X

LES ANCIENNES CONSTITUTIONS – MISCELLANÉES MAÇONNIQUES

MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.


Chronique 81

1722 – Les Anciennes Constitutions

Le titre exact de l’ouvrage est Les Vieilles Constitutions de l’ancienne et honorable Société des Maçons libres et acceptés  (The Old Constitutions of the ancient and honourable Society of free and accepted Masons) ; imprimé et vendu – six pence pour une trentaine de pages – à Londres par J. Roberts, installé à Warwick-Lane.

 

Sa date de publication (1722), précède d’une année celle du célèbre Livre des Constitutions du pasteur James Anderson, dont il sera fait mention plus loin. Ce qui sème une certaine confusion dans l’appréhension des deux textes, pour­tant distincts.

 

On ignore où l’imprimeur londonien est allé quérir ses sources pour diffuser les premières divulgations imprimées que l’on connaisse de nos jours, vraisemblablement dans des documents manuscrits datant de la seconde moitié du XVIIe siècle.

 

Le texte de l’ouvrage, qui fut dans un premier temps publié en cinq épisodes dans les colonnes du journal londonien The Post Man – suite à une lettre de lecteur foncièrement antimaçonnique –, rappelle celui des Anciens Devoirs ma­nuscrits précédents.

 

Notamment dans sa présentation des Sciences libérales, son Histoire de la Maçonnerie – du Déluge de Noé au patronage maçonnique du roi Athelstan –, ainsi que par ses commandements et règlements divers.

 

D’essence opérative, les Constitutions Roberts semblent – mais nul ne peut le prouver  – avoir inspiré James Anderson pour la rédaction de son propre ouvrage, paru quelques mois plus tard. Tant et si bien que les francs-maçons, tant anglais qu’étrangers, ont pris l’habitude de citer les Constitutions d’Anderson et d’oublier les Constitutions Roberts.

 

 

 


© Guy Chassagnard – Auteur de La France-Maçonnerie en question (Éditions Dervy – 2017) & du  Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Éditions Segnat, 2016).


 

A.S.:

View Comments (1)

  • Pas du tout mon cher Guy. Désolé de te contredire
    D'abord, le syntagme "the ancient and honourable Society of free and accepted Masons" désigne dans la terminologie rédactionnelle des journaux de l'époque et de manière constante (à quelques variantes près) et au moins jusqu'en 1750 (limite de mon étude) la Grande Loge de Londres et de Westminster devenue après 1730 Grande loge d'Angleterre.
    L'article de journal qui relate cette publication (j'ai le fac similé) paru dans le Stamford Mercury du 13 septembre 1722 dit exactement:
    « Les anciennes constitutions appartenant à l’ancienne et honorable société des Maçons libres et acceptés. Tirées d’un manuscrit écrit il y a environ cinq cents ans. »
    Or cet ancien manuscrit est évoqué dans la note de Stukeley qui relate l'élection du Duc de Montagu à la Grande Maîtrise. « 24 juin 1721 : "Les Maçons eurent un banquet à Stationer hall. Etaient présents, le duc de Montagu, Lord Hebert, Lord Stanhope et cetera. Le Dr Desaguliers fit un discours. Le Grand Maître M. PAYNE présenta un ancien manuscrit de Constitutions vieux de 500 ans qu’il avait obtenu dans l’ouest de l’Angleterre. Il relut une nouvelle série de règlements devant être observés. Le Duc de Montagu fut choisi comme Grand Maître pour l’année suivante et le Dr Beal comme député Grand Maître. »
    On est donc en plein dans le mécanisme de l'emprunt. La Grande Loge qui cherche à se donner une antériorité mythique pour mieux légitimer sa fondation est allé chercher de vieux manuscrits pour lui donner la patine qu'elle souhaitait.
    C'est le Duc de Montagu qui avait commandité une Constitution qui s'inscrit dans la logique institutionnelle de la Grande Loge, première obédience de la nouvelle Franc-Maçonnerie, qui s'agrège ou crée des Loges en leur délivrant des constitutions. James Anderson avait reçu commande de la partie historique des Constitutions, mais son travail initial n'avait pas plu au Duc qui avait chargé un comité de 14 frères érudits pour le corriger. On peut donc penser que le livre de l'imprimeur Roberts est cette première mouture retoquée par Montagu.