L’image d’Épinal : le complot permanent
« Francs-Maçons et politiciens : quand la fraternité flirte avec l’opportunisme »
Dès qu’on prononce « Franc-Maçonnerie », les imaginations s’emballent :
- des loges obscures où députés, ministres et hauts fonctionnaires comploteraient pour décider de la couleur des billets de banque, du prix de l’essence et du sort du monde.
Le fantasme est vieux comme l’Ordre : la Loge comme machine invisible du pouvoir. La vérité ? La plupart du temps, des Frères débattent plus volontiers de symbolisme, d’éthique et de morale que de ministères et de budgets.
Mais – car il y a toujours un mais – le réseau existe bel et bien. Et il serait naïf de le nier.
Les politiciens en Loge : de l’égalité… théorique
En théorie, un élu qui entre dans un Temple devient un Frère comme un autre. On pose les « métaux » à la porte, dit-on. En pratique, difficile pour certains de décrocher de leur costume de député ou de maire.
Un rituel d’initiation n’efface ni l’égo, ni la notoriété.
Et puis, soyons honnêtes : même si la Loge n’est pas un club politique, un élu au premier rang, ça en impose toujours un peu. Le profane devenu Frère garde son aura, même sous le tablier.

La fraternité… ou l’art du carnet d’adresses
Non, la Franc-Maçonnerie n’est pas une agence d’intérim pour carrières politiques. Mais il faut reconnaître une évidence :
- Un Frère avocat connaît un Frère magistrat.
- Un Frère artisan connaît un Frère entrepreneur.
- Et un Frère député connaît… eh bien, d’autres députés.
Voilà comment se forme, naturellement, un réseau de confiance. Pas forcément pour « comploter », mais pour s’entraider, se soutenir, se recommander.
Un politicien ne gagne pas d’élections en Loge. Mais il y trouve un climat de connivence, un réservoir de relations qui, tôt ou tard, peuvent être utiles.
Quand le réseau dépasse le symbole
Le discours officiel proclame que la Maçonnerie n’offre aucun avantage profane. Mais la pratique montre que la fraternité crée des réflexes de solidarité.
- Besoin d’un contact ? On connaît toujours « un Frère qui connaît un Frère ».
- Un poste à pourvoir ? La candidature d’un Frère attire une attention particulière.
- Une carrière à relancer ? Le bouche-à-oreille maçonnique n’est pas à négliger.
Est-ce mal ? Pas nécessairement. Après tout, la société entière fonctionne par réseaux, visibles ou invisibles. Mais c’est ici que naît l’ambiguïté : entre la fraternité sincère et l’intérêt bien placé, la frontière est parfois… aussi fine qu’un fil de compas.
La tentation du pouvoir
Certaines obédiences ont parfois flirté avec la politique, que ce soit dans leurs prises de position ou dans les ambitions personnelles de leurs membres. La Maçonnerie prône l’unité, mais elle n’a pas échappé, dans l’Histoire, aux querelles partisanes.
Ironie suprême : une institution qui se veut hors du monde profane se retrouve parfois réplique miniature des divisions profanes.
Et le politicien qui entre en Loge y voit rarement un simple lieu de méditation symbolique. Pour lui, le Temple est aussi une scène, un espace où l’on existe, où l’on se montre, où l’on tisse des liens.
Réseau maçonnique : mythe ou réalité ?
Il faut être clair : la Franc-Maçonnerie n’est pas un gouvernement parallèle. Mais dire que le réseau n’existe pas serait une hypocrisie.
- Les Frères s’aident.
- Les Frères se protègent.
- Les Frères se recommandent.
Et si un politicien est aussi un Frère, alors oui : il bénéficie de cette solidarité élargie. Pas par favoritisme cynique, mais par réflexe fraternel. Comme on dit : « on ne laisse pas tomber un Frère ».
Donc des illusions, des vérités et des clins d’œil
La Franc-Maçonnerie n’est pas un raccourci vers le pouvoir, mais elle n’est pas non plus un désert de connexions. Elle se situe entre les deux : un espace humain où la fraternité crée forcément des liens, parfois utiles, parfois ambigus.
Finalement, la phrase qui résume le mieux le rapport entre Maçons et politiciens pourrait être celle-ci :
« La Maçonnerie n’est pas un club politique. Mais c’est un endroit où les politiciens se sentent rarement seuls. »





Bonjour.
Quand des FF ou SS abordent ce sujet, nous sentons qu’il y a d’office une objection sous-jacente afin de garder le voile très fin de la fraternité et de garder l’entrée propre de la FM. Mais comme le dit ce développement « – car il y a toujours un mais – le réseau existe bel et bien. Et il serait naïf de le nier. » Ce qui tend à dire que tout groupe sacré reste un groupe profane lui aussi. La notion d’universalité reste donc très éloignée de la réalité. Faut-il aussi ne pas connaître la FM historique ni celle qui se pratique encore selon certaines obédiences qui ne se cachent même plus de leur volonté d’influer sur nos politiques. Autre point, « les FF et SS se protègent », mais ils protègent aussi au détriment de la vérité et de leurs engagements, ce qui fait le paradoxe de plus en plus entre le travail attendu des loges, dites indépendantes, et de leur obédience. On se protège de son image quitte à se séparer ou de voir de nombreux membres intègres démissionner. Salutations.