L’HYPOTHÈSE DE DIEU : QUAND LA COSMOLOGIE RENCONTRE LE G∴A∴D∴U∴
Meta title (SEO) : L’hypothèse de Dieu : cosmologie, Kabbale et Grand Architecte (John A. Rodrigues)
Meta description (SEO) : De Laplace à Hawking, du Big Bang à la Kabbale, un regard maçonnique sur “l’hypothèse de Dieu” et le symbole du G∴A∴D∴U∴.
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Le 27/12/2018, un texte attribué à John Anatalino Rodrigues propose une passerelle audacieuse entre trois mondes : la cosmologie moderne, la Kabbale et la symbolique maçonnique du Grand Architecte de l’Univers (G∴A∴D∴U∴). Son fil conducteur est simple : à mesure que la science décrit un univers structuré, évolutif et “cohérent”, revient une question ancienne sous une forme nouvelle : peut-on penser le cosmos sans une Volonté organisatrice ?
DE L’UNIVERS “MÉCANIQUE” À L’UNIVERS “ORGANISÉ”
Le texte rappelle un basculement d’imaginaire : on est passé d’une vision d’un univers statique et uniforme à celle d’un univers en construction, soumis à des lois qui jouent le rôle d’une “constitution” régulatrice.
Dans cette perspective, l’auteur évoque une idée provocante : certains scientifiques finissent par envisager une “hypothèse divine”, non comme dogme, mais comme tentative de nommer une cause organisatrice lorsque la seule mécanique paraît insuffisante à rendre compte de l’architecture globale.

LAPACE ET LA “SUPERFLUITÉ” DE DIEU : UNE QUESTION QUI REVIENT AUTREMENT
La formule célèbre attribuée à Simon Laplace (Dieu comme hypothèse “superflue”) sert ici de point de départ : l’auteur n’attaque pas la science, il interroge plutôt le vertige des correspondances (par exemple l’analogie entre l’atome et le système planétaire) et, surtout, la question du sens : faut-il un principe ordonnateur derrière la loi ?
C’est une nuance importante dans un cadre maçonnique : il ne s’agit pas de prouver, mais de méditer.
TROIS CLÉS : COMPLEXITÉ, MUTABILITÉ, PERMANENCE
Le texte propose trois “fonctions” que l’ordre strictement mécaniste expliquerait mal :
- La complexité : la matière s’organise en niveaux de plus en plus élaborés.
- La mutabilité : la composition se transforme graduellement.
- La permanence : la structure change sans abolir l’identité fondamentale des composants.
Qu’on y voie une preuve ou une métaphore, ces trois notions parlent spontanément au franc-maçon : elles ressemblent à une triade de travail (transformer), continuité (demeurer) et élévation (complexifier).
LE BIG BANG, LE “COMMENCEMENT” ET LA QUESTION QUI DÉRANGE
Quand la cosmologie place l’origine du temps au début de l’univers (Big Bang), une question surgit – très ancienne, très humaine :
Si Dieu a créé l’univers, que “faisait-il” avant ?
Le texte met alors en regard deux langages qui, étonnamment, usent tous deux d’images :
- la science, qui décrit un état originel extrêmement dense et une expansion continue ;
- la Bible, qui parle d’un monde “informe et vide”, de ténèbres, puis de la séparation de la lumière.
L’idée n’est pas de confondre les registres, mais de reconnaître que nos mots peinent dès qu’on touche au “commencement”.
LA KABBALE : “EXISTENCE NÉGATIVE” ET “EXISTENCE POSITIVE”
C’est ici que l’auteur mobilise la Kabbale (et notamment le Siphra Dtzenioutha, “Livre du Mystère Caché”) pour proposer une lecture : avant la manifestation, Dieu serait pensé comme une potentialité que l’intelligence ordinaire ne peut saisir. D’où les notions d’Existence Négative et Existence Positive, et la symbolique de la Lumière Illimitée (Ain Sof Aur).
La formule énigmatique :
« avant que l’équilibre ne soit consolidé, le visage n’avait pas de visage »
devient une clé : quand la logique ne suffit plus, le symbole prend le relais.
LE CERCLE, LE POINT… ET LA LANGUE DU SYMBOLE
L’image kabbalistique reprise par le texte est puissante : un cercle “dont le centre est partout et la circonférence nulle part”. Elle ne décrit pas une géométrie, elle décrit une intuition : l’infini, l’omniprésence, l’indicible.
Et c’est précisément là que la franc-maçonnerie reconnaît son outil : le symbole. Non pour imposer une croyance, mais pour rendre pensable ce qui dépasse nos catégories.
LE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS : UN SYMBOLE, PAS UN SLOGAN
Dans la perspective présentée, le G∴A∴D∴U∴ sert de “pont” entre :
- une intelligence ordonnatrice (métaphysique),
- un univers intelligible (cosmologie),
- et une méthode de travail intérieur (initiation).
Le texte rappelle aussi la généalogie traditionnelle : les maçons opératifs, bâtisseurs, ont naturellement parlé d’un Dieu “architecte”, concevant des plans — image reprise par des courants du christianisme (ex. Thomas d’Aquin) et d’autres systèmes symboliques.
En loge, le point crucial est celui-ci : G∴A∴D∴U∴ est un langage. Une manière de dire “commencement”, “source”, “ordre”, “but” — sans réduire l’indicible à une représentation naïve.
L’HYPOTHÈSE COMME OUTIL DE TRAVAIL
Le propos de John Anatalino Rodrigues peut se lire comme une planche en trois mouvements :
- Constater l’ordre (science, lois, structure).
- Admettre l’énigme (commencement, cause, sens).
- Choisir le symbole (Kabbale, G∴A∴D∴U∴) pour travailler sans enfermer.
Autrement dit, “l’hypothèse de Dieu” n’est pas ici une conclusion policière, mais une hypothèse opérative : un cadre qui oriente l’éthique, le perfectionnement de soi et la responsabilité du bâtisseur.
QUAND LA SCIENCE DÉCRIT, LE SYMBOLE OUVRE
La science décrit le comment avec une puissance croissante. Le symbolisme (kabbalistique et maçonnique) interroge le pourquoi sans prétendre le clore. Entre les deux, il y a un espace fécond : celui où le franc-maçon apprend à tenir ensemble rigueur et mystère, raison et verticalité.
RÉFÉRENCE DE L’AUTEUR
John Anatalino Rodrigues — (Extrait de l’ouvrage Kabbale et franc-maçonnerie – L’influence de la Kabbale sur les rites maçonniques, Madras Publishers, 2018.)




