MISCELLANÉES MAÇONNIQUES
par Guy Chassagnard
Chronique 459
1901 – L’indépendance de la GLDF

Un décret du Suprême Conseil de France, signé le 26 juillet 1901 par son grand commandeur, Jean-Marie Raymond (18??-1914), accorde à la Grande Loge de France une indépendance et une souveraineté totales.

Désormais, la juridiction ne gérera que les grades supérieurs – la Grande Loge était devenue autonome en 1895.
Fait important, relaté à l’article 1 du document : « La Grande Loge de France délivrera elle-même la patente écossaise de constitution de tout atelier nouveau du premier au troisième degré. »
Prenant acte de son indépendance, la Grande Loge de France adresse aux « ateliers bleus » une circulaire pour les informer de son nouveau statut :
« À partir de ce jour, la Grande Loge et les loges placées sous sa juridiction cessent de travailler au nom et sous les auspices du Suprême Conseil du Rite écossais ancien accepté.
« Mais notre devoir est de maintenir l’unité de l’Écossisme, de resserrer les liens étroits qui nous unissent aux ateliers supérieurs comme au Suprême Conseil et d’assurer à tous nos frères les avantages et les privilèges de l’Écossisme au regard de la Maçonnerie universelle. »
Le 3 octobre, la Grande Loge de France déclare solennellement que « l’Écossisme en France formant un groupe homogène et indestructible, elle entend rester fraternellement unie au Suprême Conseil de France ».
« Elle secondera celui-ci dans sa tâche réformatrice et compte sur « une égale réciprocité pour assurer par un effort commun la prospérité du Rite écossais ».
Les détracteurs de l’obédience lui reprocheront toujours d’être née d’un Suprême Conseil et de n’avoir jamais su ou voulu s’en libérer.
Guy Chassagnard, franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et dans les textes au fil de quarante années de pratique. Selon son principe : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
© Guy Chassagnard — Auteur de :
- Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2016)
- La Franc-Maçonnerie en Question (Dervy, 2017)
- Les Constitutions d’Anderson (1723) & la Maçonnerie disséquée (1730) (Dervy, 2018)
- La Chronologie de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2019)
- Les Annales de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2019)





Lecture utile, certes… mais à condition de ne pas prendre les proclamations pour des preuves. Une indépendance totale décrétée, c’est une chose mais une souveraineté réellement exercée, c’en est une autre.
Quand, encore aujourd’hui, certains courriers officiels de la Grande Loge de France (GLDF) laissent apparaître, en bas de page, alors même que le Frère destinataire n’appartient pas à la Juridiction, une copie adressée au Très Illustre Frère Alain Q., Grand Secrétaire général du Suprême Conseil de France, nous avons le droit de nous demander où s’arrête l’autonomie et où recommence la tutelle. Bizarre ? Disons : parlant.
Autre point, factuel et têtu : le premier Grand Maître de ladite GLDF issue de la refondation de la fin du XIXᵉ siècle est mais Étienne (Antoine) GUILLEMAUD, élu le 25 février 1895 – OUI, vous avez bien lu 1895 ! –, au moment où se met en place le Conseil fédéral et l’architecture administrative de la nouvelle obédience. )
Et puisque nous parlons d’histoire, soyons cohérents : revendiquer « 1728 » comme naissance univoque sur leur blason, alors que l’obédience actuelle se structure à la fin du XIXᵉ siècle et que le nom “Grande Loge de France” renvoie aussi à des réalités plus anciennes et différentes, c’est entretenir une confusion commode.
Nous pouvons assumer une mémoire, pas fabriquer une généalogie.
À un moment, l’honnêteté historique doit primer : le révisionnisme maçonnique, cela suffit !