L’orgueil, invité clandestin du Temple
La franc-maçonnerie se veut une école de sagesse, d’humilité et de fraternité. Pourtant, il suffit d’ouvrir les yeux : l’orgueil rôde partout, et souvent là où l’on devrait le moins le trouver.
Dans les décors étincelants, dans la fierté excessive de porter un titre, dans l’assurance d’avoir « compris » le symbolisme mieux que les autres, l’orgueil s’infiltre et pervertit l’initiation.
Combien de frères et sœurs se croient déjà maîtres, alors qu’ils n’ont pas même commencé à tailler sérieusement leur pierre brute ? Combien s’enivrent de fonctions et de pouvoirs symboliques, oubliant que ces offices sont des charges de service et non des trônes d’autorité ?
Quand l’ego remplace l’initiation
L’orgueil est sans doute le plus dangereux des vices maçonniques, car il se déguise en vertu.
Un maçon orgueilleux peut parler avec éloquence de fraternité, de tolérance et d’humilité… tout en cherchant à briller, à dominer, à imposer ses vues.
Là est le piège : l’ego sait se maquiller de belles paroles.
Or, l’initiation exige tout l’inverse. Elle suppose de reconnaître ses limites, d’admettre son ignorance, de se mettre à l’écoute. Celui qui croit savoir n’apprend plus. Celui qui croit dominer n’est déjà plus libre. L’orgueil n’est pas seulement une faiblesse morale : c’est une rupture du processus initiatique.

Les décors et les titres : outils ou pièges ?
Il faut avoir le courage de le dire : certains francs-maçons confondent le port d’un tablier richement orné avec la possession d’une véritable lumière intérieure.
Les décors, les grades, les titres, ne sont que des symboles pédagogiques. Mais pour celui qui les prend au premier degré, ils deviennent des trophées, des preuves de supériorité.
Alors la loge, au lieu d’être un atelier de travail sur soi, se transforme en salle de parade, et l’initiation en simple théâtre.
L’orgueil détruit la fraternité
L’orgueil isole.
Celui qui se croit supérieur cesse d’écouter. Celui qui veut briller écrase la parole des autres. Celui qui pense détenir « la vérité » méprise ceux qui doutent encore.
Mais qu’est-ce qu’une loge sans écoute, sans partage, sans égalité dans la parole ? Rien d’autre qu’une scène pour flatter des ego fragiles.
La fraternité n’existe que dans l’humilité : reconnaître que l’autre a quelque chose à m’apporter, même s’il est apprenti, même s’il se trompe, même s’il n’a pas les mots justes.
L’antidote : humilité et lucidité
L’orgueil est une ombre constante, il ne disparaît jamais complètement. Mais l’initié doit apprendre à le reconnaître et à le combattre.
Être humble, ce n’est pas se rabaisser. C’est comprendre que le travail sur soi est infini. C’est admettre que, même après trente ans de maçonnerie, je ne suis encore qu’un apprenti devant l’immensité du symbolisme et du mystère.
Un frère ou une sœur véritablement avancé(e) n’a pas besoin de titre ni de décor pour rayonner : sa lumière intérieure se perçoit naturellement, sans éclat ostentatoire.
La vraie épreuve initiatique
L’orgueil en franc-maçonnerie est une épreuve permanente. C’est peut-être même l’épreuve la plus difficile, car elle ne se franchit pas une fois pour toutes.
Chaque office, chaque reconnaissance, chaque progrès dans le rituel peut réveiller ce démon intérieur.
Alors posons la question, sans détour :
- Sommes-nous entrés en maçonnerie pour nous élever au-dessus des autres, ou pour nous élever avec eux ?
- Cherchons-nous à briller en loge, ou à nous éclairer ensemble ?
- Sommes-nous des bâtisseurs d’humanité, ou simplement des comédiens en quête d’applaudissements ?
Voilà la provocation nécessaire. Car si l’orgueil prend racine dans nos loges, il n’y aura plus de fraternité, plus de lumière, plus de vérité. Il ne restera que des hommes et des femmes déguisés en initiés.
Et dans ce cas, oui, la franc-maçonnerie trahirait son serment le plus sacré : être une école de liberté, d’égalité et de fraternité.
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