La Franc-Maçonnerie se présente comme une école de transformation personnelle et collective. Chacun y entre avec le serment de chercher la Lumière, de travailler à son perfectionnement moral et spirituel, et de contribuer à l’édification d’un monde plus juste.
Pourtant, dans toutes les obédiences et à toutes les époques, apparaissent ceux que l’on pourrait appeler « les profiteurs du Temple » : des individus qui voient dans l’Ordre un tremplin, une vitrine ou un réseau à exploiter, plutôt qu’un chemin initiatique.
Qui sont les profiteurs du Temple ?
On ne peut dresser un portrait unique, mais certaines attitudes récurrentes se dégagent :
- L’opportuniste social : celui qui recherche avant tout les relations, les titres et la notoriété.
- Le marchand déguisé : celui qui voit dans la Loge un vivier de clients ou de partenaires d’affaires.
- Le carriériste : celui qui multiplie les charges et fonctions non par sens du service, mais pour se placer sous les projecteurs.
- Le dilettante : celui qui consomme la fraternité comme un divertissement, mais n’investit ni dans l’étude symbolique, ni dans le travail intérieur.
Ces profils ne sont pas toujours visibles immédiatement. Ils avancent parfois masqués, profitant de la confiance et de l’esprit d’ouverture de l’Ordre.

Pourquoi est-ce un problème pour l’Ordre ?
Les profiteurs détournent le Temple de sa finalité. Au lieu d’élever, ils tirent vers le bas.
- Ils affaiblissent la sincérité du serment en transformant l’initiation en simple adhésion sociale.
- Ils découragent les véritables chercheurs, qui s’attendaient à trouver un espace de travail intérieur et se heurtent à des comportements profanes.
- Ils affaiblissent la crédibilité de l’Ordre vis-à-vis du monde extérieur, qui y voit alors un club d’influence ou une société de services réciproques.
Que révèle leur présence ?
La présence de profiteurs est aussi un miroir pour la Maçonnerie elle-même. Elle interroge :
- Les loges sélectionnent-elles avec discernement ?
- Les anciens accompagnent-ils vraiment les apprentis dans la compréhension de l’initiation ?
- L’Ordre rappelle-t-il assez clairement sa mission spirituelle et humaniste ?
En d’autres termes, le profiteur du Temple n’est pas seulement un « intrus » : il est aussi le symptôme d’un relâchement du travail collectif.
Comment y répondre ?
Plutôt que d’exclure brutalement ou de juger, la Franc-Maçonnerie a pour vocation de transformer.
Mais cette transformation suppose :
- Un rappel ferme des fondamentaux : la Loge n’est pas un club, encore moins un marché.
- Une vigilance bienveillante : accompagner chaque Frère et Sœur pour les ramener vers l’essentiel.
- Une exemplarité des Maîtres : montrer par l’exemple que le travail maçonnique n’a pas de prix, mais demande engagement et constance.
Les profiteurs du Temple ne sont pas une fatalité, mais une épreuve.
Ils rappellent que l’Ordre doit rester exigeant, fidèle à son serment et à sa mission initiatique.
Le Temple n’est pas un lieu où l’on prend, mais un espace où l’on donne, où l’on taille sa pierre pour l’édifice commun.
En rappelant cela, nous préservons la dignité de l’initiation et la force de la Fraternité.




