Le voyage du compagnon de Mozart
Dans la version de Mozart de la chanson du voyage du compagnon, l’utilisation d’un orgue comme instrument d’accompagnement est surprenante, puisque la composition originale de Holzer n’était accompagnée que d’un clavecin. En effet, la loge « Zur Wahren Eintracht » avait acheté un orgue pour que les chants « pour éveiller la dévotion » puissent être accompagnés par un orgue. L’instrument sort ainsi de son cadre ecclésiastique pour créer une ambiance spirituelle lors des réunions maçonniques.
À première vue, les paroles ne semblent guère religieuses, mais elles évoquent clairement La Flûte enchantée.
Vous qui approchez maintenant d’un nouveau degré de connaissance,
avancez fermement sur votre chemin !
Savoir ! C’est le chemin de la sagesse.
Seul l’homme infatigable peut s’approcher de la source de lumière.
Emportez avec vous la bénédiction, ô pèlerins, pour accompagner vos frères !
La prudence est toujours à vos côtés !
La curiosité guide vos pas !
Testez, et ne devenez jamais sujet à l’aveuglement, porteur de folie !
Le voyage de la vie est rude, mais doux est aussi le prix
qui attend le vagabond, qui sait utiliser son voyage à bon escient.
Heureux ceux qui peuvent dire un jour : il y a de la lumière sur mon chemin !
« Le voyage de la vie » est ici décrit comme un parcours vers la lumière, destiné à conduire le vagabond en quête de sagesse à une illumination symbolique. Le vers « Prenez, ô pèlerins, pour vous accompagner les bénédictions de vos frères » a une connotation spirituelle forte, non purement métaphorique. Les chants maçonniques de Mozart mêlent souvent religieux et profane dans une harmonie symbolique. La philosophie de Newton et Boyle, elle-même, nourrissait une vision religieuse du monde conciliable avec la science.
Le nom de la loge « Charité » de Mozart témoigne de cette orientation : la bienfaisance comme expression religieuse dans ce monde. La recherche de connaissance doit également atténuer les difficultés terrestres.
Dans les mesures 20 à 24, Mozart répète les vers pour les souligner. Il abandonne les basses d’Alberti au profit d’un accompagnement par accords. À la mesure 22, un accompagnement renforcé par des accords enchaînés est utilisé. Des procédés comme les chaînes d’accords de sixte et les sauts harmoniques renforcent l’intensité — notamment sur « seul l’homme non découragé… ».

Ainsi, Mozart utilise pleinement les outils musicaux pour mettre en valeur les idées centrales du texte de Ratschky, alignées avec la pensée maçonnique. Le style musical maçonnique se fait ici le véhicule d’un message initiatique cohérent.
Source : http://mvmm.org





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