L’actualité mondiale ressemble à une mer toujours plus houleuse : crises politiques, tensions religieuses, guerres qui se rallument, peuples qui se déchirent. Chaque jour, les journaux titrent, commentent, amplifient. Chaque jour, le bruit monte encore d’un cran.
Et nous, Francs-Maçons — que faisons-nous là-dedans ?
Nous ouvrons nos travaux quand d’autres ouvrent les hostilités.
Nous élevons des temples quand d’autres abattent des ponts.
Nous cherchons la lumière quand tant se contentent des flammes.
Le monde va vite, trop vite. On réagit avant de comprendre, on s’indigne avant de réfléchir, on parle avant d’écouter. L’information n’informe plus : elle secoue, elle sature, elle divise. On ne discute plus, on s’affronte. On ne débat plus, on s’écorche. La vérité n’existe plus, seules subsistent des certitudes opposées.
Dans ce vacarme, la Franc-Maçonnerie demeure un espace rare : un lieu où l’on apprend à ralentir, à écouter, à douter — trois actes subversifs, aujourd’hui.

Ce que peut un frère quand le monde vacille
Un Maçon ne peut pas éteindre une guerre. Mais il peut refuser d’en allumer une chez lui.
Il peut :
- écouter au lieu de hausser la voix,
- chercher le juste plutôt que le vainqueur,
- bâtir du lien là où d’autres tracent des lignes de séparation.
Ce n’est pas spectaculaire.
Ce n’est pas visible à CNN, à l’ONU ou dans les rues.
Mais c’est réel — et profondément maçonnique.
Le monde exige des réponses immédiates.
La Loge nous apprend à penser avant d’agir.
Le monde réclame des ennemis.
La Loge nous rappelle d’abord nos frères.
Le monde hurle.
La Loge ouvre un espace où le silence instruit.
Notre tâche n’est pas de changer le monde, mais de changer la manière d’y être
Peut-être que notre rôle n’est pas d’éteindre l’incendie planétaire,
mais d’empêcher qu’il ne se propage en nous.
Peut-être que la Maçonnerie sert à cela : à faire qu’un homme de plus reste calme quand tout s’agite, qu’un homme de plus reste juste quand tout devient brutal, qu’un homme de plus garde espoir quand tout s’assombrit.
Un seul frère ainsi vaut déjà une victoire. Dix, une colonne. Un peuple d’initiés ? Une lumière dans la nuit.
Le monde vacille, oui. Mais tant que nos temples demeurent vivants, rien n’est perdu.
Le chaos est bruyant — la lumière, elle, avance en silence.




