’un franc-maçon sans tablier » ….

Source :http://laisneavecdsk.blogspot.com/2010/02/maconnerie-et-politique.html

Bonjour à toutes et à tous.
Un journaliste d’un grand magazine national m’appelle hier pour savoir ce que je pense de l’influence politique de la franc-maçonnerie en Picardie, en vue d’un dossier à paraître sur ce sujet. Je lui réponds très directement que cette influence est inexistante. Je n’ai jamais compris pourquoi, en France, ce courant de pensée passait pour politiquement influent. Certes nous avons une vieille tradition d’extrême droite qui nous dépeint la maçonnerie sous des airs de comploteuse. Il y a aussi des maçons qui exagèrent leur importance pour se rendre avantageux. Mais tout ça ne résiste pas au banal constat, à l’évidence : jamais les loges n’ont fait gagner une élection, nationale ou locale (je ne parle ici que de la période contemporaine).


Je pense même que maçonnerie et politique ne font pas bon ménage. Les vertus de l’une se dégradent et se dénaturent quand elles s’introduisent dans l’autre. C’est aussi un constat : pas plus qu’un chrétien ne se distingue par son comportement évangélique dans sa vie professionnelle, un maçon ne se remarque par son comportement fraternel dans la vie politique. La maçonnerie est une grande école de réflexion, de dialogue et de tolérance, mais ces vertus ne caractérisent pas plus le frère que le camarade au sein d’un parti politique. Il ne reste plus grand-chose de l’esprit de la loge dans la vie d’une section.


Trois vénérables qualités maçonniques peuvent se retourner en travers politiques :


1- La discrétion, si mal considérée et comprise, est pourtant une garantie de sérieux dans la démarche et les débats maçonniques. Que les loges échappent à l’inquisition des médias et de l’opinion est une excellente chose, assez rare dans notre société du spectacle. Mais si, traduite en politique (où là la transparence la plus totale est souhaitable), la discrétion se transforme en dissimulation et en goût du secret, elle devient critiquable.


2- La fraternité maçonnique est admirable, puisqu’elle prend au pied de la lettre la vertu oubliée de la devise républicaine, dont nous devrions plus souvent nous inspirer. Mais si, dans une organisation politique ou un quelconque lieu de pouvoir, elle devient un vulgaire copinage, il faut s’en départir, et c’est d’ailleurs ce que font les grands maîtres des obédiences maçonniques, en condamnant régulièrement cette détestable pratique.


3- Le dialogue sincère et productif, si peu présent dans notre société plutôt friande de faux échanges, est l’apanage des loges. C’est leur légitime fierté que de pouvoir rassembler des citoyens de tous les bords de la République, droite et gauche ensemble. Mais si cette tolérance débouche en politique sur des formes d’indulgence ou de complaisance, le clivage naturel à la démocratie entre la gauche et la droite est alors édulcoré, et ce n’est plus une bonne chose.


Comment des liens de sympathie philosophique ne pourraient-ils pas se poursuivre dans le champ politique ? Il n’est pas impossible que Xavier Bertrand bénéficie d’une telle indulgence, quand on voit parfois le portrait flatteur qu’en dressent certains hommes de gauche et qui ne correspond pourtant pas à ce qu’il est et à ce qu’il fait (voir à ce sujet les chapitres 7 et 8 du livre de Ian Hamel, Xavier Bertrand, les coulisses d’une ambition).


Si je redoute un peu la collusion entre maçonnerie et politique, je compte en revanche beaucoup sur l’influence intellectuelle des obédiences. C’est dans ce domaine, et surtout pas en politique, qu’elles donnent le meilleur d’elles-mêmes, qu’elles sont indispensables à la vie de la République. Car les grandes réformes d’avenir trouvent dans la discipline maçonnique le calme, l’ouverture et l’introspection qui leur permettent de s’élaborer.


Pour ma part, j’ai deux ou trois fois été sollicité pour entrer en maçonnerie, je n’ai pas répondu positivement, pour une question de disponibilité et surtout de méthode : je penche plus, sans doute par métier, pour la démarche théorique que pour la démarche symbolique. Mais aucune n’est supérieure à l’autre, c’est seulement affaire de choix personnel. Ceci dit, dès qu’on m’invite à une tenue blanche, je m’y rends bien volontiers et j’y trouve intellectuellement beaucoup de plaisir. Philosophie des Lumières, rationalisme, laïcité, progressisme, je suis chez moi. Bref je suis un maçon sans tablier.

Bonne et fraternelle journée.
A.S.: