Voici une contribution de SIMPLICIUS à quelques jours du Convent de la Grande Loge de France (GLDF)
La Grande Loge de France (GLDF) remet en cause son autonomie, son indépendance et sa souveraineté par rapport au suprême conseil de France (SCDF) !
La bombe est lâchée : le Grand Maître Philippe Charruel, qui va descendre de charge dans un mois, vient de signer en catastrophe un décret destiné à interdire aux membres de la GLDF de poursuivre leur parcours dans le REAA en dehors du SCDF. Du moins c’est ce qu’il faut comprendre dans le préambule du décret, car le texte du décret lui-même est incompréhensible, jésuite, et rédigé dans des termes abscons.
Le Grand Orateur de la GLDF demande aux loges de la GLDF d’intenter une action en justice maçonnique contre leurs membres qui auraient rejoint le Suprême Conseil d’Aquitaine du REAA.
En effet, nous avons appris que depuis 2017 plusieurs membres de la GLDF et d’autres obédiences ont décidé de poursuivre leur parcours du REAA en dehors du SCDF, en créant une alternative à
cette noble institution. Cette alternative s’appelle le Suprême Conseil d’Aquitaine du REAA. Or, cela déplaît profondément aux hiérarques du SCDF (comme on l’a déjà lu sur gadlu.info.). Ils font donc pression sur le Grand Maître de la GLDF pour mettre immédiatement fin à la participation des FF à ce nouveau suprême conseil.
Il est naturel de se poser la question suivante : comment se fait-il que le Grand Maître ait pris un décret fin mai au lieu de soumettre la question au Convent de juin ? Aurait-il peur d’être
désavoué par les députés? Aurait-il fait des promesses imprudentes au suprême conseil de France Le Grand Maître de la GLDF vient donc (un mois avant sa descente de charge !!) de signer un décret (en pièce jointe). Le préambule du Grand Orateur est explicite : il invoque précisément le non respect des engagements des FF de la GLDF qui ont créé le Suprême Conseil d’Aquitaine, au prétexte qu’ils ont failli à leurs serments. Mais on ne voit pas en quoi ils ont failli à leurs serments ! Au contraire, ils respectent en tous points les décrets cités par le Grand Maître. En effet, les décrets du SCDF susvisés sont ceux des 7 novembre 1894 et 26 juillet 1904.Ils ont simplement fixé dans le marbre la totale autonomie, l’indépendance et la souveraineté de la GLDF (voir pièces jointes), et en particulier ils sont muets sur l’obligation d’un F de la GLDF à poursuivre son initiation dans les hauts grades du SCDF. Ils sont donc muets sur l’exclusivité du SCDF sur les hauts grades du REAA.
Les FF de la GLDF, attachés à cette totale souveraineté, seront-ils d’accord lors du convent qui commence le 14 juin 2018 pour la remettre en cause en obéissant aux injonctions du SCDF ?
Cela me rappelle le convent de 2012 quand les couloirs évoquaient l’extension des initiations par la GLDF jusqu’au 33ème degré, coupant ainsi tout lien virtuel avec le SCDF. Le SCDF s’étouffait de
rage alors, et « punit » ceux qui ont colporté ces bruissements !!
Six ans plus tard, revoici le serpent de mer : des FF ont créé une alternative crédible, et plusieurs accords d’amitié et d’inter-visites sont déjà en cours d’élaboration avec d’autres suprêmes conseils.
En conclusion, prenons les choses dans l’ordre :
Sur la forme :
a) Les deux décrets cités par le Grand Maître ne font pas partie des textes réglementaires de la GLDF, car ils ont émis par le Suprême Conseil en 1894 et en 1904. Ils n’ont pas été publiés par la GLDF dans ses textes réglementaires, et ne sont donc pas opposables à ses membres.
b) Ils ne figurent pas dans les documents remis aux nouveaux membres de la GLDF, et ne sont donc à nouveau pas opposables à ces membres.
Le préambule du Grand Orateur indique la participation de membres de la GLDF à une autre association, qui traite de degrés initiatiques qui sont hors du champ de compétence de la GLDF. La GLDF n’a donc pas la légitimité pour prendre parti sur un tel sujet. Les décrets de 1894 et 1904 sont sans équivoque : ils consacrent la totale autonomie, la souveraineté et l’indépendance de la GLDF sur les 3 premiers degrés. En cela, elle n’est pas légitime pour s’intéresser à ce qui passe au-delà, que ce soit au SCDF ou bien ailleurs.
c) Elle demande d’intenter une action en justice contre des FF qui ne respectent pas les serments prononcés. En quoi la participation à une autre association vient-elle en contradiction avec ces serments, qui ne concernent que les 3 premiers degrés du rite ?
Sur le fond :
a) Comment la GLDF peut-elle interdire à ses membres d’adhérer à une autre association, quelle qu’elle soit ? J’ai une pensée émue pour la loi sur les associations de 1901 qui proclame la liberté d’association, bafouée par le présent décret du Grand Maître !
b) Concernant les relations en la GLDF et le SCDF, seul l’article 292 des règlements généraux de la GLDF y fait référence. Il est simplement relatif aux demandes d’occupation des locaux de la GLDF par des ateliers du SCDF. Il n’y est nullement question de restreindre l’accès aux hauts grades du seul suprême conseil de France.
c) Ceci pose la question subséquente d’un membre du SCDF qu’il aurait radié, et qui ne pourrait pas reprendre le parcours du REAA dans une autre juridiction sans quitter la GLDF !
d) Autre question intéressante : quid des membres de la GLDF qui sont rosicruciens, martinistes, etc.. Vont-ils devoir quitter la GLDF ?
Mes FF de la GLDF, et par extension les membres des autres obédiences qui agissent de même, ne vous laissez pas induire en erreur ! La Franc Maçonnerie est un espace de liberté ! « Elle accueille
les hommes bons pour les rendre encore meilleurs ! » (Ken Follett). « Vous ne vous assignerez aucune limite à la recherche de la vérité ». (rituel du REAA). Il faut bien se rendre à l’évidence,
l’exclusivité des juridictions souchées sur les obédiences est un abus de pouvoir au sens du rite et au sens de la loi de 1901.
Le convent de juin réagira-t-il, sera-t-il suffisamment indépendant au point de ne pas accepter ce décret qui signe un retour en arrière de plus de 100 ans concernant l’indépendance de la GLDF ?
Les députés vont-ils ruer dans les brancards et refuser ce décret dévastateur ?
Dans l’attente, Gustave Mesureur doit se retourner dans sa tombe, lui qui a tant fait pour cette souveraineté de la GLDF !
A suivre… SIMPLICIUS





