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L’HOMME EST-IL UN LOUP POUR L’HOMME ? JUSTICE, PEUR ET CONTRAT SOCIAL

Planches, Réflexions | 23 décembre 2025 | 0 | by A.S.

« Homo homini lupus » : l’homme serait-il naturellement dangereux pour l’homme ? Derrière cette formule choc, une question plus vaste se cache : qu’est-ce qu’une société juste, et comment éviter que la vie commune ne se transforme en rapport de force permanent ?

La justice (et particulièrement la justice sociale) n’est pas un luxe moderne. Elle traverse l’histoire humaine comme une blessure et un idéal : on la réclame quand on souffre, on la redéfinit quand on gouverne, on la soupçonne quand elle semble servir les puissants. Et surtout : elle ne se fixe jamais. La question « Est-ce juste ? » revient sans cesse, parce que les sociétés changent, les valeurs s’entrechoquent, et nos visions de l’être humain ne sont pas les mêmes.


Une idée simple… impossible à simplifier

John Rawls, l’un des grands penseurs moraux du XXe siècle, a formulé une phrase qui résume l’exigence de la justice avec une brutalité lumineuse : si une théorie est fausse, on l’abandonne ; si des institutions sont injustes, on doit les modifier ou les abolir, même si elles sont efficaces.

Dit autrement : l’efficacité ne suffit pas. On peut organiser une société très performante… et pourtant inéquitable. C’est là que tout se complique, parce qu’on touche au cœur des conflits contemporains : égalité, mérite, droits, responsabilité, solidarité, libertés.

Et comme le souligne l’éthicienne Susanne Boshammer (dans ton texte), la justice est indiscutablement nécessaire, mais sa mise en œuvre divise. Car appliquer la justice exige de choisir : sur quels critères distribuer ? Qu’est-ce qu’une réparation ? Qui décide ? Au nom de quelle conception de l’homme ?


Les Grecs : justice naturelle ou justice sociale ?

Dès l’Antiquité, les sophistes posent une alternative fondatrice :

  • La justice est-elle dans la nature ? (donc universelle, “évidente”, presque biologique)
  • Ou est-elle une construction sociale ? (donc variable, négociée, politique)

Platon met au centre l’harmonie : justice de l’âme et justice de la cité se répondent. Dans une société juste, chacun occupe la place qui convient à sa nature et à sa fonction. La justice devient alors un principe d’ordre, presque musical : chaque voix à sa partition.

Aristote, lui, découpe la justice en mécanismes :

  • une justice distributive (répartir biens et charges selon des critères),
  • une justice corrective (réparer, compenser, indemniser).

Déjà apparaît une tension qui ne nous quittera plus : mérite ou égalité ? Récompenser selon la contribution, ou protéger selon le besoin ?


De la justice céleste à la justice terrestre

Pendant des siècles, la pensée occidentale a porté une vision double : une justice humaine forcément imparfaite, et une justice parfaite “ailleurs” (au ciel, dans l’au-delà, dans un ordre supérieur). Cette perspective a nourri autant l’espérance que la résignation : si l’injustice est partout, peut-être est-elle “normale”… ou provisoire.

Mais à mesure que l’État moderne se construit, une autre idée surgit : si la justice n’est pas garantie d’en haut, elle doit être fabriquée ici, par des institutions, des lois, des contrats, des contre-pouvoirs.


Hobbes : la peur comme origine de l’État

Avec Hobbes, on bascule. Il affirme que l’état naturel ressemble à une guerre de tous contre tous : l’homme loup pour l’homme. Dans ce monde-là, la justice n’existe pas encore, car il n’existe pas d’arbitre commun.

La solution ? Un pacte : les individus transfèrent une part de leur puissance à l’État, pour obtenir sécurité et droits. C’est une vision dure, presque clinique : la justice n’est possible que si une force commune empêche la violence privée.

Hobbes met ainsi le doigt sur une vérité inconfortable : une société “juste” suppose parfois de limiter certaines libertés (ou plutôt : d’organiser les libertés) pour éviter que le plus fort ne fasse loi.


Rousseau : la propriété, la fracture, et la “volonté générale”

Rousseau, lui aussi, parle de contrat social, mais avec un diagnostic opposé : le mal ne vient pas d’une nature humaine irrémédiablement violente, mais d’un basculement historique : la propriété privée qui crée domination, inégalités, dépendances.

Son pari est radical : une communauté peut se donner des lois communes si chacun accepte de se reconnaître dans la volonté générale — jusqu’à accepter des décisions contre son intérêt immédiat. C’est à la fois l’idéal le plus exigeant… et le plus dangereux si on le détourne, car au nom du “bien commun”, on peut aussi écraser les consciences.


Kant : justice et loi morale universelle

Avec Kant, la justice ne repose pas seulement sur le pacte ou l’intérêt, mais sur une loi morale : l’impératif catégorique. Agir de telle sorte que la règle de ton action puisse valoir comme règle universelle.

Cela ramène la justice à une question très intime : que vaut mon acte si tout le monde faisait pareil ?
La justice n’est plus uniquement une affaire d’institutions : elle devient une discipline intérieure.


Droit positif vs droit naturel : qui fonde la justice ?

À l’époque moderne, une autre ligne de fracture apparaît :

  • Le droit positif : est juste ce que l’État édicte et reconnaît comme droit.
  • Le droit naturel : il existe des principes de justice au-dessus des lois, que la loi devrait respecter.

C’est une tension permanente : faut-il obéir à la loi parce qu’elle est la loi, ou la juger selon une norme supérieure (dignité humaine, droits fondamentaux, valeurs universelles) ?


Rawls : la justice comme équité et le “voile d’ignorance”

Rawls propose une expérience de pensée fascinante : imaginons que nous devions choisir les règles de la société sans savoir quelle place nous y occuperons : riche ou pauvre, en bonne santé ou fragile, né ici ou ailleurs, favorisé ou discriminé.

Ce “voile d’ignorance” est une machine à produire de l’équité : puisqu’on pourrait tomber du “mauvais côté”, on choisira des règles qui protègent chacun.

Rawls relie alors deux pôles souvent opposés :

  • libertés individuelles fortes
  • justice sociale réelle (pas seulement déclarée)

Alors… l’homme est-il un loup ?

La force de cette question, c’est qu’elle piège. Si on répond “oui”, on justifie facilement l’autoritarisme : puisque l’humain est dangereux, il faut le tenir.
Si on répond “non”, on risque la naïveté : puisque l’humain est bon, la justice viendra d’elle-même.

La réalité est probablement plus dérangeante :
l’homme peut être loup… surtout quand les règles sont floues, injustes, ou ressenties comme humiliantes.
Et il peut être frère… quand la société rend la coopération plus rationnelle et plus digne que la prédation.

Autrement dit : la justice n’est pas seulement une morale, c’est aussi une architecture. Une manière d’organiser les relations humaines pour que le meilleur ait une chance de gagner contre le pire.


Une piste pour aujourd’hui : moins “avoir raison”, plus chercher le socle commun

Ton texte se termine sur une intuition précieuse : au lieu de rester prisonniers des querelles de position, il faudrait identifier les valeurs sous-jacentes : besoin, mérite, égalité, liberté, sécurité, dignité, reconnaissance.

C’est souvent là que le débat devient fécond :

  • Certains défendent la justice comme réparation.
  • D’autres comme égalité des chances.
  • D’autres comme récompense du mérite.
  • D’autres comme protection des plus vulnérables.
  • D’autres comme liberté de choisir sa vie.

Aucune de ces intuitions n’est totalement fausse. Elles deviennent destructrices quand elles se prétendent uniques.

La justice n’est pas un monument : c’est un chantier.
Et ce chantier ne se clôt jamais, parce que les sociétés changent — et que l’homme, loup ou frère, change avec elles.

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