Une affaire criminelle sur fond maçonnique et de renseignement
Un couple de l’Oise, Alain et Nancy Maarek, sera jugé devant la cour d’assises de Paris pour meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs.
Derrière ce dossier hors norme, une toile complexe mêlant anciens agents du renseignement, argent, manipulations… et franc-maçonnerie.
Le meurtre du pilote automobile Laurent Pasquali, abattu d’une balle en plein cœur en novembre 2018, a mis au jour un réseau tentaculaire où la loge maçonnique Athanor (affiliée à la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française) occupe une place centrale.

Quand la fraternité dérape : de la loge au crime organisé
L’histoire débute dans la loge Athanor de Neuilly-sur-Seine, temple discret de réflexion et de solidarité.
Mais derrière les symboles et les serments, certains frères auraient transformé la fraternité initiatique en outil d’influence et d’intimidation.

Le couple Maarek, installé à Lamorlaye (Oise), confie son différend financier à Frédéric Vaglio, « vénérable » d’Athanor, se présentant comme ancien agent de la DGSI.
Les époux lui réclament de les aider à récupérer 100 000 euros prêtés au pilote Pasquali.
Deux contrats successifs sont passés entre eux — officiellement pour enquêter sur le patrimoine du pilote.
Mais l’engrenage s’emballe : à l’automne 2018, Laurent Pasquali est exécuté à Levallois-Perret.
Son corps sera découvert un an plus tard, enterré dans un sous-bois en Haute-Loire.
Une loge infiltrée par des ex-agents du renseignement
Selon l’enquête, Daniel Beaulieu, autre membre de la loge Athanor et ancien des services secrets, aurait recruté les hommes chargés « d’intervenir » contre le pilote.
Certains d’entre eux croyaient agir pour l’État, convaincus de servir la DGSE dans une mission sensible.
Les versions divergent :
- Frédéric Vaglio parle d’un cambriolage mal tourné.
- Daniel Beaulieu évoque, lui, un ordre de tuer transmis à une équipe opérationnelle.
L’un des exécutants, Sébastien Leroy, confiera plus tard avoir cru participer à une mission pour « neutraliser une menace pour l’État ».
Ainsi, une structure parallèle s’était formée au sein même de la loge, mêlant espionnage fantasmé, manipulations et dérive criminelle.
De faux espions, une vraie loge : l’affaire Dini comme révélateur
Le meurtre de Pasquali n’est qu’un épisode d’un ensemble d’affaires liées à la loge Athanor.
Tout a commencé avec la tentative d’assassinat de Marie-Hélène Dini, dirigeante d’une société de coaching à Créteil, prise pour une « espionne du Mossad ».
Deux agents de sécurité, persuadés d’agir pour la DGSE, avaient en réalité été manipulés par le réseau Athanor.
Cette enquête a révélé un système criminel structuré autour de la loge, utilisée comme couverture maçonnique pour des opérations illégales : intimidations, manipulations, pressions et, dans le cas de Pasquali, meurtre.
Face à la gravité des faits, la loge Athanor a été dissoute.
Le médecin-biologiste devenu accusé
Derrière cette affaire à la frontière du thriller et du symbolisme maçonnique, Alain Maarek, 64 ans, présente un profil surprenant.
Médecin-biologiste reconnu, il avait créé le premier centre de procréation médicalement assistée de l’Oise à Senlis en 2004.
Il dirige aujourd’hui plusieurs sociétés dans le conseil et la biologie médicale.
Lui et son épouse nient toute implication directe.
Dans un reportage de Sept à Huit sur TF1, Alain Maarek affirmait :
« La mort de Pasquali ne m’arrange pas. Tant qu’il était en vie, je pouvais espérer récupérer mon argent. »
Le couple, comme les vingt autres prévenus de ce dossier, est présumé innocent jusqu’à la décision du tribunal.
Entre initiation et manipulation : la face sombre d’une loge
Pour les observateurs du monde maçonnique, cette affaire illustre la dérive de certains cercles fermés où la fraternité, dévoyée, devient instrument d’influence ou de pouvoir.
Loin des idéaux humanistes de la Franc-Maçonnerie, Athanor — symbole de transformation spirituelle — s’est muée ici en creuset d’illusions et de violences.
Une affaire où les symboles initiatiques se sont pervertis en codes secrets, et où la confiance fraternelle a servi de couverture à des ambitions criminelles.
Un rappel brutal que l’initiation ne protège pas de la corruption morale.
À retenir
- Nom de la loge impliquée : Athanor (affiliée à la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française)
- Faits reprochés : meurtre en bande organisée, association de malfaiteurs
- Victime : Laurent Pasquali, pilote automobile
- Accusés principaux : Alain et Nancy Maarek, couple de Lamorlaye (Oise)
- Particularité : usage de réseaux maçonniques et d’anciens agents secrets dans une affaire criminelle
- État actuel : renvoi devant les assises de Paris – loge Athanor dissoute
Références et sources
- Oise Hebdo, article du 20 octobre 2025, par Aymeric Coupé : « Un couple de l’Oise renvoyé aux assises sur fond de meurtre, impliquant de faux espions mais de vrais francs-maçons »
- Le Figaro, 18 août 2025 – Dossier sur l’affaire Pasquali
- France Culture, enquête radio sur la loge Athanor et les dérives maçonniques
- TF1 – Sept à Huit, reportage de Christophe Dubois (extrait téléphonique avec Alain Maarek)




