Cet article est basé sur un article publié le 7 octobre 2025 dans The Week UK, intitulé « How much influence do Freemasons have in the UK? », de Chas Newkey-Burden.
Une consultation lancée par Scotland Yard
La police métropolitaine de Londres (Met) a ouvert une consultation visant à savoir si l’appartenance à la franc-maçonnerie devait être ajoutée à la liste des « associations déclarables » par ses agents.
En clair, les policiers pourraient être contraints de signaler à leur hiérarchie leur adhésion à une loge maçonnique.
Cette réflexion fait suite à des interrogations sur l’impact possible de cette appartenance sur :
- les enquêtes judiciaires,
- les promotions internes,
- ou encore la gestion des fautes professionnelles.
Une suspicion ancienne
Cette initiative s’inscrit dans le prolongement d’un rapport sur le meurtre non élucidé du détective privé Daniel Morgan (1987). Le document soulignait que l’adhésion de policiers à la franc-maçonnerie avait été une source récurrente de suspicion et de méfiance dans plusieurs enquêtes.
Depuis des décennies, la franc-maçonnerie britannique est entourée de rumeurs sur son influence dans les forces de l’ordre et la vie publique.

La réponse de la Grande Loge Unie d’Angleterre
Pour Adrian Marsh, Grand Secrétaire de la Grande Loge Unie d’Angleterre (UGLE), cette stigmatisation repose sur une incompréhension.
Il compare le fait d’obliger un franc-maçon à se déclarer à celui de forcer une personne à révéler sa sexualité. Selon lui, cela constituerait une atteinte aux droits humains fondamentaux.
Une image entre clichés et transparence
La presse britannique rappelle que, jadis, « la moitié des policiers de Londres » auraient appartenu à la franc-maçonnerie, et l’autre moitié à la City.
Aujourd’hui, certains plaident pour une transparence accrue, afin de vérifier si les promotions ou enquêtes ne sont pas influencées par des loges communes.
Mais d’autres estiment qu’obliger les policiers à reconnaître leur participation à des rituels maçonniques ferait perdre à la question son caractère « mystérieux », la rendant presque banale.
Un renouveau maçonnique à Londres
Parallèlement, la franc-maçonnerie britannique connaît une certaine renaissance :
- l’âge minimum d’entrée est passé de 21 à 18 ans,
- les loges utilisent désormais les réseaux sociaux (notamment TikTok),
- les nouvelles recrues sont plus jeunes, plus diversifiées ethniquement et socialement.
Ce « club d’hommes vieux de 350 ans » séduit donc une nouvelle génération de Londoniens, curieux de rejoindre une organisation à la fois ancestrale et en mutation.
Quelles suites possibles ?
La Met discutera prochainement avec la Grande Loge Unie d’Angleterre de la mise en œuvre éventuelle de cette obligation de déclaration.
La police a indiqué que d’autres organisations pourraient également être concernées, notamment celles susceptibles de mettre en cause l’impartialité des agents ou de provoquer des conflits de loyauté.
L’affaire illustre la tension permanente entre la perception de la franc-maçonnerie comme une organisation secrète influente, et sa volonté d’apparaître comme une fraternité transparente et citoyenne.
Dans un Royaume-Uni en quête de confiance envers ses institutions, la question est simple : la franc-maçonnerie est-elle une force discrète de cohésion ou un facteur de suspicion ?




