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La Franc-Maçonnerie à Rouen

Il s’agit d’une entretien avec Jean-Robert Ragache qui fut grand maître du Grand Orient de France en 1987 puis entre 1989 et 1992.

Dans cet interview réalisé par l’éditorial « Paris Normandie » Jean-Robert Ragache évoque l’histoire, la situation actuelle de la présence maçonnique à Rouen : il revient également sur les débats actuels qui animent non seulement la Maçonnerie Française mais également le Grand Orient de France.

Source : http://www.paris-normandie.fr/index.php/cms/13/article/264188/__Nous_sommes_peut_etre_1500_francs_macons_dans_la_region__

Le Rouennais Jean-Robert Ragache fut grand maître du Grand Orient de France en 1987 puis entre 1989 et 1992. Il nous a reçu jeudi à son domicile pour évoquer, et sans doute démystifier un peu, cette « mystérieuse » franc-maçonnerie.

Quelle est la situation de la franc-maçonnerie à Rouen ?
« Il y a 6 loges du Grand Orient, 3 loges de la Grande Loge, 2 loges du Droit Humain, 2 loges de la Grande Loge Féminine. Je vous parle là des principales obédiences. Il en existe d’autres qui font référence à la maçonnerie anglaise. Par exemple, nous n’entretenons pas de relation avec la Grande Loge Française qui se réunit à Cléon.

Dans quelles villes normandes trouve-t-on des loges ?
La franc-maçonnerie est présente à Rouen, Elbeuf, Le Havre, Yvetot, Montivilliers, Fécamp, Dieppe et Neuchâtel-en-Bray.

Combien y a-t-il de francs-maçons dans la région ?

Nous sommes  entre 40 et 50 dans les loges. Parfois cela peut monter jusqu’à 70 frères. Je pense qu’au total dans la région, nous sommes peut-être 1500.

Comment se déroulent les réunions des francs-maçons rouennais ?

Elles se tiennent 2 fois par mois dans l’ancienne marie de Canteleu. Généralement en soirée. Et nous avons un rituel assez codifié de prise de parole. Le débat est libre, on exprime son opinion sans dire que l’on n’est pas d’accord avec l’opinion d’un frère.

Comment devient-on franc-maçon ?
Il faut le demander. Ensuite, une enquête est effectuée et puis il y a un examen de passage dans la loge, les yeux bandés. Ensuite, il s’agit d’un vote, il y a les boules blanches et les boules noires. Si les boules noires sont majoritaires, la personne est refusée, elle est « blackboulée ».

Qu’est ce qui attire les postulants ?
Je crois que l’aspect mystérieux de la franc-maçonnerie constitue un véritable attrait. Pourtant, nous ne sommes que des associations comme les autres. Par ailleurs, nous vivons dans une période difficile et j’imagine que la franc-maçonnerie, par son histoire, propose de vrais points de repère. Ma loge « Constance, persévérance et Vérité » date du XVIIIe siècle. Au Havre, la loge des « trois H » date de 1793…

Mais ou est le secret des francs-maçons ?

Le secret c’est qu’il n’y a pas de secret. Chaque frère peut confier à son entourage son appartenance à la franc-maçonnerie. Tout le monde sait que je suis franc-maçon et cela ne pose aucun problème. Notre seule limite consiste à ne pas dire qui est franc-maçon. A l’égard des autres, nous avons une clause de confidentialité.

La franc-maçonnerie ne semble plus être vraiment à la pointe de la réflexion sur les problèmes de société, la parité homme-femme par exemple.
C’est vrai que nous avons une tradition de masculinité dans nos loges. Tout comme les femmes de la Grande Loge Féminine n’accueillent pas d’hommes ! Mais je pense que nous arriverons à cette mixité. Il y a 20 ans, 67 % des maçons étaient contre, désormais la barre est à 50 %. Cela va évoluer encore. Plus globalement, la franc-maçonnerie évolue, nous recevons désormais davantage de jeunes ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.

Propos recueillis par B.V.

A.S.: