En loge, tout prend son temps. L’ouverture, la lecture, la parole qui circule, le maillet qui frappe. Cette lenteur, que d’aucuns jugeraient pesante, est en réalité une leçon de résistance.
Dans un monde pressé, saturé de notifications et de réponses instantanées, nous sommes invités, au Temple, à réapprendre à attendre. Attendre que le silence s’installe, attendre que le Frère trouve ses mots, attendre que la colonne résonne de sa pensée.
Cette lenteur initiatique n’est pas un archaïsme. Elle est une forme de révolution silencieuse. Elle nous rappelle que la pierre brute ne se taille pas à coups précipités, mais à l’aide de frappes patientes, régulières, attentives.

Je me surprends parfois à regretter cette cadence dès que je franchis le seuil du monde profane. Tout y va trop vite : les jugements, les débats, les indignations. Or, la Franc-Maçonnerie m’a appris que la véritable construction — de soi, des autres, de la société — exige de la lenteur.
Peut-être que notre rôle, Frères et Sœurs, n’est pas de rivaliser avec la vitesse du monde, mais de réintroduire dans la cité cette respiration perdue : le droit de prendre le temps, de réfléchir avant de parler, de douter avant d’affirmer.
La lenteur n’est pas un défaut, c’est une sagesse. Et peut-être même la clé de notre avenir commun.




