Voici un article de Charles Conte, chargé de mission à la « Ligue de l’enseignement« , paru sur le site « MediaPart » en décembre 2010 qui s’intitule « Joyeux Noël Laïque«
Cet article est très intéressant car il nous relate l’histoire de cette journée de Noël et de son lien avec la fête solsticiale d’hiver, le 21 décembre.
Bien entendu la franc-maçonnerie y est mentionnée : « C’est dans le cadre discret de la franc-maçonnerie que la tradition d’une célébration laïque des fêtes semble s’être le mieux conservée. Depuis les Constitutions d’Anderson, texte fondateur publié en 1723, les solstices sont ainsi marqués par des « tenues de Grande Loge » suivies d’un banquet. »
Extrait :
La fête du solstice d’hiver a une longue et passionnante histoire.
Les associations de libres penseurs, qui furent le fer de lance du mouvement laïque au XIX° siècle et au début du XX°, rassemblaient à cette époque quelque trente mille adhérents, dont d’éminentes personnalités telles que Victor Hugo, Marcellin Berthelot ou Anatole France. Parallèlement à leur combat politique elles eurent une importante activité culturelle, qu’a bien mise en lumière Jacqueline Lalouette dans sa grande thèse sur la Libre Pensée (1). Elles établirent notamment un véritable programme de promotion des « Fêtes civiles », largement inspiré des grandes fêtes de la Révolution (2) et qui avait pour objet de laïciser les fêtes saisonnières autrefois christianisées. Le député socialiste Marcel Sembat et le polytechnicien Jean Cotereau furent très actifs en la matière. Il s’agissait pour eux de procéder à une véritable réappropriation de ces manifestations, considérées par eux d’abord comme d’ordre culturel. Leur effort principal a porté sur Noël. Leur argumentaire était simple, vif et radical : Noël est historiquement une fête païenne, elle a été « volée » par les chrétiens, il faut donc la laïciser !
Une fête païenne.
Le mot « Noël » vient, on le sait, du latin natalis, naissance, qui a aussi donné « nativité » et le charmant prénom de Nathalie. La fête de Noël est, historiquement parlant, celle du solstice d’hiver, qui marque le point de départ de la « renaissance du soleil », le 21 décembre, jour le plus court de l’année dans l’hémisphère Nord. Mais la célébration festive de Noël ne se limite pas à cette seule journée. Il faut plutôt parler d’un cycle de Noël : la période qui encadre le solstice était fêtée dans toute l’Europe depuis des millénaires. Les Saturnales romaines couvraient ainsi douze jours, depuis le 25 décembre, jour de la renaissance de Sol Invictus (le soleil invaincu), jusqu’au 6 janvier. On échangeait à cette occasion des cadeaux au cours de banquets nocturnes. Et ces manifestations joyeuses avaient leur équivalent chez les Celtes, les Germains, les Slaves… Quant à la date de naissance de Jésus, le Nouveau Testament n’en dit rien. « Aucun texte ne la précise », nous dit Jean-Louis Beaucarnot (3)… La controverse dura plus d’un siècle : les uns retenant le 18 avril, d’autres le 25 mars, un autre encore le 6 janvier. Ce fut un pape qui, en 354, la fixation d’autorité au 25 décembre, c’est-à-dire le jour, précisément, du solstice d’hiver… Commentant le récit de la nativité par l’évangéliste Luc dans un ouvrage au titre révélateur (4), Eugen Drewermann remarque : « L’imagination populaire a précisément un flair inimitable pour la signification d’une scène ; son commentaire vivant de l’histoire de Noël a, d’une certaine façon, complété sur maints détails la présentation de Luc, très limitée, presque fragmentaire, la rendant ainsi à son tableau d’ensemble originel… La poésie du peuple est le terreau qui porte les récits mythiques et légendaires ».
L’appropriation chrétienne de Noël
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