La COP30 s’est terminée à Belém (Amazonie) et, comme souvent, le monde a produit ce qu’il sait produire à 194 voix : un texte, des formules, des équilibres, et cette impression tenace que la réalité, elle, n’a signé aucun paragraphe.
Or il y a un détail que l’actualité répète sans relâche : la planète ne négocie pas. Elle n’amende pas. Elle n’“encourage” pas. Elle répond.
LA NATURE, CE VÉNÉRABLE QUI NE PREND PAS LA PAROLE
Dans nos travaux, on sait ce qu’est une règle : elle ne discute pas, elle mesure.
Le climat, c’est pareil. Il ne compose pas avec nos communiqués. Il aligne les faits : canicules, incendies, crues, sécheresses, rendements agricoles, tensions sociales. Et chaque année, on essaye de lui présenter un procès-verbal.
On veut “gagner du temps”, alors qu’en réalité on le perd.

LE CONSENSUS : CETTE VERTU QUI DEVIENT UN ALIBI
Les COP reposent sur une mécanique redoutable : le consensus. Noble en théorie. Paralysant en pratique quand certains intérêts savent qu’il suffit de bloquer un mot pour vider une phrase.
À COP30, des pays ont résisté à l’inscription d’un langage clair sur les énergies fossiles et sur une trajectoire crédible de transition : résultat, le cœur du problème reste contourné, comme si l’on voulait éteindre un incendie en débattant de la couleur du seau.
“MUTIRÃO” : UN TEXTE… QUI NE DIT PAS L’ESSENTIEL
On peut aimer la diplomatie et reconnaître l’effort collectif. Mais quand l’issue laisse le sentiment d’un “accord pour faire des plans” plutôt qu’un cap net, il faut appeler les choses par leur nom : c’est insuffisant.
Et le plus troublant, c’est que même la présidence de la COP admet la limite du processus : l’urgence pousse désormais à chercher des voies parallèles (“action agenda”, coalitions de volontaires), comme si la maison avait besoin de travaux… mais que l’assemblée générale discutait encore de l’ordre du jour.
IL Y A DES LUMIÈRES : MAIS ELLES NE DOIVENT PAS SERVIR DE DÉCOR
Oui, il y a eu des annonces, notamment autour du financement de la protection des forêts tropicales (type “facility” dédiée). C’est positif. Mais attention au piège : décorer le présentable pendant que le structurel patine. Reuters
Car si l’on finance le pansement sans arrêter la lame, on se félicitera… au milieu des dégâts.
CE QUE LA LOGE PEUT DIRE (SANS MORALINE)
Notre symbolique est simple : l’équerre pour redresser, le compas pour donner une mesure, le maillet pour agir.
Alors, billet d’humeur — mais billet de conscience :
- Si la parole n’engage pas, elle endort.
- Si le symbole ne conduit pas à l’effort, il devient un accessoire.
- Si le consensus empêche la vérité, il n’est plus une vertu : il devient un verrou.
On ne demande pas aux États d’être parfaits.
On leur demande d’être cohérents avec le réel.
TROIS COUPS DE MAILLET (TRÈS CONCRETS)
- Nommer clairement : combustibles fossiles, déforestation, intérêts, blocages. Sans poésie pour masquer.
- Faire local : sobriété énergétique, circuits courts, projets de restauration, pression citoyenne utile (pas hystérique).
- Aligner parole et actes : à titre individuel, associatif, municipal — parce que l’exemplarité n’est pas un slogan, c’est une discipline.
La planète ne négocie pas.
Mais elle écoute nos actes. Et elle répond à nos retards.
Billet d’humeur maçonnique de GADLU.INFO




