Les erreurs comme fondement de la vérité
Carl Gustav Jung disait :
« Les erreurs sont, en fin de compte, les fondements de la vérité. Si un homme ne sait pas ce qu’est une chose, c’est déjà un progrès du savoir que de savoir ce qu’elle n’est pas. »
En Maçonnerie, ce principe pourrait presque être gravé au fronton des Temples : l’erreur n’est pas une chute, mais une marche. Et parfois, les illusions des nouveaux candidats sont plus instructives que leurs certitudes.
Une institution « sélective »… mais pas élitiste ?

La Franc-Maçonnerie aime rappeler qu’elle n’accueille pas tout le monde. Par l’initiation, elle se réserve à ceux qui cherchent plus haut que le banal. Sur le papier, il ne s’agit donc pas d’un club mondain.
Le Maçon est censé se distinguer du profane non par ses habits, mais par sa conduite. Ironie de l’histoire : certains découvrent assez vite que porter un tablier ne fait pas de vous un modèle de vertu.
Ce que la Maçonnerie offre (et surtout ce qu’elle n’offre pas)
Contrairement à certaines idées reçues, la Maçonnerie ne distribue ni postes, ni contrats, ni passe-droits. Pas de piston, pas de privilèges — du moins en théorie.
Ce qu’elle promet est d’une autre nature :
- Solidarité : une main tendue, une oreille attentive.
- Amitié fraternelle : avec parfois les petites chamailleries d’une vraie famille.
- Élévation morale : qui dépend, bien sûr, de l’effort personnel.
Bref, elle n’offre rien de concret… mais si vous savez lire entre les lignes, c’est déjà beaucoup.
La solidarité et la vérité : de beaux idéaux à pratiquer
La solidarité
Être solidaire ne signifie pas payer les factures du Frère voisin. Cela peut être aussi simple qu’un sourire, un conseil ou un silence discret. Encore faut-il ne pas confondre solidarité et assistanat.
La vérité
Être Maçon, c’est être « vrai hier, aujourd’hui et demain ». Beau programme, n’est-ce pas ? Mais reconnaissons-le : le Temple n’est pas une usine à saints. L’effort de vérité reste une conquête quotidienne, pas un état permanent.
Les « intrus » : quand la Maçonnerie déçoit
Certains entrent en Loge avec des rêves de carrière, de pouvoir ou de notoriété. Mauvais calcul ! Ceux-là finissent déçus, car la Maçonnerie n’est pas un tremplin politique ni une agence de networking.
La déception est parfois la meilleure initiation : on découvre que la vraie grandeur est intérieure, et non affichée sur une carte de visite.
Libre et de bonnes mœurs : plus qu’une formule
L’exigence d’être « libre et de bonnes mœurs » va bien au-delà de la simple absence d’esclavage ou de casier judiciaire.
Cela suppose une disposition à s’aimer soi-même, respecter son corps, son esprit et son âme, et aimer son futur Frère comme soi-même.
Facile à dire… mais beaucoup plus compliqué à pratiquer.
L’initiation : un engagement à vie
L’initiation n’est pas une soirée costumée. C’est une entrée solennelle dans une fraternité spirituelle. Une fois franchi ce seuil, le Maçon reste « initié » pour toujours — même s’il s’éloigne de sa Loge.
C’est comme le sacerdoce : un engagement in aeternum. Autant dire que ce n’est pas un club qu’on quitte en rendant sa carte.
Liberté, Égalité, Fraternité : idéaux et réalités
L’égalité
Sur le papier, tous sont égaux. Dans la réalité, un pauvre à la porte d’un hôpital reste souvent dehors. L’égalité proclamée est parfois une ironie sociale. Le Maçon est invité à faire de l’égalité une vertu concrète, pas un slogan.
La liberté
Neuf lettres piégées. Au nom de la liberté, on commet parfois les pires crimes. La vraie liberté demande équilibre et responsabilité — pas l’anarchie sous couvert d’idéal.
La fraternité
La fraternité maçonnique se vit en Loge, dans l’Ordre et dans le monde entier. Mais comme dans toute famille, elle connaît ses querelles. La règle est simple : tolérer, pardonner et continuer ensemble.
En définitive ni illusion, ni dogme
La Franc-Maçonnerie n’a pas vocation à convaincre. Chacun se convainc par lui-même.
Tout ce qui est contraire au bon sens, à la logique ou au bien n’est pas Maçonnerie.
Reste alors ce paradoxe délicieux : une institution qui proclame l’égalité mais exige la sélection, qui parle de fraternité mais teste la patience, qui invoque la vérité tout en usant de symboles et de voiles.
C’est peut-être justement là sa grandeur : une école d’ironie spirituelle, où l’on apprend que le sérieux n’exclut pas la lucidité… ni un léger sourire.
Adapté par GADLU.INFO d’un texte Valdemar Sansão – M∴ M∴




