La fraternité maçonnique à Cuba vit un tournant : la Grande Loge de Cuba (GLC) vient d’élire Manuel Valdés comme nouveau Grand Maître, dans un contexte de tensions internes et de pressions externes.
Cette élection intervient alors que la GLC sort d’une crise majeure de réputation et d’ingérence supposée de l’État. Cet article passe en revue les faits, l’enjeu pour la franc-maçonnerie cubaine, et les défis à venir.

1. Contexte, déroulé de l’élection et principaux acteurs
1.1 Déroulé de l’élection
- Le samedi 25 octobre 2025, la Grande Loge de Cuba a annoncé l’élection de Manuel Valdés en tant que Grand Maître.
- Cette session s’est déroulée dans un climat qualifié de « lutte sans précédent » au sein de l’institution.
- Les maçons insistent pour que toutes les loges soient représentées dans l’ouverture de la chambre de la GLC et demandent aux autorités d’avaliser officiellement le résultat.

1.2 Principaux enjeux et acteurs
- Il est rapporté que l’ancien dirigeant, Mayker Filema, aurait tenté de tenir une session sans les loges suspendues après leur vote de destitution.
- En parallèle, des membres dénoncent une surveillance de l’Sécurité de l’État (Cuba) autour du siège et des domiciles de certains frères maçons. Ils craignent une intervention de l’État si les maçons « imposent la démocratie ».
1.3 Une volonté de « deuxième indépendance »
- L’élection de Manuel Valdés est perçue comme un symbole d’émancipation de la franc-maçonnerie cubaine vis-à-vis d’ingérences extérieures à l’institution.
- Les maçons parlent d’un retour à « la normalité statutaire » et attendent la reconnaissance officielle de leur choix.

2. Les racines de la crise : corruption, reconnaissance et contrôle institutionnel
2.1 Le scandale de 2024
La Grande Loge de Cuba avait été fragilisée après un scandale de corruption impliquant l’ancien Grand Maître Mario Urquía Carreño.
Ce scandale a provoqué une crise de crédibilité publique pour la maçonnerie cubaine et mis en lumière l’ingérence du régime dans les affaires internes de la GLC.
2.2 Une division interne amplifiée
- La GLC apparaît aujourd’hui divisée, avec des loges suspendues, des votes de destitution contestés, et de fortes tensions entre les factions.
- Les difficultés à faire reconnaître les décisions internes par les autorités ou à obtenir des garanties d’indépendance soulignent le défi de la gouvernance maçonnique dans un contexte cubain.
2.3 Le rôle de l’État et la reconnaissance
- Les maçons exigent que le résultat de l’élection soit reconnu par les autorités cubaines : un précédent où les décisions de la Chambre maçonnique n’avaient pas été validées est cité.
- Ils craignent que l’État utilise les moyens bureaucratiques ou de surveillance pour fragiliser la nouvelle direction. Le mot « bataille internationale » est évoqué si la reconnaissance fait défaut.
3. Implications et perspectives pour la franc-maçonnerie cubaine
3.1 Pour l’institution et ses membres
- L’élection de Manuel Valdés représente une opportunité de renouvellement et de restauration de l’institution après une période de crise.
- Cependant, la réussite de ce renouveau dépendra de la capacité de la GLC à réunir toutes les loges, à fonctionner de manière transparente et à garantir l’indépendance institutionnelle.
- Les « apprentis » et frères plus expérimentés surveilleront l’application des statuts, le respect démocratique du processus, et la reconnaissance officielle du mandat.
3.2 Pour l’avenir de l’obédience dans le contexte cubain
- Si la reconnaissance officielle est accordée, la GLC pourrait renforcer sa légitimité intérieure et extérieure, renouer avec des valeurs maçonniques de liberté, égalité, fraternité.
- En revanche, un refus de reconnaissance ou une nouvelle intervention de l’État risquerait de fragiliser davantage l’institution, alimenter les divisions, voire exclure certaines loges.
- Le contexte politique cubain, marqué par un contrôle étatique important et une surveillance accrue, impose à la maçonnerie de naviguer avec prudence : maintient-elle son autonomie ? Quel rôle joue-t-elle dans la société cubaine ?
3.3 En lien avec votre lectorat maçonnique
Pour les lecteurs de ce blog, cet événement peut être interprété comme un cas d’étude de la manière dont une obédience maçonnique peut faire face à des défis de gouvernance, de reconnaissance externe, et de renouvellement interne. Il soulève des questions que vous avez souvent explorées : la régularité, la clandestinité, la reconnaissance, et la responsabilité des loges. Ainsi :
- Comment une loge ou une obédience peut-elle préserver son intégrité dans un contexte de pression politique ou institutionnelle ?
- Quels mécanismes internes garantir la transparence, la participation de toutes les loges et l’indépendance réelle ?
- Comment les maçons doivent-ils se positionner face à des interférences extérieures ou à la surveillance étatique ?
L’élection de Manuel Valdés comme Grand Maître de la Grande Loge de Cuba marque un moment charnière pour la maçonnerie cubaine. Entre crise de légitimité, pressions externes et volonté de renouveau, la GLC se trouve à la croisée des chemins. Le succès de cette nouvelle étape reposera largement sur la reconnaissance officielle du mandat, la réunification des loges et, surtout, la capacité de l’obédience à affirmer son autonomie et ses valeurs fondamentales dans un environnement exigeant.
Pour les maçons et les sympathisants de la franc-maçonnerie, tant à Cuba qu’à l’international, cette élection soulève des questions fondamentales sur la gouvernance maçonnique, la liberté de conscience et la relation entre obédience et pouvoir politique.
- Source principale : CiberCuba Noticias — « La masonería cubana elige nuevo Gran Maestro en medio de una profunda crisis institucional », publié le 26 octobre 2025.
- https://fr.cibercuba.com/noticias/2025-10-26-u1-e208574-s27061-nid313609-masoneria-cubana-elige-nuevo-gran-maestro-medio




