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Le Corbusier n’était pas franc-maçon

L’éditorial suisse « Arcinfo » revient sur une erreur historique selon laquelle l’ Architecte Le Corbusier n’était pas franc-maçon comme l’aurait affirmé Emmanuel Thiebot, auteur de l’ouvrage « Les Francs-Maçons »

De son vrai nom Charles-Édouard Jeanneret-Gris dit Le Corbusier

n’a jamais été initié et l’erreur proviendrait d’un homonyme, Charles Jeanneret…l’erreur aurait été maintes fois reprises par plusieurs auteurs.

Source : http://www.arcinfo.ch/journal/region/la-chaux-de-fonds-le-locle/article/242524/confondu_avec_un_autre_jeanneret_le_corbusier_netait_pas_franc_macon.html

Confondu avec un autre Jeanneret, Le Corbusier n’était pas franc-maçon

REGISTRE Le nommé Charles Jeanneret, de huit ans l’aîné du futur Le Corbusier, a été initié le 20 juin 1909. Cette quasi-homonymie a accrédité la légende d’un Le Corbusier franc-maçon. (RICHARD LEUENBERGER)
Surprenant: dans un ouvrage publié par Larousse en 2009, un historien français chevronné accrédite la légende d’un Le Corbusier franc-maçon. Un certain Charles Jeanneret a bien été initié en 1909 à La Chaux-de-Fonds, mais il s’agissait d’un quasi-homonyme. Une visite à la loge L’Amitié en apporte la preuve.

Dans «Les francs-maçons», ouvrage publié chez Larousse en 2009, Emmanuel Thiébot affirme que «Le Corbusier a été initié dans sa Suisse natale, par la Grande Loge Alpina, à 22 ans en 1909.»

Or Emmanuel Thiébot n’est pas n’importe qui. Cet historien chevronné et réputé travaille pour le Mémorial de Caen, en Normandie. Il est spécialiste de l’histoire de la franc-maçonnerie. Pourtant, l’information est fausse: Le Corbusier n’a jamais été franc-maçon.

L’auteur, que nous avons contacté, en convient: «Après la publication de l’ouvrage, j’ai reçu un courrier de La Chaux-de-Fonds pour me signaler cette erreur.» En cas de réédition, la vérité sera rétablie, promet-il.

Il n’empêche, l’erreur ne date pas d’aujourd’hui. En 2006 déjà, un éditeur parisien spécialisé dans les ouvrages ésotériques publiait un «Dictionnaire des francs-maçons illustres» (éd. Dervy) dans lequel, déjà, on narrait par le menu l’histoire maçonnique du grand architecte.

On y apprenait que Charles-Edouard Jeanneret, initié le 20 juin 1909, accédait l’année suivante au grade de compagnon, puis à celui de maître le 25 février 1912. En 1936, il s’affilie dans une loge de Besançon, la Réelle Fraternité 619 de la Grande Loge de France.

Toutes ces informations sont exactes. Malheureusement, elles ne concernent pas Charles-Edouard Jeanneret-Gris, alias Le Corbusier, mais un quasi-homonyme, Charles Jeanneret, professeur de son état.

Michel Cugnet, vénérable de la loge L’Amitié, qui détient les archives de la Grande Loge Alpina, a ouvert ses archives à «L’Impartial». Le registre des entrées est limpide. En date du 20 juin 1909, la loge note en réalité l’entrée d’un certain Charles Jeanneret, né le 4 mars 1879. Or Charles-Edouard Jeanneret-Gris, lui, est né le 6 octobre 1887.

La confusion, qui saute aux yeux pour qui consulte ce document, a fait florès, parce qu’elle corroborait la vision d’un Le Corbusier effectivement attiré par la symbolique maçonnique.

Un auteur britannique, J. K. Birksted, le montre dans son ouvrage «Le Corbusier and the Occult», paru l’an dernier. Il retrace également par le menu la biographie du franc-maçon Charles Jeanneret, professeur d’économie et de droit à La Chaux-de-Fonds.

La vérité historique oblige à dire que, même si Le Corbusier a fréquenté des francs-maçons et a pu être influencé par des thèmes maçonniques, il n’a jamais appartenu à la franc-maçonnerie.

Pierre Mollier, conservateur de la bibliothèque du Grand Orient de France l’a d’ailleurs confirmé à Bernard Renaud de la Faverie, directeur des Editions Dervy /Médicis /Entrelacs, à qui nous avions signalé cette erreur historique. Ce dernier s’est également engagé à publier un correctif une fois qu’il aurait un document à l’appui. /LBY

A.S.: