À partir d’un extrait de Daniel Béresniak, Rites et symboles de la Franc-Maçonnerie, pp. 4-5.
Le projet initiatique maçonnique vise à former un Homme libre, capable d’agir plutôt que de simplement réagir. L’initiation, qui associe apprentissage et transformation intérieure, invite chacun à créer en lui un espace de conscience autonome, à l’abri des manipulations et des réflexes conditionnés du monde profane.
Dans ce cheminement, les rituels jouent un rôle central. Mais ils sont par nature ambivalents : ils peuvent libérer autant qu’ils peuvent aliéner.
RITUELS : ENTRE LIBÉRATION ET CONDITIONNEMENT
Les rituels maçonniques permettent de prendre distance avec les habitudes profanes, les automatismes mentaux, les conditionnements sociaux. Ils créent un cadre symbolique qui ouvre à l’intériorité et à la réflexion.
Mais ce même cadre peut aussi devenir un moule dans lequel l’individu cherche à se conformer :
- Pour être approuvé.
- Pour être reconnu.
- Pour « faire comme il faut ».
Le rituel devient alors performance plutôt que expérience intérieure. Il ne guide plus : il contraint.
Le rite, à ce moment-là, est remède et poison à la fois : un « pharma-son », selon l’expression de Daniel Béresniak.

L’ART ROYAL : DÉVOILER OU FUir LE RÉEL ?
L’objectif de l’Art Royal est de révéler la réalité dans sa dimension spirituelle et symbolique, d’en montrer la profondeur et l’étrangeté lumineuse.
Mais il peut arriver que le rituel soit utilisé :
- Pour fuir le réel.
- Pour lui substituer une image mythifiée.
- Pour se réfugier dans une névrose mystique ou identitaire.
Lorsque les rituels deviennent intouchables et indiscutables, ils cessent d’être des outils et deviennent des idoles.
Alors peut s’installer une relation dominants-dominés, nourrie par l’instinct de pouvoir, « métal » non déposé parmi les plus lourds.
CRITIQUER POUR MIEUX COMPRENDRE
Philosopher, c’est critiquer la philosophie. De même, maçonner, c’est interroger la Franc-Maçonnerie.
Critiquer ne signifie ni détruire ni mépriser. Critiquer, c’est :
- Examiner.
- Comprendre.
- Comparer.
- Discerner.
Celui qui vit vraiment le rite ne cherche ni à dominer ni à convaincre. Il écoute, éclaire, et éveille.
Dans la cité, il sait dire, lorsque cela est nécessaire : « Le roi est nu. »
Ce sont ces Frères et Sœurs-là dont la société a besoin.
Les rituels ne sont ni bons ni mauvais en eux-mêmes. Ils sont des clefs.
- Emplois avec conscience, ils libèrent.
- Suivis sans réflexion, ils enchaînent.
Le chemin initiatique consiste à se connaître soi-même pour traverser le rite sans s’y perdre, et ainsi devenir capable d’agir librement, dans la loge comme dans le monde.




