Il suffit d’ouvrir un écran pour entendre le même maillet frapper : urgence, scandale, indignation, camp, contre-camp. L’actualité ne raconte plus le monde : elle le secoue. Elle ne demande plus qu’on comprenne : elle exige qu’on réagisse. Et vite. Très vite. Avant que le sujet ne refroidisse et que la meute ne change de proie.
Le pire ? Nous croyons participer à l’Histoire alors que nous ne faisons souvent que gonfler le bruit.
LA PIERRE BRUTE À L’ÈRE DU “LIVE”
On nous vend l’instant comme une vertu : « sois informé », « sois engagé », « sois du bon côté ». Résultat : on confond la vigilance avec l’agitation, la conscience avec le commentaire, la justice avec le tribunal permanent.
La pierre brute, elle, ne se taille pas en “story”.
Elle ne s’améliore pas à coups de slogans copiés-collés, ni à force de prendre position sur des sujets qu’on a compris en… 12 secondes.
À ce rythme, l’Apprenti ne travaille plus : il scrolle.
Le Compagnon ne construit plus : il réagit.
Et le Maître ? Il se contente parfois d’un “avis” bien présenté — une belle façade sur une maison vide.
LA RÉPUBLIQUE DES INQUISITEURS FATIGUÉS
Le spectacle est rodé : une phrase sortie de son contexte, une photo sans nuance, une rumeur qui fait mieux que la vérité. Puis le rituel profane : dénonciation, bannissement, purification morale. On appelle ça “responsabiliser”. C’est souvent juste humilier à plusieurs pour se sentir innocent tout seul.
Et là, soyons francs :
la vertu devenue performance n’est plus une vertu, c’est un commerce.
On “prend position” comme on met un badge sur sa veste : pour être vu, pas pour être juste.
La maçonnerie, elle, connaît une règle que l’époque déteste : se taire avant de juger.
Chercher le vrai, avant de chercher le coupable.
L’INDIGNATION : UNE DROGUE QUI NE GUÉRIT RIEN
La colère peut être noble. L’indignation peut réveiller. Mais à dose quotidienne, c’est une intoxication. Elle donne l’illusion d’agir : on tremble, on tape, on partage, on excommunie — et on s’endort rassuré : “au moins, moi, je suis du bon côté”.
Sauf que le monde, lui, n’est pas “un côté” et “l’autre”.
Le monde est un chantier. Un chantier sale. Humain. Contradictoire.
Le REAA parle d’élévation : pas l’élévation du ton, l’élévation de l’être.
LE TEMPLE N’A PAS BESOIN DE HÉROS, IL A BESOIN D’HOMMES DEBOUT
Provocation (oui) :
Beaucoup se disent “engagés” parce qu’ils ont une opinion.
Mais l’engagement commence souvent quand l’opinion coûte quelque chose : du temps, de la cohérence, une remise en question, un service rendu, une main tendue à quelqu’un qui ne pense pas comme vous.
Le monde actuel produit des militants de clavier et des saints de pacotille.
La voie initiatique, elle, demande des artisans : des gens capables de :
- tenir une nuance quand tout pousse à la caricature,
- écouter quand tout crie,
- construire quand tout détruit,
- réparer quand tout accuse.
ALORS, QUE FAIRE ? (SANS POSTURE)
- Ralentir : l’actualité n’est pas un maître, c’est un bruit de rue.
- Vérifier : la vérité n’est pas une émotion.
- Travailler sur soi : on ne combat pas la violence avec une violence “morale”.
- Pratiquer la fraternité réelle : celle qui survit au désaccord.
- Remettre l’humain au centre : un visage, une histoire, une dignité.
Parce que la vraie provocation, aujourd’hui, ce n’est pas d’être “contre”.
C’est d’être juste.
Et d’oser cette insolence rare : penser avant de hurler.
Si tu me dis quel angle d’actualité tu veux viser (politique, réseaux sociaux, guerre, crise sociale, IA, etc.), je te fais une version encore plus “au vitriol” — tout en restant publiable et maçonnique dans l’esprit.
Billet d’humeur maçonnique de GADLU.INFO
