(Récit authentique d’un homme qui a découvert qu’avant d’affronter les épreuves maçonniques, il fallait survivre à celles du salon.)
On raconte que pour devenir franc-maçon, il faut du courage, de la volonté, du discernement…
C’est vrai.
Mais ce que l’on omet souvent de préciser, c’est qu’il faut d’abord survivre à la grande épreuve initiale : l’entretien conjugal.
Bien avant que le Candidat n’entre dans un Temple, il entre dans une pièce plus dangereuse encore :
le salon, en présence de Madame, bras croisés, regard fixe, silence stratégique.
Les Maçons parlent du Cabinet de Réflexion — mais tout Maître marié sait que le CABINET, LE VRAI, est celui où l’on demande :
— Tu veux devenir franc-maçon ?
— Oui.
— Et moi je suis au courant depuis quand, exactement ?
À cet instant précis, tout initié revoit sa vie défiler comme un sabbat symbolique.
1 • L’INITIATION SE FAIT À DEUX
Contrairement à la légende, un homme ne se présente jamais seul à la porte du Temple.
Il arrive accompagné — même si son épouse n’est pas physiquement à ses côtés, elle est là, mentalement, spirituellement, voire télépathiquement.
Elle observe.
Elle analyse.
Elle valide.
Ou pas.
Car en France, pays de la logique argumentative et du débat à table, tout engagement se discute, se pèse, se négocie — parfois plus longuement qu’un traité diplomatique.
Un homme peut convaincre un Collège d’Officiers.
Convaincre sa compagne, c’est un autre degré.
Peut-être le 0°, mais un 0° à surveiller de près.
2 • LES QUESTIONS DE MADAME — SÉRIEUXSEMENT PLUS POINTUES QUE LES NÔTRES
Elle veut savoir :
Combien ça coûte ?
Pas symboliquement. Concrètement. Avec le montant exact, charges comprises, facture sur table.
Combien de fois par mois ?
Et si c’est vraiment 2 fois — pourquoi revenir à 23h30 le ventre plein de plancha et d’agapes ?
Et moi là-dedans ? Je compte pour du beurre ?
Car en France, l’amour c’est aussi une comptabilité affective.
Et ensuite viennent les questions métaphysiques :
- « Pourquoi vous ne dites pas tout ? Vous planifiez la Révolution ? »
- « Pourquoi vous vous appelez Frères ? Vous êtes parents maintenant ? »
- « C’est quoi ce baiser maçonnique ? Tu veux développer ou… ? »
- « Et si un jour tu veux arrêter, qui garde les gants ? »
À côté de cela, l’enquête du Comité de Visite devient une promenade de santé.

3 • LA TRADITION DES DEUX GANTS
On dit qu’on offre deux paires de gants au nouvel initié :
une pour lui, une pour celle qu’il estime la plus digne.
Chez nous, cela signifie aussi :
« Souviens-toi que tu ne seras jamais réellement initié
si tu ne sais pas vider un lave-vaisselle en silence. »
Le gant blanc n’est pas qu’un symbole de pureté.
C’est un rappel que :
- la Loge se construit en paix,
- et la paix commence au foyer.
Un Frère qui oublie son foyer n’est plus un Frère — seulement un homme qui court après sa propre ombre et rentre trop tard pour le dîner.
4 • ON NE JOUE PAS AVEC L’ÉQUILIBRE DU FOYER
On ne propose pas un profane qui traverse sa vie comme un scooter sans casque.
Pas de Temple bâti sur des fondations fragiles.
Un initié doit tenir debout chez lui, car la Maçonnerie n’est pas une échappatoire — c’est une amplification de l’être.
Celui qui n’est pas maître de son foyer ne peut prétendre devenir Maître en Loge.
Et toutes les loges du monde ne valent pas une femme qu’on néglige.
5 • RÉSUMONS
Pour entrer en Maçonnerie :
| Condition | Version officielle | Version réelle |
|---|---|---|
| Être libre et de bonnes mœurs | ✔ | ✔ |
| Être recommandé par des Frères | ✔ | ✔ |
| Vouloir progresser en vérité | ✔ | ✔ |
| Recevoir la Lumière | ✔ | ✔ |
| Avoir l’accord de Madame | Non écrit, mais gravé dans le marbre. | OBLIGATOIRE. |
Car si le Vénérable ouvre les travaux,
Madame peut les fermer par décret immédiat.
Et aucun Frère n’a jamais vaincu ce pouvoir.
Derrière chaque franc-maçon, il y a un regard féminin qui a dit oui.
Et parfois un autre qui demande :
« Tu reviens pour minuit. Sinon, tu pratiqueras l’initiation dans le canapé. »
On peut être Apprenti, Compagnon, Maître…
Mais au foyer, le 33° c’est elle.




