Au cœur des rues médiévales du Quartier latin, le 5, rue de la Huchette a vu défiler bien des coteries sous ses voûtes. Cache des Templiers, loge maçonnique puis tribunal révolutionnaire selon la tradition, ce lieu de rendez-vous clandestins est devenu l’un des clubs de jazz les plus emblématiques de Paris.
Une rue médiévale, une enseigne, une adresse

Dans le labyrinthe des venelles qui bordent la Seine (on pense à la rue du Chat-qui-pêche), la rue de la Huchette doit son nom à une enseigne du XIIIᵉ siècle, « La Huchette d’or ». C’est au n° 5 que s’écrit l’histoire qui nous occupe.
Loges et souterrains (1772)
La légende veut que Templiers puis Rose-Croix s’y réunissent dès le Moyen Âge. En 1772, le bâtiment est dit transformé en loge maçonnique secrète, composée de deux salles basses (caves superposées) servant aux réunions.
On y accédait par les rues de la Parcheminerie, de l’Hôtel-Dieu et du Petit-Pont ; deux passages souterrains auraient mené au Châtelet et sous le cloître Saint-Séverin. (On évoque même, à titre d’illustration historique, une « Initiation d’un apprenti franc-maçon » vers 1800.)
1789-1794 : le « Caveau de la Terreur »
À la Révolution, le 5 rue de la Huchette abrite les clubs des Cordeliers et des Montagnards. La salle haute, convertie en taverne, bruisse de chants, de débats et d’ardeurs civiques ; dans les caves, les réunions se font plus secrètes.
Avec l’entrée dans la Terreur, la tradition locale rapporte que le lieu sert de tribunal : Danton, Marat, Saint-Just et Robespierre y seraient passés ; des jugements auraient été rendus, des cellules installées, une salle d’exécutions utilisée. Dans la cave la plus basse subsiste un puits profond où l’on dit que furent jetées des dépouilles. Les différentes salles, conservées dans leur état primitif, nourrissent cette mémoire sombre.

L’après-guerre fait swinguer Paris
Au lendemain de 1945, un vent venu des États-Unis déferle : le jazz. Le « caveau » devient club à part entière. La piste s’enflamme au son de Lionel Hampton, Count Basie, Sidney Bechet, Maxim Saury ou Claude Bolling. Le lieu gagne alors sa réputation de temple du jazz du Quartier latin.
Une légende vivante
Aujourd’hui encore, la grande cave voûtée — ses banquettes rouges, son atmosphère hors du temps — attire curieux d’un Paris atypique et jazzmen aguerris. La notoriété a franchi l’Atlantique : Damien Chazelle a repris l’enseigne et le décor pour la scène finale de La La Land. Entre mémoire, mystère et swing, difficile de ne pas vouloir y revenir.
À retenir
- Site Internet : http://www.caveaudelahuchette.fr/
- Adresse : 5, rue de la Huchette (Paris 5ᵉ)
- Strates historiques : coteries médiévales → loge maçonnique (1772) → clubs révolutionnaires → tribunal de la Terreur (tradition locale) → club de jazz d’après-guerre
- Singularités : caves superposées, passages souterrains (vers Saint-Séverin et le Châtelet), puits profond dans la salle la plus basse
Références
[1] Paris Secret, « Le Caveau de la Huchette : de la loge maçonnique au club de jazz iconique », Alexandre Lasry, 1ᵉʳ août 2025 .
[2] Caveau de la Huchette (site officiel), rubrique Un peu d’Histoire : historique des salles, accès, souterrains et période révolutionnaire .
[3] Données complémentaires fournies par l’utilisateur (Quartier latin, origine de l’enseigne « La Huchette d’or », réunions templières/Rose-Croix, loge maçonnique de 1772, rôle pendant la Terreur, puits et passages souterrains).




