Le paradoxe de Salomon désigne un phénomène psychologique dans lequel une personne se montre bien plus sage et rationnelle lorsqu’elle analyse les problèmes d’autrui que lorsqu’elle doit résoudre les siens.
Autrement dit, nous sommes souvent de très bons conseillers… mais de mauvais élèves de nos propres conseils.
Face aux difficultés d’un ami, nous savons peser les options, adopter un regard objectif et proposer des solutions pertinentes.
Cependant, confrontés à un problème similaire dans notre propre vie, notre clairvoyance se trouble : émotions, peurs et impulsivité prennent le dessus, rendant l’analyse plus confuse et moins efficace.

Pourquoi ce mécanisme se produit-il ?
Tout repose sur la distance psychologique. Lorsqu’il s’agit d’aider autrui, nous observons la situation de l’extérieur, sans être heurtés par l’anxiété, la colère ou l’attachement affectif.
Ce recul naturel favorise :
• l’objectivité, car le jugement n’est pas altéré par l’ego ;
• la reconnaissance de nos limites, car rien ne menace directement notre identité ;
• le compromis, que l’on voit comme une solution acceptable et non comme une perte ;
• la prise en compte de différents points de vue, chose plus difficile quand l’émotion domine.
Face à nos propres difficultés, nous passons en mode immersif, « à la première personne ». La charge émotionnelle brouille alors la raison, nous empêchant d’utiliser la sagesse que nous pratiquons pourtant volontiers pour les autres.
Comment dépasser le paradoxe de Salomon ?
Les travaux d’Igor Grossmann ont montré que l’on peut contourner ce biais en créant volontairement une distance mentale :
✔ Parler de soi à la troisième personne —
Au lieu de dire « Que dois-je faire ? », formuler « Que devrait faire [votre prénom] ? » oblige l’esprit à se placer en observateur.
✔ Se considérer comme son propre ami —
Si un proche venait avec ce problème, quel conseil lui donneriez-vous ?
Pourquoi ne pas vous l’appliquer à vous-même ?
✔ Projeter le problème dans le temps —
Comment verrai-je cette situation dans 10 ans ?
En relativisant l’enjeu immédiat, l’émotion recule et le raisonnement s’éclaire.
Ces techniques permettent d’accéder à la même sagesse que nous offrons naturellement aux autres.
Le paradoxe de Salomon en franc-maçonnerie
En franc-maçonnerie, l’expression « paradoxe de Salomon » ne désigne pas une notion rituelle officielle, mais une réflexion symbolique inspirée de la figure du roi Salomon, modèle traditionnel de sagesse.
Le paradoxe naît du contraste entre :
• la grande sagesse attribuée à Salomon, bâtisseur du Temple,
• et ses choix personnels parfois contradictoires, tels qu’ils sont relatés dans l’Écriture.
Bien qu’il incarne la Sagesse au sein de l’Ordre — siège du Vénérable Maître, pilier lumineux de la Loge — Salomon ne parvint pas toujours à appliquer à sa propre vie les principes qu’il enseignait. Ses défaillances, qu’elles concernent l’idolâtrie, l’excès de richesses ou la démesure du pouvoir, illustrent la fragilité humaine malgré la connaissance.
La leçon maçonnique est claire :
Posséder la sagesse ne suffit pas.
Il faut encore savoir l’appliquer à soi-même.
Dès lors, l’apprenti comme le maître sont invités à travailler sans relâche la pierre brute, symbole de l’être imparfait en quête d’amélioration. Car la sagesse n’est pas un état achevé, mais un chemin exigeant — individuel autant que collectif — vers la Lumière.
La véritable SAGESSE, au sens initiatique, est une quête infinie d’élévation et d’équilibre :
• envers les autres,
• envers soi-même,
• et au sein de la nature.
Nul être humain n’en possède la plénitude. Nous ne faisons qu’avancer, perfectibles et persévérants, vers cet idéal qui éclaire la voie maçonnique.
Alexandre Fortes – 33ᵉ Degré
CIM 285969 – ARLS Cícero Veloso n° 4543 – GOB-PI




