Nous voilà partis, heureux et distraits, comme il se doit, mais nous ne savons pas où nous allons. J’ai le sentiment que les choses ne vont pas bien se passer. Soudain, le pays est confronté à deux menaces : le virus et les francs-maçons. La franc-maçonnerie est devenue le sujet d’actualité. Veulent-ils nous détourner de l’essentiel ? La liste des francs-maçons, hommes politiques, artistes, scientifiques, etc. éminents est impressionnante. À une époque plus contemporaine, il semble qu’ils aient joué un rôle essentiel dans la fondation de l’ONU, de la Croix-Rouge, la fin de l’apartheid, l’indépendance du Timor, la fondation de nations comme le Brésil et les États-Unis, et la démocratie portugaise… Et cela seul mérite le respect. Cependant, nous approchons dangereusement d’une nouvelle ère sombre. Chaque jour, nous entendons parler de cas de corruption aux niveaux les plus divers et impliquant toutes sortes de protagonistes et d’acteurs.
Nous savons que notre pays est l’otage de la corruption et que c’est probablement notre plus grande menace. Je suis certain qu’un politicien corrompu ou le président d’une association de pompiers franc-maçon le restera. La franc-maçonnerie n’est pas un tour de magie. Je veux en savoir plus sur le réseau maçonnique qui extorque de l’argent : qui sont-ils, comment fonctionnent-ils, qui les protège ? Je ne suis absolument pas intéressé à savoir lesquels des fonctionnaires ou des titulaires de charges publiques sont francs-maçons. Je sais que, comme cela a été le cas jusqu’à présent, peu importe le nombre de lois « garantissant » la transparence, les personnes honnêtes et intègres n’auront jamais de problème à ce que leur vie soit scrutée. Les autres resteront toujours dans l’ombre et trouveront le moyen de rester ce qu’ils sont.
Réseaux d’intérêts et de faveurs ? Je ne comprends ni n’accepte l’hypocrisie de fermer les yeux. J’avoue que je défends des intérêts et rends des services tous les jours. Un jour, quelqu’un m’a demandé qui pouvait réaliser une étude géotechnique. J’ai recommandé une entreprise d’anciens élèves basée à Vendas Novas. Si je l’ai fait, c’était par confiance, éthique et technique, proximité, car l’entreprise est originaire de mon Alentejo ; et complicité, car je suis complice de mon réseau d’amis, de frères et de contacts. Cette complicité et ce jeu sont réciproques. Cassiano et Pinelas, qui me coupent les cheveux, sont les meilleurs coiffeurs du monde et, chaque fois que l’occasion se présente, je les recommande. Si quelqu’un me demande quelle est la meilleure université pour son fils, je ne peux qu’une seule réponse : l’Université d’Évora. Ceux qui ne doivent rien n’ont pas peur et ne me convainquent pas que le problème réside dans les réseaux de contacts qui fonctionnent naturellement sur la base de la complicité. C’est ainsi, c’est ainsi, et c’est ainsi. Le problème, c’est que l’on vit dans un pays foncièrement corrompu, où tout contribue à créer un nuage de poussière bienvenu, et où rien, ou presque, n’est fait pour y remédier. Les meilleurs Portugais en ont assez et connaissent un immense succès dans le monde entier, faisant ce qu’ils doivent faire dans leur propre pays : créer de la richesse et prospérer. Dans ce contexte, MQI, notre responsabilité de montrer l’exemple et de faire le bien est encore plus grande.
Carlos Alberto Cupeto
R∴ L∴ Além Tejo, nº29 à l’Est d’Évora, membre de l’Académie Maçonnique
Grande Loge Légale du Portugal / Grande Loge Régulière du Portugal
