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LILLE, CITÉ DES LUMIÈRES ET DE FRANC-MAÇONS

Actualités | 3 octobre 2025 | 0 | by A.S.

Cet article est extrait du bulletin d’octobre 2005, publié initialement sur lille-ancien.com – Lille et la franc-maçonnerie.

La franc-maçonnerie s’implante à Lille dès le 6 novembre 1744 avec la création de la première loge, dite de Saint-Jean, bientôt rebaptisée Ancienne de Saint-Jean. Elle ne tarda pas à voir éclore autour d’elle d’autres ateliers tels que l’Union Indissoluble (1746), la Fidélité (1761), la Vertu Triomphante (1764) et les Amis Réunis (1766). Ces foyers intellectuels et fraternels se transformèrent au gré du siècle : en 1774, l’Ancienne de Saint-Jean fusionna avec la Vertu Triomphante pour donner l’Heureuse Réunion, active jusqu’en 1785, date de naissance de la loge La Modeste.

Portrait de François Verly. Lithographie de Boldoduc d’après Bouchardy.

Comme dans bien d’autres villes de province au XVIIIᵉ siècle, les loges lilloises réunissaient notables, aristocrates, militaires, membres du clergé et parfois des femmes. Ces assemblées, inspirées par la philosophie des Lumières, s’intéressaient au progrès des sciences, à la liberté de l’économie, à l’éducation et à la diffusion de la raison. L’une des familles les plus marquantes de cette époque fut celle des Panckoucke, libraires et imprimeurs, dont l’influence accompagna la fondation, en 1785, d’un Collège des Philalèthes. Cette société restreinte, composée d’une quarantaine de frères issus de loges différentes, se voulait un cercle ouvert à des personnalités cultivées et influentes. Accueillie à l’hôtel du maréchal de Soubise, alors gouverneur de la province, elle ambitionnait de transformer les loges en véritables académies bourgeoises attentives aux progrès des arts, de l’industrie et de l’homme éclairé. La Révolution mit cependant un terme à cette expérience, même si son esprit survécut dans la mémoire des Lillois.

Après la tourmente révolutionnaire, la franc-maçonnerie retrouva naturellement sa place. Les administrations républicaines, consulaires et impériales se montrèrent favorables aux frères, et de nombreux dignitaires, qu’ils fussent monarchistes ou républicains, furent instruits en loge. L’architecte lillois François Verly incarne parfaitement cette continuité : initié, il servit le Roi, la Révolution, le Consulat et l’Empire, et termina sa carrière à Bruxelles au service du gouvernement de Guillaume d’Orange. Ses grands projets, imaginés après les bombardements autrichiens de 1792, auraient pu métamorphoser Lille en une ville symbolique des idéaux maçonniques et des Lumières, avec prytanée, beffroi, théâtre du peuple, thermes et place de la Reconnaissance.

Projet de François-Joseph Belanger pour un grand théâtre des Arts, à Paris, présenté en mars 1789.

Le XIXᵉ siècle vit les loges lilloises se développer autour des œuvres de bienfaisance et de réflexion, mais aussi évoluer avec les débats de leur temps. Après 1877, lorsque le Grand Orient de France supprima l’obligation de croyance en Dieu, la franc-maçonnerie s’orienta résolument vers la défense de la laïcité et de la République, au prix d’un anticléricalisme affirmé qui la rapprocha des milieux ouvriers, tandis que les catholiques se ralliaient aux courants monarchistes et bonapartistes. Ces tensions trouvèrent un écho dans l’affaire Dreyfus.

À Lille, la loge La Lumière du Nord, fondée en 1893, incarne ce tournant. Elle fut dirigée jusqu’à sa mort par Charles Debierre (1853-1932), médecin, professeur, homme politique et Grand Maître du Grand Orient de France. Son engagement républicain, son rôle fondateur de l’Université Populaire et sa présence au Sénat firent de lui l’une des figures majeures de la franc-maçonnerie du Nord. Sous son impulsion, la loge fit construire en 1914 son temple rue Thiers, œuvre de l’architecte Albert Baert, dont la façade et le décor intérieur restent aujourd’hui un témoignage éclatant du symbolisme maçonnique et de son inscription dans la vie de la cité.

D’autres architectes francs-maçons marquèrent profondément le paysage urbain. Albert Baert, déjà cité, conçut de nombreux édifices à Roubaix et à Lille où les symboles maçonniques, parfois discrets, s’intègrent aux façades et aux décors. Émile Dubuisson (1873-1947) fut quant à lui l’un des artisans de la modernisation de la ville entre les deux guerres, signant notamment l’hôtel de ville et son beffroi, phares de la cité et de son identité républicaine.

Vue du Beffroy et du Prytanée (salle d’assemblée pour les représentants du Peuple).

Le cimetière de l’Est conserve aujourd’hui la mémoire de cette histoire. Plusieurs tombes y affichent des symboles maçonniques, de celle d’Alphonse Bianchi, journaliste républicain, à celles d’Eugène Jacquet, de Charles Debierre, d’Albert Baert et d’Émile Dubuisson, dont la stèle se pare du compas, de l’équerre et du rapporteur, rappelant tout à la fois l’outil de l’architecte et les emblèmes de la fraternité initiatique.

La franc-maçonnerie lilloise reste encore aujourd’hui vivante et active. Elle continue à œuvrer pour l’affranchissement des esprits et de la conscience, fidèle à ses trois secrets fondamentaux – celui de l’appartenance, celui des rites et celui des délibérations – qui alimentent toujours l’imaginaire collectif. Entre mémoire historique, empreinte architecturale et engagement intellectuel, elle conserve une place singulière dans l’histoire et la vie culturelle de Lille.


Références

  • Daniel Ligou (dir.), Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie, éd. du Prisme/Navarre, 1974
  • Louis Trenard, Le Collège des Philalèthes de Lille (1785-1789)
  • Daniel Morfouace, Chronique d’une loge lilloise, 1893-1940

Article extrait du bulletin d’octobre 2005. Source : lille-ancien.com – Lille et la franc-maçonnerie

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