La franc-maçonnerie cubaine dénonce un harcèlement étatique suite à une enquête et à une procédure judiciaire pour « trafic de devises ». Ils considèrent cette action comme une violation de leur autonomie et restituent des dons pour éviter d’autres persécutions.
L’informe, auquel a eu accès CiberCuba, détaille que le 1er juillet dernier, une commission composée de fonctionnaires du Ministère de la Justice (MINJUS), de la Cour des Comptes et du Registre des Associations a inspecté l’asile sans préavis. Lors de la visite, les auditeurs ont exigé de revoir les livres comptables, les bons et les détails des devises données par des maçons à l’étranger, qui financent une grande partie du fonctionnement du centre.
Source : Site CIBERCUBA

«Nous le voyons comme une violation de l’autonomie du Patronat et donc de la Franc-maçonnerie», souligne le document, en précisant que l’argent audité n’appartient pas à l’État et que son utilisation a été exclusivement destinée à soutenir l’asile.
Le Patronat considère que cette révision répond à une tentative délibérée de discréditer son président et d’affecter l’indépendance de l’institution, qui depuis des années apporte son aide aux personnes âgées en situation de vulnérabilité sans intervention de l’État. L’inspection aurait été motivée, selon les auditeurs, par une plainte isolée concernant le traitement d’un ancien.

Cependant, la situation a dégénéré le 9 juillet, lorsque le directeur de l’asile, frère Raúl Acosta, a été convoqué par une lieutenant-colonel du Ministère de l’Intérieur et informé qu’il ferait face à un procès pour « trafic de devises », un délit passible de 20 ans de prison.
Cette nouvelle offensive s’ajoute au conflit institutionnel qui secoue la franc-maçonnerie cubaine depuis mai, lorsque des centaines de frères ont destitué l’ancien Grand Maître Mayker Filema Duarte pour avoir essayé de se maintenir en poste. Malgré la légalité de la décision interne, le Ministère de la Justice a ignoré le processus, a soutenu Filema et a ensuite imposé un nouveau leader maçonnique proche du régime.
Depuis lors, les maçons ont été réprimés, convoqués par la police, expulsés de leurs temples et menacés de gel des comptes s’ils ne s’alignaient pas sur les exigences de l’État. Malgré tout, ils ont continué à résister, se réunissant même dans la rue, devant la statue de Carlos Manuel de Céspedes, sous forte surveillance policière.
“Si le gouvernement veut nous dominer, nous ne le permettrons pas”, a déclaré à l’époque le Grand Maître élu, Juan Alberto Kessell Linares.
De plus, cela se produit seulement 24 heures après que le Ministre de la Justice, Óscar Manuel Silvera Martínez, ait affirmé à la télévision nationale que le gouvernement ne s’immisçait pas dans les affaires internes de la franc-maçonnerie.
«C’est une ingérence dans notre patrimoine privé qui n’a jamais été utilisée en dehors des bénéfices liés à l’asile», réitèrent-ils dans le texte, affirmant que toutes les donations sont justifiées par des bons, des livres comptables et l’autorisation du Patronat.
Une décision difficile : restituer les dons
Ante ce qu’ils considèrent comme une criminalisation injuste de leur gestion, le Patronat a décidé de rembourser l’argent donné depuis mars 2024 jusqu’à ce jour à chaque frère qui l’a remis, afin d’éviter de nouvelles poursuites et de protéger les bénéficiaires de l’asile.
“C’est une décision très difficile qui nuira aux résidents de l’Asile, mais cela sera la manière d’éviter de futures situations désagréables”, déplorent-ils dans la déclaration

De plus, un nouveau protocole a été approuvé pour éviter de futures intrusions de l’État : les comptes en devises ne pourront être examinés que par des francs-maçons ayant reçu l’autorisation expresse du Patronat, l’accès aux livres comptables sera limité au président et au comptable de l’institution, et les denrées alimentaires importées de l’étranger ne pourront également pas être contrôlées, sauf pour des raisons de salubrité.
La maçonnerie cubaine, l’une des institutions civiles les plus anciennes du pays, fait ainsi face à une de ses épreuves les plus difficiles dans un contexte marqué par la crise économique, l’augmentation du contrôle de l’État et la criminalisation des formes indépendantes de gestion solidaire.




