« Le succès n’est pas définitif, l’échec n’est pas fatal : c’est le courage de continuer qui compte. »
Winston Churchill
Il y a quelques années, j’ai visité une Loge pour y remplir une fonction maçonnique. Avant la réunion, j’ai remarqué le Vénérable Maître assis dans un coin, seul. Il semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. Je suis allé m’asseoir près de lui. Nous avons commencé à parler de la vie et de la Maçonnerie. Je lui ai alors dit qu’il paraissait préoccupé et je lui ai demandé si quelque chose n’allait pas. Il m’a répondu qu’il était frustré car tout ce qu’il essayait d’entreprendre dans sa Loge semblait échouer.
Il se souvenait d’avoir organisé une conférence lors d’une tenue, avec un excellent orateur. Il en avait fait la promotion dès qu’il était 1er Surveillant. Mais le soir venu, il n’y eut pas assez de frères présents pour ouvrir la Loge. Il en fut blessé et profondément embarrassé. Lors d’une autre réunion, il proposa un barbecue fraternel. Immédiatement, des discussions éclatèrent quant au lieu de l’événement. Un frère, furieux du choix retenu, quitta la Loge en jurant de ne jamais revenir.
Cette Loge, déjà peu nombreuse, semblait en réalité divisée en deux ou trois factions. Chaque groupe défendait ses propres positions, sans volonté de collaborer avec les autres. Le jeune Vénérable paraissait à bout de ressources ; il alla jusqu’à confier qu’il voulait tout simplement abandonner.

Succès, échec et cheminement personnel
Je crois qu’il faut comprendre que succès et échec sont des notions relatives. Dans certaines Loges, on peut dire qu’un Vénérable a accompli une bonne année rien que parce qu’il a pu ouvrir régulièrement la Loge : c’est déjà une victoire. Dans d’autres, les attentes sont plus complexes. Mais au fond, les objectifs en franc-maçonnerie sont avant tout personnels.
La Maçonnerie nous offre des outils pour nous perfectionner en tant qu’êtres humains. Notre responsabilité est de nous améliorer nous-mêmes. Ce n’est ni notre rôle ni notre droit de forcer autrui à « s’améliorer ». Cela supposerait que nous savons mieux que lui ce qui est bon pour lui, et cela le priverait du bénéfice de son propre cheminement.
Nous progressons en prenant des décisions personnelles, en découvrant ce qui est juste pour nous. Même si nous croyons qu’un frère est sur la mauvaise voie, intervenir de manière autoritaire peut l’empêcher d’apprendre par lui-même et de tirer profit de ses erreurs. Forcer une direction, c’est parfois l’éloigner de son véritable chemin.
Ce principe vaut aussi bien pour les individus que pour les Loges.
Les Loges, comme les hommes
Nombreuses sont les Loges qui semblent avoir leur propre personnalité, à l’image des personnes :
- certaines sont chaleureuses et accueillantes,
- d’autres sont froides et distantes,
- certaines fonctionnent avec fluidité,
- d’autres luttent continuellement.
Certaines recherchent de l’aide, d’autres jamais. De même que nous ne pouvons être amis avec tout le monde, nous ne pouvons pas être en harmonie avec toutes les Loges.
Reconnaître que l’on ne partage pas la même vision qu’une autre Loge ou qu’une autre personne n’est pas un échec. Chacun suit sa voie. Le blâme ne mène à rien. Aujourd’hui, certaines Loges veulent explorer les dimensions profondes de la Maçonnerie, renouer avec les outils de nos anciens Frères ; d’autres préfèrent une approche plus simple. C’est leur droit.
Trouver sa Loge
Si vous êtes dans une Loge où rien de ce que vous entreprenez ne semble porter ses fruits, ne soyez pas découragé. Peut-être que cette Loge suit simplement un chemin différent du vôtre. Dans ce cas, rejoignez-en une autre, plus en phase avec votre conception de la Maçonnerie.
Ce n’est ni de la déloyauté, ni un échec. La véritable faute serait de rester enfermé dans une voie dont nous savons au fond de nous qu’elle n’est pas la bonne.
Michael R. Poll




