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LE MANUSCRIT REGIUS – MISCELLANÉES MAÇONNIQUES

MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.

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Chronique 29 – 1390 – Le Manuscrit Regius

 

En ce temps là, Charles VI le Fol règne de concert, en France, avec Isabeau de Bavière. Le roi Richard, fils aîné du Prince Noir veille au destin de l’Angleterre. Un clerc – ou plusieurs, peut-être – de la région des Midland s’attelle à la composition d’un poème, long de quelque 800 vers, en vue de conter l’histoire et d’établir les statuts des maçons du royaume.

« Ici commencent les statuts de l’Art de Géométrie, selon Euclide…

« En ce temps là, de par la Géométrie,

« Cet honnête métier qu’est la Maçonnerie

« Fut conçu, constitué et organisé

« Par une noble assemblée de clercs… »

Le Regius – tel est le titre communément donné au poème qui comporte six parties : d’abord une brève histoire de la Maçonnerie, ensuite les statuts de la corporation des bâtisseurs, une évocation de la vie des quatre Couronnés, la cons­truction de la tour de Babel, un éloge des sept Arts libéraux, enfin un code de savoir-vivre.

C’est, selon le texte historique, « par la bonne science de Géo­métrie » que com­mença le métier de la Maçon­nerie. Euclide le fonda au « pays d’Égypte » d’où, de nombreuses années plus tard, il gagna l’Angleterre « au temps du bon roi Athel­stan » – qui fit construire des ma­noirs et des temples de grand renom pour honorer son Dieu, « de tout son cœur ».

Dans la partie consacrée aux statuts de la corporation, il est notamment précisé que le maître ma­çon doit être digne de con­fiance, constant, loyal et sincère ; on doit pouvoir se fier à lui. Il a no­tam­ment pour obligation de rémunérer ses ouvriers en fonction du coût de la vie.

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1390 – Les obligations du maçon

Le Manuscrit Regius, encore appelé Manuscrit Halliwell,   dresse, en ces termes, les obligations du maçono:

• Ne pas prendre d’apprenti pour une durée inférieure à sept années ; ne pas engager un serf, un bâtard ou un infirme –  l’apprenti devant être de bonne naissance.

• N’abriter ni voleur ni meurtrier sur le chantier.

• Ne pas léser le seigneur, ne pas prendre l’ouvrage d’un autre, ne pas dénigrer ses compagnons, enfin ne pas payer un apprenti autant qu’un compagnon.

Si le maître a des devoirs envers les ouvriers qu’il emploie, les compagnons et les apprentis n’en ont pas moins envers le maître :

• Ne causer aucun préjudice au métier ou au maître,

• Ne jamais coucher avec la femme ou la concubine du maître ; jurer à celui-ci obéissance et fidélité,

Mais surtout :

• L’apprenti doit garder secret tout ce que son maître lui dit et tout ce qu’il entend ou voit en « Loge ».

• Si un maçon, qu’il soit maître, compagnon ou apprenti, transgresse ses obligations, ou mène une vie dissolue, il sera convoqué devant une as­semblée de la corporation et éventuellement exclu de celle-ci.

Le Manuscrit Regius doit son nom au fait qu’il appartint  à la bibliothèque royale d’An­gleterre, avant d’ê­tre offert par le roi George II (1683-1760) au British Museum. Il est également con­nu sous le nom de Manuscrit Halliwell, pour avoir été publié, en 1840, par un certain James O. Halliwell.


© Guy Chassagnard – Auteur de : Aux Sources du rite écossais ancien et accepté (Éditions Jean-Paul Bertrand – Alphée, 2008).

© Guy Chassagnard – Auteur de Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Éditions Segnat, 2016 – exclusivité Amazon.fr).

© Guy Chassagnard – Auteur des Annales de la Franc-Maçonnerie (Éditions Jean-Paul Bertrand, 2009).

© Guy Chassagnard – Auteur de La Loge et ses Officiers (Éditions Jean-Paul Bertrand, 2010).


 

A.S.: