MISCELLANÉES MAÇONNIQUES
par Guy Chassagnard
Chronique 445
1894 – La condamnation d’un profane

L’Affaire Dreyfus a, dans les dernières années du XIXe siècle violemment opposé les libéraux aux conservateurs, les républicains aux royalistes, les progressistes aux conformistes ; mais à aucun moment les francs-maçons, en tant que tels, aux profanes.
Certes, quand l’Affaire Dreyfus éclate, Léo Taxil connaît un grand succès public avec ses ouvrages antimaçonniques ; mais quand elle se termine, la séparation des Églises et de l’État est définitivement consommée et la République définitivement établie.
On ne peut donc, en aucune façon, affirmer que les francs-maçons ont été, en groupe social constitué, dreyfusards ou anti-dreyfusards.
D’ailleurs, parmi les principaux protagonistes ou témoins de l’Affaire Dreyfus, on ne relève que le nom d’un seul « frère », savoir celui de Félix Faure, anti-dreyfusard convaincu.
Il est vrai que l’on peut encore, si on le souhaite, remarquer chez les francs-maçons une certaine tendance, prévalant à partir de 1900 –, à récupérer l’Affaire à leur profit, au nom de la défense des libertés et de la nécessité de se dresser contre le cléricalisme ambiant.
Bref, l’Affaire Dreyfus a traversé, quoi qu’on en dise, la société française avec fracas, mais sans jamais se fixer dans une classe sociale, politique ou confessionnelle déterminée.
Fait initial marquant :
Le 22 décembre 1894, traduit en cour martiale pour avoir prétendument livré à l’Allemagne des documents militaires secrets, le capitaine d’artillerie Alfred Dreyfus (1859-1935), d’origine alsacienne et juive, est condamné pour trahison à la dégradation et à la déportation « perpétuelle » à l’île du Diable (Guyane).
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
© Guy Chassagnard — Auteur de :
- Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2016)
- La Franc-Maçonnerie en Question (Dervy, 2017)
- Les Constitutions d’Anderson (1723) & la Maçonnerie disséquée (1730) (Dervy, 2018)
- La Chronologie de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2019)
- Les Annales de la Franc-Maçonnerie (Segnat, 2019)




