
Le site Herodote.net, encyclopédie dédiée à l’Histoire universelle, a mis en ligne un dossier consacré à la « Théorie du Complot«
Parmi les articles, retrouvez :
- l’article La franc-maçonnerie, un Ordre méconnu
- l’entretien avec Daniel Keller, Grand Maître du Grand Orient de France (GODF) : Daniel Keller : « La théorie du complot est née avec la maçonnerie française »
Extrait :
Jean-Pierre Bédéï : comment expliquez-vous que la franc-maçonnerie ait été assimilée à une forme de complotisme ? Est-ce en raison de ses rites, de ses symboles, du culte du secret qui l’entoure ?
Daniel Keller : la théorie du complot est née quasiment avec la maçonnerie française pour plusieurs raisons. D’abord, l’Eglise a condamné la franc-maçonnerie à travers la bulle papale de Clément XII en 1738 qui estimait que cette société faisait l’apologie de l’esprit de libre examen. La condamnation portait aussi sur la culture du secret inhérente à la franc-maçonnerie. Cette caractéristique explique sa relation ambivalente avec le pouvoir. Je rappelle que Louis XV a fait partie de la franc-maçonnerie mais l’a aussi interdite.
Enfin, la franc-maçonnerie sera aussi victime de son succès. Par son origine aristocratique, elle attirera les couches supérieures de la société, puis elle s’ouvrira aux classes nouvelles. La théorie du complot maçonnique se nourrira de tous ces éléments et se forgera dès la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, à ceux qui expliquent que les loges ne détiennent aucun secret, leurs détracteurs diront que ces loges ne sont que le paravent d’arrière-loges tapies dans l’ombre.
Ces théoriciens affirmeront même que dans ces arrière-loges impénétrables, on trouve des Juifs. La théorie du complot judéo-maçonnique sera formalisée dès la fin du XVIIIe siècle. Elle restera inopérante pendant un siècle, avant de reprendre de la vigueur à la fin du XIXe siècle pour être perpétuée au XXe siècle à travers différents épisodes sinistres de l’Histoire.




